Hydro-Québec: des erreurs de prévision qui coûtent cher

Hydroélectricité - développement et exportation

Centrale au gaz de Bécancour ... (Photothèque Le Soleil)

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Hélène Baril - (Montréal) Hydro-Québec aura des surplus d'électricité sur les bras pendant encore 10 ans. La société d'État prévoit donc continuer de verser d'ici là 150 millions de dollars par année à TransCanada Energy pour maintenir sa centrale de Bécancour à l'arrêt.
Cette facture de près de 2 milliards peut paraître élevée, mais il s'agit de la solution la moins coûteuse pour éliminer une partie des surplus, a plaidé hier André Boulanger, président d'Hydro-Québec Distribution.
C'est la troisième année de suite qu'Hydro est obligée de verser un dédommagement à TransCanada Energy. Même si la situation risque de se répéter d'année en année jusqu'en 2019, André Boulanger ne prévoit pas mettre un terme au contrat avec l'entreprise de Calgary.
Le rachat du contrat ou la revente de l'électricité produite à Bécancour sur les marchés d'exportation sont des solutions encore plus coûteuses, a soutenu le dirigeant d'Hydro.
«Notre préoccupation, c'est de minimiser les coûts», a-t-il dit au cours de la première journée des audiences de la Régie de l'énergie sur l'augmentation de tarifs demandée par Hydro-Québec pour 2010.
Selon lui, il est difficile de prévoir si et quand le Québec aura besoin de la centrale de Bécancour. Les surplus devaient perdurer jusqu'en 2019, prévoit Hydro, mais il y en aura de moins en moins à partir de 2016. «En 2016, ça va s'inverser», a-t-il dit.
Hydro a signé en 2006 un contrat d'une durée de 20 ans avec TransCanada Energy, soit jusqu'en 2026. La centrale au gaz naturel de Bécancour a produit de l'énergie pendant seulement 15 mois, avant qu'Hydro demande l'arrêt de sa production pour cause de surplus, dès 2007.
Avec la récession, la quantité de surplus a considérablement augmenté. Selon Hydro, c'est le contexte économique difficile qui a fait reculer la demande, notamment dans les secteurs des pâtes et papiers et de l'aluminium. Hier, André Boulanger a estimé qu'entre 2008 et 2010, la demande industrielle d'électricité aura diminué de 20%.
Hydro avait toutefois surestimé la demande bien avant le début du ralentissement économique, ce qui inquiète la Régie de l'énergie. «L'ampleur de la révision de la demande sur une aussi courte période est préoccupante», ont noté les régisseurs avant d'approuver la troisième demande de suspension de la production de la centrale de Bécancour.
La Régie demande d'ailleurs à Hydro d'améliorer ses méthodes de prévision, particulièrement du côté des entreprises où la performance de la société d'État est particulièrement mauvaise.
Ce n'est pas TransCanada Energy qui s'en plaindra. L'entreprise reçoit année après année une compensation couvrant ses coûts et les profits qu'elle retirerait si sa centrale produisait de l'électricité pour Hydro-Québec. L'an dernier, TransCanada a encaissé des profits de 1,4 milliard et, après trois trimestres en 2009, son bénéfice net atteint 993 millions.
Hydro-Québec demande une augmentation de ses tarifs de 0,2% à partir du 1er avril 2010. Cette augmentation s'explique en partie par les sommes versées à TransCanada, mais surtout par l'adoption à l'avance de nouvelles règles comptables qui n'entreront en vigueur qu'en 2011.
Sans ce changement comptable qui ajoute 250 millions aux coûts d'Hydro, la facture d'électricité des Québécois aurait pu diminuer de 2,4%, a admis hier André Boulanger. Mais les consommateurs ne sont pas perdants, selon lui. «C'est comme payer plus rapidement l'hypothèque de votre maison», a-t-il illustré.


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