Gaz de schiste: l'État, partenaire minoritaire

Pauline Marois propose une participation publique dans la filière des gaz de schiste pour s'assurer que la richesse engendrée par l'industrie bénéficie à l'ensemble des citoyens.

Gaz de schiste


(Québec) Pauline Marois s'engage : un gouvernement du Parti québécois (PQ) s'assurerait que la majeure partie de la richesse créée par l'éventuelle exploitation des gaz de schiste bénéficie d'abord et avant tout aux Québécois. Quitte à passer par une prise de participation publique de l'État dans cette filière.
Si l'on voulait résumer la position du PQ sur l'exploitation des hydrocarbures au Québec, on pourrait écrire ceci : «Si nécessaire, mais pas nécessairement.»
Mais comment s'assurer que la richesse engendrée par cette filière controversée, si elle voyait le jour, bénéficie à tous les citoyens et pas seulement à quelques-uns?
Cela peut se faire au moyen des impôts, par les droits sur les permis, par des redevances plus élevées, mais aussi par des prises de participation publique dans certaines entreprises, explique la chef de l'opposition officielle.
Elle veut que Québec soit «capable d'avoir un effet de levier quand il faut prendre des décisions».
Dans cette dernière hypothèse, l'État serait cependant un partenaire minoritaire. Mme Marois ne vise pas la nationalisation.
Elle évoque la Caisse de dépôt et placement du Québec. Elle pourrait redevenir «un outil un peu plus vigoureux» - plus interventionniste, autrement dit.
Devant des militants, la chef péquiste a déjà indiqué que la part de revenus que se réservent certains États du monde tourne autour de 60 % ou de 65 % de la richesse créée. C'est l'objectif que doit poursuivre le Québec, selon elle.
Elle estime que la même part de revenus devrait également provenir d'une éventuelle exploitation du gisement d'hydrocarbures Old Harry dans le golfe du Saint-Laurent.
Pas pour demain
Gaz de schiste et Old Harry... Pauline Marois avance avec précaution. Pèse chacun de ses mots.
«On ne les exploitera que dans des conditions qui sont acceptables», précise-t-elle. Les risques pour la santé devront avoir été levés. Ceux pour l'environnement aussi. Les retombées économiques devront être au rendez-vous. Et les projets, bénéficier du soutien des populations concernées - ce qu'elle appelle «l'acceptabilité sociale».
La quadrature du cercle? Non, dit-elle. «Si ces critères étaient rencontrés, moi, je crois qu'on ne peut pas se priver d'exploiter éventuellement ces ressources.»
Mais, ajoute-t-elle, «si le Québec peut parvenir à l'indépendance énergétique avec les énergies renouvelables, on pourrait décider de les garder en réserve, parce que ce sont des ressources épuisables.»
Elle admet voir d'un meilleur oeil Old Harry que les gaz de schiste. «C'est plus traditionnel comme exploitation. Il faudra cependant travailler avec les gens des Îles-de-la-Madeleine si nous voulons aller vers l'exploitation de ce gisement. Je ne veux pas faire fi de leurs inquiétudes.»
«Créer de la richesse.» Pauline Marois est souvent revenue sur ces mots durant l'entretien de près de deux heures accordé au Soleil.
Il faut «créer de la richesse pour être capable de continuer à s'offrir les programmes sociaux que nous avons choisi de nous offrir, et qui font du Québec une société plus égalitaire en Amérique du Nord. Même si certains coûtent cher, à partir du moment où on a les moyens de les payer et qu'ils permettent d'éloigner la pauvreté, moi, je crois qu'il faut continuer dans ce sens».


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé