Guy Bertrand: avec les Nordiques, «le Oui aurait gagné»

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Lévesque a refusé de mettre en place une équipe de hockey nationale

«Si les Nordiques n’étaient pas partis en 1995, le Oui aurait gagné le référendum.» Me Guy Bertrand y est allé de cette déclaration surprenante lors du lancement du deuxième tome de son essai biographique.


L’avocat et militant pour l’indépendance est convaincu que si les Québécois avaient vu qu’il était possible de conserver les Nordiques à Québec, cela aurait eu un impact direct sur le nombre de votes pour le Oui.


Selon lui, le Parti québécois a commis une erreur de ne pas s’allier à Marcel Aubut et lui, en 1995, lorsqu’il était urgent d’intervenir pour garder l’équipe de hockey professionnelle de Québec.


Me Bertrand ne comprend toujours pas aujourd’hui que le Québec se soit permis de perdre une équipe comme les Nordiques, alors que le gouvernement avait pour objectif de faire un pays.


Il a déclaré au Soleil qu’il allait davantage donner d’informations sur cet évènement dans la troisième partie de son essai biographique. 


Les Nordiques pour représenter le Québec


Dans son deuxième tome biographique, «Pour l’indépendance du Québec, je misais sur le hockey et les Nordiques», MBertrand raconte les différentes interventions qu’il a faites pour que les Nordiques deviennent les représentants du Québec à travers l’Amérique. 


Par des gestes comme apposer la fleur de lys sur les chandails, autoriser l’hymne national exclusivement en français à Québec et mettre fin aux annonces bilingues à la suite d’un but, l’avocat voulait montrer la singularité du Québec à travers la Ligue nationale de hockey (LNH).


Il raconte également sa lutte pour que ces anciens clients comme Michel Goulet et Pierre Lacroix puissent signer des contrats uniquement en français, alors que la langue officielle de la LNH était, et est toujours l’anglais.


Me Bertrand est fier que ses efforts, et ceux de son partenaire Marcel Aubut, aient permis aux Américains de comprendre que le Québec avait une culture à part et qu’il était légitime de l’exprimer par l’entremise d’une équipe de hockey. 


«Notre travail a permis de faire germer cette réflexion chez les Américains comme quoi ils sont un gros éléphant, mais qu’ils peuvent permettre aux autres d’exister», explique-t-il. 


Loin d’épargner le Parti québécois dans ses propos, il critique vigoureusement le gouvernement Lévesque de ne pas avoir donné suite à ses tentatives de créer une équipe nationale du Québec.


«Je blâme beaucoup le Parti québécois de ne pas avoir fait le lobbying pour changer les règles des fédérations internationales de hockey. J’ai donné des exemples concrets avec le rugby et le cas des équipes du Royaume-Uni.»


Admiré dans plusieurs sphères


Politiciens, sportifs, gens d’affaires, des arts et des médias : des personnes de tous les horizons ont défilé devant Bertrand pour lui faire signer son nouveau livre, dimanche.


«Je connais Guy depuis 45 ans, il a été mon premier agent. Il a été très bon pour moi, comme un père», raconte l’ancien Nordique Réal Cloutier, qui n’était pas surpris de voir des gens de tous les milieux pour le lancement du livre. «Guy était partout, autant dans le public et le privé, en passant par le sport. Guy est un monument à Québec.»


Loin de partager les mêmes opinions politiques que Guy Bertrand, le député conservateur Gérard Deltell était tout de même présent au lancement. 


«J’ai couvert les activités de Bertrand pendant 20 ans quand j’étais journaliste. Mais surtout pour un gars de Québec comme moi, qui a idolâtré des joueurs comme Marc Tardif et Réal Cloutier, je suis curieux d’en apprendre plus sur des évènements auxquels Bertrand a participé, voire provoqués», a déclaré le député fédéral de Louis-Saint-Laurent.


Du côté des indépendantistes, l’ex-chef du Bloc québécois, Martine Ouellet, a salué le travail de longue date de Guy Bertrand à la cause de l’indépendance du Québec.


«Il a été mon avocat avant de devenir un ami. Il nous faut des hommes comme Guy Bertrand pour cesser d’être subordonné au Canada».