Norman Delisle - Les gouvernements devront exiger le remboursement d'au moins deux types de dépenses effectuées par l'ancienne lieutenant-gouverneur Lise Thibault, suggère le Vérificateur général du Québec, Renaud Lachance.
«Dans le cas où Mme Thibault recevait une allocation pour couvrir ses frais d'hébergement et qu'elle demandait un remboursement au gouvernement fédéral pour cet hébergement, il est clair que cette somme-là doit être remboursée. Pour ce qui est des dépenses personnelles, je dirais qu'il est clair qu'elles devraient être remboursées», a déclaré mardi M. Lachance à la presse, quelques instants après que son rapport ait été déposé à l'Assemblée nationale.
Mais Mme Thibault prétend, dans un communiqué, que ses dépenses ont été faites dans le respect des pratiques, des règles, des usages et des traditions s'appliquant aux lieutenants-gouverneurs au Canada.
Elle déclare se rendre disponible pour clarifier sa version des faits, mais souhaite que cet examen établisse les comparaisons nécessaires avec les autres lieutenants-gouverneurs au Canada, tout en déplorant au passage que le rapport s'attarde au seul cas du Québec.
Mme Thibault explique également ses coûts plus élevés en transport et en sécurité à sa condition physique particulière. Elle est en effet à mobilité réduite et doit se déplacer en fauteuil roulant.
Pour sa part, le député adéquiste et leader parlementaire de l'opposition officielle, Sébastien Proulx, a réclamé que le Procureur général du Québec se penche sur le dossier et analyse l'opportunité d'en saisir la justice.
Le député Proulx croit aussi pertinent que le ministère du Revenu se penche sur d'éventuels remboursements au fisc pour divers avantages perçus par la titulaire du poste de lieutenant-gouverneur.
Quant au porte-parole de l'opposition péquiste, Sylvain Simard, député de Richelieu, il en a profité pour inviter les Québécois à se pencher sur la pertinence de la fonction de lieutenant-gouverneur au Québec. Tout changement à cette fonction nécessite toutefois des changements constitutionnels qui requièrent l'unanimité des provinces tant que le Québec demeure dans le cadre fédéral, a rappelé M. Simard.
Il voit dans cette fonction de représentant de la Reine d'Angleterre au Québec «un symbole colonial».
«Mme Thibault avait été nommée en 1997 par Jean Chrétien pour faire la propagande fédéraliste au Québec», a-t-il souligné.
À Ottawa, la Vérificatrice générale Sheila Fraser a également blâmé Mme Thibault.
«Puisqu'il s'agit du chef d'État d'une province, on est en droit de s'attendre à ce qu'un lieutenant-gouverneur fasse preuve de prudence dans l'utilisation des fonds publics qui lui sont confiés, a affirmé Mme Fraser. Il est désolant de constater que l'ancien lieutenant-gouverneur du Québec n'a pas comblé cette attente légitime.»
Mme Fraser a aussi démontré que Patrimoine canadien n'a pas fourni de lignes directrices claires à l'ancien lieutenant-gouverneur, lui permettant de distinguer les dépenses personnelles des dépenses à caractère officiel.
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