Il serait fort intéressant d'évaluer le travail des patrons au regard de leur productivité

Tribune libre



Le Journal de Québec publiait récemment les résultats d'un sondage d'opinion démontrant qu'une partie importante de la population entretenait une image plutôt négative des syndicats et de leurs leaders. Évidemment, nous aurions bien apprécié connaître ce qui est à l'origine de cette perception plutôt négative mais il semble que le sondeur n'ait pas cru utile de creuser davantage le sujet...

Dans le cas inverse, peut-être alors aurions-nous eu la réponse classique concernant d'anecdotiques cas d'abus rapportés par les médias ou encore le cliché un peu éculé sur la protection de travailleurs indolents par leurs syndicats locaux. C'est bien beau tout cela mais remarquez que l'on a jamais, comme l'on fait certains médias, pris le temps de suivre en cachette des patrons pour s'interroger sur la qualité et quantité du travail effectué par ces derniers. Qui sait ? Si on le faisait, cela pourrait peut-être nous expliquer l'origine des propos aberrants de Monsieur Lucien Bouchard sur la productivité des Québécois. Allez savoir !

Quoi qu'il en soit, voilà un beau sujet d'étude pour des universitaires ou encore les médias. Il serait, en effet, fort intéressant d'évaluer le travail des patrons au regard de leur productivité. Certains diront que, de par leur droit de gérance, les patrons peuvent faire ce qu'ils veulent. Cela est indiscutable et nous en conviendrons tous. Cependant, il n'est pas futile de se demander pourquoi on s'interroge sur le manque d'ardeur reproché à des travailleurs si celui qui est censé donner le ton, en l'occurrence le patron, s'en fiche comme de l'an quarante ?

Si l'on revient au sondage quelque peu patenté de Léger marketing, il est tout à fait normal dans une société où l'information se consomme comme du fast-food de croire que les syndicats sont un empêchement de tourner en rond. Quand l'idée que l'on s'en fait vient de ragots racontés ça et là par le beau-frère ou même pire : quand notre opinion se forge sur les inepties répercutées par des preachers de radios ou de télés populistes. C'est aussi superficiel et nourrissant pour la pensée collective qu'un gâteau May-West à la pause-café du matin.


Ce que les statistiques nous disent par contre est d'un tout autre ordre. Des études comparatives sérieuses ont effectivement démontré que la productivité n'est à peu près pas affectée par la syndicalisation, ou si peu. Les taux de productivité sont égaux sinon sensiblement supérieure dans un environnement syndiqué. Cela s'explique entre autre, par la logique de croissance productiviste qui anime la plupart des syndicats. De plus, les pays disposant de taux de syndicalisation élevés et de mesures sociales lourdes (tel que l'assurance-santé et l'université d'accès à l'éducation) sont dans le peloton de tête des pays du industrialisés les plus productifs.

Ce qui est moins connu par contre, ce sont les effets néfastes de la productivité. En effet, elle génère de la surproduction, l'abus des ressources et à terme, du chômage de masse. Voilà pourquoi le mot productivité devrait être remplacé par le mot développement. Un concept avec lequel le « beau-frère » est sans doute moins familier...

Y' a pas à dire, même si la vérité était à mi-chemin entre les perceptions et les sciences statistiques, cela vaudrait quand même la peine que l'on prête un minimum d'attention à ces dernières...

Daniel Lévesque

arrondissement Beauport
Québec


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