Lancement d'un vaste programme d'aide à l'emploi

La carotte avant le bâton

Le Pacte pour l'emploi

Québec -- Le premier ministre Jean Charest a lancé, hier, un ambitieux programme -- le Pacte pour l'emploi -- destiné à donner du travail aux assistés sociaux, aux immigrants et aux personnes handicapées ainsi qu'à soutenir les entreprises qui souhaitent aider leurs employés à parfaire leur formation. Au lieu du bâton, le gouvernement usera de la carotte.

Le gouvernement Charest consentira au cours des trois prochaines années 450 millions à ce Pacte pour l'emploi, ou 548 millions si on tient compte des sommes déjà comprises dans la Stratégie pour l'innovation dévoilée l'automne dernier, à quoi s'ajoutent 440 millions que les entreprises investiront de leur côté pour améliorer la formation de leur main-d'oeuvre.
Ce Pacte pour l'emploi est le secret le mieux gardé du dernier budget de Monique Jérôme-Forget; il a été habilement camouflé dans les données budgétaires afin que le premier ministre ait quelque chose de substantiel à annoncer par la suite. Une bonne part des coûts du programme vient d'une diminution des dépenses prévues d'aide sociale, soit 73 millions, selon les documents des crédits.
Mesures incitatives
Grâce à une série de mesures incitatives, le gouvernement veut réduire de 50 000 le nombre d'assistés sociaux en trois ans alors qu'au cours des trois dernières années, la vigueur de l'emploi avait permis de réduire ce nombre de 40 000. On veut également soutenir 52 000 personnes de plus dans leur démarche d'insertion dans le marché du travail, former 250 000 travailleurs et faire en sorte que 4800 entreprises de plus investissent dans le développement des compétences de leur main-d'oeuvre. D'ici 2011, 700 000 postes devront être comblés alors que le Québec compte à l'heure actuelle 400 000 chômeurs et assistés sociaux aptes au travail.
Ce n'est pas par compassion que le gouvernement opte pour des mesures incitatives. «L'expérience nous apprend que c'est des mesures comme celles qu'on annonce aujourd'hui [hier] qui ont le plus d'effet», a souligné Jean Charest, qui a cité l'exemple du programme Prime au travail. «C'est ce qui marche», estime M. Charest, qui a rappelé son expérience comme ministre fédéral de l'Emploi et de l'Immigration il y a 20 ans.
Bien reçu
Des dirigeants des centrales syndicales, dont la présidente de la CSN, Claudette Carbonneau, ainsi que des porte-parole patronaux et des représentants du milieu de l'«employabilité», accompagnaient le premier ministre et le ministre de l'Emploi et de la Solidarité sociale, Sam Hamad, lors d'une interminable conférence de presse-spectacle. «Si je suis là aujourd'hui, c'est grâce à vous», a déclaré M. Hamad en s'adressant à son chef. Selon le ministre, ce nouveau programme, c'est un projet de société. «Nous ne voulons plus être le champion de l'aide sociale au Canada», a-t-il signalé.
De son côté, Claudette Carbonneau n'avait que des bons mots à dire sur le Pacte pour l'emploi. Selon la présidente de la CSN, il est «impérieux de faire le virage vers la formation professionnelle». Elle a salué le fait que le gouvernement, avec ces mesures volontaires qui s'inspirent de pays comme le Danemark, «mise sur l'intelligence des gens».
Le Pacte pour l'emploi bonifie l'aide financière accordée aux assistés sociaux qui participent à des programmes de formation ou des projets de préparation à l'emploi. Cette allocation est haussée de 50 % pour atteindre près de 200 $ par mois.
En outre, les prestataires d'aide sociale de longue durée (36 mois et plus) auront droit, s'ils se trouvent un emploi, à un supplément à la Prime au travail actuelle, soit 200 $ par mois pendant un an. Ainsi, alors qu'un assisté social reçoit 7300 $ par an, le travailleur qui touche le salaire minimum encaissera un peu plus de 17 000 $. Jean Charest a souligné qu'«il y a une affaire qui change aujourd'hui»: grâce à ces suppléments, la personne qui travaille au salaire minimum gagnera bien davantage que le prestataire d'aide sociale. Il s'agit donc de subventionner les bas salariés. «Débarrassons-nous du mythe qu'il y a du monde qui veut gagner 7000 $ par année», a fait valoir M. Charest. «Connaissez-vous quelqu'un qui gagne 7000 $ par année et qui est content de ça?»
Dans la même foulée, M. Charest a annoncé que le salaire minimum passera de 8 $ à 8,50 $, une augmentation de 6,25 %, à compter du 1er mai prochain, la plus importante hausse depuis 1975.
Plus du tiers des sommes annoncées par le gouvernement, soit 219 millions, contribuera à la productivité des entreprises, souvent sous forme de crédits d'impôt pour la formation de la main-d'oeuvre.


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