Depuis maintenant plus d'un mois, le journaliste du Devoir Robert Dutrisac nous révèle le cafouillis linguistique généralisé qui existe au sein de l'administration publique québécoise. Après nous avoir appris que le gouvernement du Québec s'adresse aux trois quarts des immigrants en anglais, puis qu'il bafoue la Charte de la langue française en communiquant en anglais avec des entreprises établies au Québec, il nous révèle maintenant que le Québec paie des cours d'anglais aux immigrants. Il est grand temps de sonner la fin de la récréation.
En décembre dernier, le Syndicat de la fonction publique du Québec (SFPQ) tirait la sonnette d'alarme à ce sujet. À l'époque, nous avions saisi la commission Bouchard-Taylor de certaines anomalies que nous étions en mesure de constater. Par exemple, nous mentionnions dans le mémoire qu'il «est plus facile pour un employé de l'État de langue maternelle française d'obtenir les ressources pour perfectionner son anglais que pour une employée ou un employé issu des groupes cibles (allophones, anglophones, autochtones, etc.) d'obtenir des cours de formation pour perfectionner son français».
Nous ajoutions également: «Nous ne nous expliquons pas cette situation qui va tout à fait à l'encontre de l'esprit de la Charte de la langue française, qui fait de la langue française la langue de l'administration publique de l'État québécois. Nous ne pouvons que constater l'absence d'une volonté administrative et politique de reconnaître la nécessité d'assurer le caractère français de la fonction publique québécoise.»
La situation est pire
Force est de constater, à la suite des révélations du Devoir, que la situation est encore pire que nous ne l'avions imaginée. Alors que nous demandions «que les ministères et organismes offrent la formation nécessaire aux membres du personnel ayant des difficultés avec la langue officielle de l'administration publique», nous demandons aujourd'hui au premier ministre lui-même, M. Jean Charest, de réaffirmer que la langue de l'administration publique, c'est le français.
Une refonte de la loi 101 serait peut-être nécessaire, comme le soutient le Parti québécois, mais nous croyons que le premier ministre a déjà la possibilité de donner rapidement un coup de barre pour arrêter cette bilinguisation de l'appareil d'État en envoyant un message clair et ferme à l'ensemble des gestionnaires: la langue de communication de l'État québécois, c'est le français!
Il faut mettre fin aux messages bilingues de plus en plus courants dans l'univers de la fonction publique. Dernièrement, le SFPQ a été renversé de constater que l'accusé de réception que nous avons reçu à la suite de l'envoi d'un mémoire sur la forêt à la Consultation sur le régime forestier était rédigé ainsi: «Nous vous remercions de nous avoir transmis vos commentaires dans le cadre de la consultation sur le nouveau régime forestier. Thank you for sending your comments as part of the consultations on the new forest regime.» C'était signé par le bureau du sous-ministre associé à Forêt Québec.
La fin du «press 9»
Il faut mettre fin au «press 9». Le gouvernement du Québec n'est pas une entreprise privée qui laisse à ses clients le choix de la langue de communication. Un gouvernement représente la volonté générale et, depuis trente ans, celle-ci a signifié qu'au Québec, la langue officielle, c'est le français. Si les Québécois ont accepté de reconnaître que leur gouvernement pouvait communiquer avec la communauté historique anglophone du Québec dans sa langue, ils n'ont jamais donné leur accord à ce que les services de l'administration publique soient présentés comme étant bilingues.
Fini également les gestionnaires de l'État qui, au nom de «l'approche client», exigent des employés de l'État qu'ils transigent quasi systématiquement en anglais avec les citoyens venus d'ailleurs! Dans certains ministères et organismes, particulièrement dans la région montréalaise, accueillir en anglais les personnes qui se présentent au comptoir est devenu monnaie courante. C'est le caractère français de l'administration publique qui en prend pour son rhume. M. Charest, vous êtes le chef de ce gouvernement, il vous appartient d'agir!
***
Lucie Martineau, Présidente générale du Syndicat de la fonction publique du Québec
Le français: la langue de l'administration publique
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé