Hydro-Québec a été complice de l’ancien gouvernement libéral en octroyant à tous les vents des contrats d’approvisionnement en électricité superflus, soupçonne l’analyste en énergie Jean-François Blain. Il presse la Commission d’enquête sur l’octroi et la gestion des contrats publics dans l’industrie de la construction de faire un saut au siège social de la société d’État afin de faire toute la lumière sur les contrats approuvés par le conseil des ministres entre 2003 et 2012.
Surestimant « systémiquement » et « systématiquement » les besoins en électricité du Québec, Hydro-Québec Distribution devra gérer au cours des huit prochaines années des surplus d’approvisionnement bruts de plus de 72 térawattheures (TWh), anticipe M. Blain dans des analyses commandées par l’Union des consommateurs.
« Les besoins réels en électricité se sont avérés de loin inférieurs aux prévisions, sur la base desquelles les appels d’offres [de la société d’État] ont été lancés », fait-il remarquer. « Avant l’application de mesures de gestion des surplus, le portrait brut de la situation, pour les années 2012 à 2020, est que la division Distribution va avoir autour de 72 TWh cumulativement d’énergie livrée en trop par rapport à sa propre évaluation des besoins. »
Les clients québécois d’Hydro-Québec devront régler « dans le pire des scénarios » une facture de quelque 4,5 milliards de dollars, soit « les deux tiers de la valeur de 7,4 milliards de ces approvisionnements excédentaires qui vont se retrouver en coûts échoués ».
La Régie de l’énergie n’ayant pas son mot à dire sur les coûts de production de la société d’État, qui pèsent néanmoins sur la facture des clients, Hydro-Québec pourrait donc faire avaler à ses clients une hausse tarifaire de 5 % annuellement jusqu’en 2020 afin de récupérer la somme considérable de 500 millions de dollars par année.
M. Blain s’explique mal la facture qui sera refilée aux Québécois. « Le risque financier des producteurs privés qui ont gagné un appel d’offres est refilé à l’acquéreur, Hydro-Québec Distribution. Donc, en cas d’erreurs prévisionnelles ou de dépenses irrécupérables, […] le coût est de toute façon refilé en totalité aux clients québécois », rappelle M. Blain.
À ses yeux, les Québécois ont ainsi écopé sans le savoir du « risque financier associé à une réintroduction du secteur privé dans la production de l’électricité au Québec ». « La collectivité se retrouve maintenant avec des parcs éoliens, des petits barrages hydroélectriques, des projets de cogénération », certains d’entre-deux étant de surcroît des « pseudoprojets de communautés locales dissimulées derrière des sociétés en commandite créées par les promoteurs eux-mêmes », dénonce-t-il.
Intérêt politique ?
« Est-ce que c’est une facture strictement politique qui a servi à se payer un tout petit peu de capital politique en saupoudrant des emplois en région sans même que les filières soient développées de façon optimale aux endroits où cela aurait été le plus économiquement performant ? », s’interroge Jean-François Blain, avant de lancer : « C’est probablement cela. »
« Est-ce qu’en plus on apprendra un jour qu’il y avait du financement politique occulte en retour ? » poursuit-il, soulignant toutefois qu’il n’a pas l’expertise pour répondre à cette dernière question. L’analyste en énergie rappelle seulement qu’Hydro-Québec constitue « le plus gros attributeur de contrats au Québec », damant le pion notamment au ministère des Transports dans la course des plus importants donneurs d’ouvrages.
Hydro-Québec Distribution est responsable de l’approvisionnement en électricité des Québécois. « Son approvisionnement en énergie, la composante production de notre facture, est constitué essentiellement du bloc patrimonial (178,9 TWh par année) qui, lui, provient obligatoirement de Hydro-Québec Production. » Hydro-Québec Distribution est quant à elle comblée par le biais de processus d’appels d’offres dont l’issue est fixée par décret ministériel.
D’autre part, appelant à une plus grande transparence des activités d’Hydro-Québec, Jean-François Blain dit trouver étonnant que les Québécois puissent élire les membres siégeant aux conseils d’administration des commissions scolaires, mais pas ceux de la plus grande société d’État.
Hydro-Québec - De l’électricité achetée en pure perte
Complice de l'ancien gouvernement libéral
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