À trop personnaliser la crise d’orientation, de structure, et d’identité, qui agite le PQ, en questionnant surtout le leadership de Madame Marois, on risque de perdre de vue la question essentielle : le système démocratique québécois et les acteurs organisationnels qui y sont implantés sont-ils en mesure de promouvoir et défendre adéquatement les intérêts de la grande majorité des citoyens ?
Dans l’état actuel de notre système politique, il est loin d’être évident que l’on puisse répondre positivement à cette question. D’abord parce que ce système a été construit sur mesure par une bourgeoisie et une nation dominantes pour marginaliser politiquement à la fois la classe ouvrière et la nation dominée qu’est le Québec (antérieurement le Canada français dans son ensemble). D’autre part parce que les formations politiques qui ne sont pas de simples relais des puissances économiques et qui prétendent servir la population, le PQ et QS entre autres, ont malheureusement et conjointement démontré leur aptitude à générer, depuis plusieurs élections, des défaites politiques prévisibles qui, par leurs conséquences, accentuent la détresse sociale et identitaire des citoyens, en particulier celle de ceux qui sont les plus affectés par les chocs économiques et sociaux.
Il est illusoire de prétendre changer la culture et le système politiques à court terme, c’est pourquoi, d’un point de vue à la fois progressiste et pragmatique, il importe non pas de conforter Mme Marois dans sa dérive autoritaire, mais de tenter d’entrouvrir une porte vers un peu d’avenir et d’espoir, en organisant une coalition des forces d’opposition animée par Gilles Duceppe.
Bien des obstacles se dressent face à une telle opération de salut public, mais si nous ne trouvons pas collectivement une manière d’impulser une nouvelle dynamique sociopolitique, il serait préférable de consacrer nos efforts au lancement d’un grand concours national pour la production d’un texte qui serait retenu pour le discours de défaite et de démission de Madame Marois le soir des prochaines élections, alors que le monde des 1% qui nous domine tentera de dissimuler à la fois son cynisme et sa pathétique jubilation …
Quant au discours de défaite qui serait prononcé par Madame David au nom de QS, il me semble qu’il suffirait de dépoussiérer quelque proclamation du groupe maoïste En Lutte dont elle faisait partie, pour que l’on puisse, dans cette chapelle politique, continuer à se bercer des illusions quant aux « lendemains qui chantent » !
L’Histoire décidera si la nation québécoise saurait reprendre son souffle et ses énergies après une autre défaite appréhendée qui aurait découlé de multiples décisions et actions individuelles et structurelles, mais il me semble que nous méritons mieux que de sombrer collectivement dans la lente agonie d’une sorte d’« Hiver de force » que Réjean Ducharme a sans doute douloureusement imaginé en 1973, indiquant clairement le sens de son propos en citant Edouard Montpetit qui souhaitait « que nous soyons, dans une civilisation qui en partie n’est pas la nôtre, des égaux que l’on respecte » !
Yves Claudé
L'«Hiver de force» : impasse politique ... et agonie nationale ?
il importe non pas de conforter Mme Marois dans sa dérive autoritaire, mais de tenter d’entrouvrir une porte vers un peu d’avenir et d’espoir, en organisant une coalition des forces d’opposition animée par Gilles Duceppe
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3 commentaires
Archives de Vigile Répondre
22 janvier 2012Pouvons-nous pour une fois les indépendantites, cesser notre paranoïa, de voir des complots partout et de toujours mettre la faute sur les autres? On n'est pas toujours blanc comme neige nous aussi et on n'a fait de nombreuses erreurs de jugement dans le passé.
Pouvons-nous faire ce constat de façon lucide et tirer quelques leçons en regardant l'avenir de mannière positive?
Jean-Pierre Bouchard Répondre
21 janvier 2012La politique est une autre façon de faire la guerre en reprenant légèrement une citation.
La preuve, l’offensive de La Presse contre G.Duceppe en l’accusant de détournement de fonds publics d’une valeur cumulative d’un million par l’embauche du directeur général du BQ sans passer par les moyens financiers du parti. Une histoire d’erreur de jugement ou d’une pratique courante dans les partis fédéraux de la part d’assistants, de conseillers, de lieutenants payés confusément par des fonds publics et privés chez les conservateurs comme chez les libéraux. Ces hypocrites par contre jouent aux vierges offensées.
Et le salaire de Charest payé par le PLQ qui s’est nourri d’une caisse électorale essentiellement financée par des entrepreneurs en quête d’un retour d’ascenseur de l’État ce n’est pas plus gravement une atteinte aux fonds publics par tous les coûts en prime réclamés par les entrepreneurs de la construction ? Des centaines de millions et plus en cause.
La difficulté d’établir une alliance entre le PQ et QS devant le salissage de Power Corporation, la combine des grands corporations qui contrôlent les médias pour dominer la scène politique est un acte de lâcheté !
Archives de Vigile Répondre
21 janvier 2012mais de tenter d’entrouvrir une porte vers un peu d’avenir et d’espoir, en organisant une coalition des forces d’opposition animée par Gilles Duceppe.
Duceppe vient de se faire prendre la main dans le sac! Qui avait intérêt à nous sortir cette histoire aujourd'hui? Les pro-Marois pour bloquer son accession à la tête du PQ? Peut-être! Mais aussi Charest qui avait compris qu'il ne ferait de Marois qu'une bouchée si elle restait en poste. Duceppe était le seul homme politique qui pouvait relancer le PQ. Il est maintenant trop tard!
Le PQ va disparaître comme ce fut le cas de l'Union-nationale. Il est sur ses derniers milles. Les indépendantistes n'attendront pas longtemps avant de reprendre le pouvoir. L'agonie de l'Union-nationale fut suivie de l'arrivée du Parti Québécois dans l'espace politique québécois. Les technologies de l'information n'étaient pas très avancées et un certain délai fut nécessaire.
Nous sommes en 2012. L'Option-nationale arrive dans le décor avec un membership solide en moins de deux mois, une moyenne d'âge très basse. Tous ces jeunes hommes et toutes ces jeunes femmes dynamiques utilisent toutes ces nouvelles technologies de l'information.
Aussant sait leurs parler. Il a un discours actuel, rafraîchissant, positif. Il les a réuni une première fois au Théâtre National le 3 décembre dernier. Ils étaient plus de 500 personnes.
Il arrive au PQ ce qui devait arriver... la vie continue!