Il ne peut être reproché au Parti québécois de manquer d’audace à quelques mois des élections et de ne pas provoquer un débat d’idées. En mettant de l’avant un ambitieux plan de transport pour la grande région de Montréal, Jean-François Lisée présente une véritable vision de la mobilité durable profitable à l’ensemble des citoyens plutôt qu’un projet pharaonique comme le REM destiné à une clientèle bien nantie.
Il fallait s’attendre à ce que tous les promoteurs du REM sortent en trombe pour faire blocage aux intentions péquistes, en commençant par le ministre des transports André Fortin, suivis de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, de la Caisse de dépôt et placement du Québec et de la mairesse Valérie Plante. Nous aurions pu nous attendre à un peu plus de réserve de la part de celle qui a proposé l’ajout d’une ligne rose au métro afin de contribuer à mieux desservir l’est de Montréal
Quant à François Legault, il affichait une outrance surfaite pour crier à l’irresponsabilité du chef péquiste qui exposerait l’État à d’éventuelles pénalités pour la mise au rancart du projet REM; il a tout bonnement oublié qu’il serait dans le même dilemme en voulant remettre en question les ententes conclues avec les médecins spécialistes. Nous croyons surtout qu’il regrette de ne pas avoir été plus original en matière de transport et qu’il est amer de se faire damer le pion par les libéraux dans la région de Québec et par le PQ dans la région de Montréal.
D’autre part, environnementalistes et partisans du transport en commun accueillaient avec un certain enthousiasme le plan péquiste qui, pour des coûts comparables au REM, réduirait considérablement le recours à l’automobile et améliorerait la fluidité de la circulation. Pour plusieurs, la proposition apparait comme une contribution significative à l’instauration d’un meilleur environnement pour les générations futures.
Comme il faut s’y attendre en période électorale, les projets présentés par un parti donnent lieu à une vague de spéculations sur ses intentions réelles. C’est ainsi que certains accuseront le PQ de vouloir surtout séduire les citoyens du 450 avec son grand déblocage pendant que le PLQ charme les circonscriptions libérales avec le REM. La stratégie péquiste tranche toutefois avec ses opposants en additionnant semaine après semaine des propositions d’envergure. De leur côté, les libéraux chargent la CAQ sans même défendre leur bilan et les caquistes deviennent de plus en plus insipides pour mieux cacher les ressemblances avec le PLQ.
Un tel foisonnement d’idées n’est pas surprenant avec Jean-François Lisée qui s’est fait plus d’une fois reprocher d’en avoir trop et de les étaler sans y avoir réfléchi. Il se distingue cependant de ces prédécesseurs qui faisaient preuve de mutisme en précampagne électorale, de crainte de se faire voler leurs bonnes idées par les formations adverses. Le PQ et son chef ont le mérite de présenter une vision structurante pour le Québec dans divers domaines et de relever le débat. Il n’est cependant pas sûr que les adversaires suivront sur ce terrain et qu’ils ne s’enfermeront pas dans des slogans creux pour demeurer au niveau des impressions plutôt que de faire appel à la raison des électeurs!