En octobre 2009 je publie un article sur le PIB, statuant qu’il nous rend aveugles, nous trompe en ne nous envoyant pas les signaux. Ce qui nous conduit évidemment à commettre des erreurs et à prendre des mauvaises décisions (http://www.vigile.net/Le-PIB-cause-d-aveuglement).
Je justifiais mon constant en présentant plusieurs de ces limites, dont l’exclusion de valeur créée par le travail domestique.
Une étude récente d’INSEE (http://tinyurl.com/c2bga73 ) évalue "le travail domestique (TD) (définie comme le temps des ménages alloué à leurs enfants, à leurs parents, les activités citoyennes, les services liés au fait de bénéficier de l’air pur, d’une belle forêt, d’une mer riche en poissons ou d’un climat clément) en France, à 60 milliards d’heures en 2010. Ce qui fait 160 % du volume national d’heures de travail rémunéré ! Quant à l’évaluation monétaire, elle aboutit au chiffre de 33 % du PIB comme valeur estimée ou « imputée de ce travail".
Quelques observations :
1) La contribution du TD est significative, le PIB est sous-estimé de façon importante. Il pourrait indiquer une décroissance alors que nous sommes en croissance! Et vice et versa;
2) Comment expliquer que le TD représente 160% des heures, mais seulement 33% du PIB?
Jean Gadrey, dans son article de ce matin (http://alternatives-economiques.fr/blogs/gadrey/2012/11/28/le-travail-domestique-33-du-pib-pour-160-du-travail-remunere/) explique :
a) "Les évaluateurs utilisent le plus bas salaire possible, pour valoriser , si je puis dire, les tâches domestiques, dans leur grande diversité, entre ménage, courses et soins aux proches, éducation des enfants et j’en passe : UN TRAVAIL INCROYABLEMENT POLYVALENT ET D’UNE UTILITÉ SOCIALE DÉCISIVE ".
b) "La convention comptable utilisée pour estimer la TD assimile plus ou moins l’ensemble du travail domestique au travail d’une femme de ménage ou aux travaux les moins payés. C’est d’autant plus stupide que les résultats de l’enquête montrent que le ménage ne représente que 26 % du temps total de TD";
c) "On compare le TD à des services payants (pensons aux effectifs considérables des aides à domicile aux personnes âgées, aux soins à la petite enfance, etc.) dont ce marché fonctionne sur une dévalorisation du travail de ces métiers à 95 % féminins, avec des conventions collectives insatisfaisantes, avec peu de pouvoir syndical, etc."
Conclusions :
D’après vous, pour qu’une société aille bien aujourd’hui et à l’avenir, qu’est-ce qui a le plus de « valeur » (non économique) à vos yeux : les activités des parents s’occupant de leurs enfants ou de leurs propres parents, ou le boulot d’un courtier en valeur mobilière payé 10 fois que le aides à domicile aux personnes âgées, aux soins à la petite enfance, etc.?
Michel Aubin
Cultivateur
Twitter: bLA maubin1
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2 commentaires
Serge Jean Répondre
29 novembre 2012Le travail domestique est la fondation même, d'une civilisation, et comme vous l'écrivez, le plus dévalorisé.
C'est le plus beau et vénérable vaisseau à mener à bon port, pour qui en saisit véritablement tout le sens.
Les enfants ont voyagés dans les garderies; pour les « sociabiliser » lit-on dans le sottisier des spécialistes et aujourd'hui, ils reviennent à petit salaire de misère, aider les anciens à partir; ceux-là, qui avaient pris le temps de les aimer un peu, leurs petits-enfants sans rien attendre d'eux.
Ceux-là encore, que la « modernité » est venue comme une faucheuse, arborant le mât de cocagne, pour prendre leurs enfants qui réaliseront tristement très tard, qu'on ne peut pas aimer ses enfants à la course.
Les enfants de la « modernité » pleurent et grelottent de manque d'amour sur le perron de la nation; ils attendent les gens en charge de les héberger; les parents, fatigués d'avoir tout donné à la faucheuse qui dévore le monde.
Tous travaillent pour la faucheuse, mais la faucheuse ne récolte rien des semences dormantes qui veillent le retour du printemps du nouveau monde; la récolte secrète de la nation pour sa libération.
Jean
Archives de Vigile Répondre
29 novembre 2012Je suis entièrement d'accord avec vous monsieur Aubin,
Comme grands parents,nous allons régulièrement garder
nos petits enfants pendant que leurs parents travaillent.
Nous les aidons financièrement et nous leur remontons
le moral lorsque surviennent des difficultés inattendues.
Nous sommes sûrs que beaucoup de parents et grands-parents
font comme nous, autrement, la vie n'est pas vivable.
Je pense également à l'économie de troc qui se répand
rapidement aux États Unis et dans les pays d'Amérique
latine. Ce ne sont pas les économistes qui inventent
ce qu'il faut faire pour vivre mais des gens ordinaires
comme ceux qu'on rencontre tous les jours et qui vivent
en rapport avec la réalité, non sur les tables des
statistiques.
Un changement de mentalité s'impose.
Salutations cordiales.
JRMS