«Simple question de procédure», de prétendre le premier ministre Stephen Harper à propos de la décision du président de la Chambre des communes, qui vient de juger le gouvernement conservateur coupable de mépris du Parlement. Coupable de ne pas avoir obtempéré aux ordres de la Chambre qui exigeait de connaître le coût des projets de loi sur le système carcéral et celui de la réduction projetée des impôts des entreprises. Coupable de ne pas avoir expliqué le refus de la ministre de la Coopération internationale, Bev Oda, de retirer une subvention de 7 millions au groupe Kairos.
Certes, les algarades quotidiennes entre politiciens ont mauvaise presse et bien des électeurs pourront accepter l'excuse du premier ministre, qui en réalité fanfaronne pour cacher la gravité des reproches qui lui sont adressés. Cette décision n'est en rien banale. Elle est le rappel à l'ordre ultime, car elle peut conduire à un désaveu du gouvernement et à sa défaite en Chambre.
Le président Peter Milliken, s'il prend apparemment le parti de l'opposition avec ces deux décisions, se porte d'abord à la défense de l'institution qu'est le Parlement comme organe souverain auquel le gouvernement doit se soumettre. La propension des conservateurs à vouloir gouverner sans reddition de comptes, comme si le Parlement n'existait pas, est devenue telle qu'une sévère remontrance s'imposait. D'autant plus qu'il y a quelques mois, le président avait une première fois fustigé de la même façon le gouvernement pour ne pas avoir donné à la Chambre les informations requises sur les prisonniers afghans.
Ces blâmes arrivent à point nommé pour l'opposition qui est à se constituer un dossier noir sur le gouvernement Harper en vue de prochaines élections. L'état d'esprit qui règne tant dans les rangs de l'opposition que dans ceux du gouvernement laisse croire que celui-ci se fera défaire volontiers sur son budget pour profiter d'un contexte économique plutôt favorable. L'opposition ne pouvant nier que l'économie canadienne va plutôt bien voudra justement opposer à l'argument économique le déficit moral d'un gouvernement autoritaire aux comportements éthiques douteux.
Prises une à une, les pièces contenues dans ce dossier noir n'auraient normalement que peu d'impact sur l'opinion publique. Certaines peuvent apparaître comme des peccadilles, tels ces diplômes d'honneur remis à des immigrants par le ministre de l'Immigration, Jason Kenney, avec le sigle du Parti conservateur. D'autres le sont moins, comme les accusations portées par Élections Canada contre quatre dirigeants du Parti conservateur pour manipulations illégales dans le financement de l'élection de 2006.
Additionnées, elles présentent une image négative, opposée à celle qu'avait promis au point de départ Stephen Harper de gouverner autrement que le Parti libéral. Tous ne retiendront pas l'argument, mais c'est le seul dont dispose l'opposition pour illustrer les dangers que représenterait un gouvernement conservateur qui serait majoritaire.
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