La crise d'adolescence de l'électorat québécois

Tribune libre

La fulgurante montée du NPD au Québec me laisse perplexe. Non pas parce que ce parti était 3e au Canada et quasi inexistant au Québec, hormis dans Outremont, il y a quelques semaines; mais bien davantage parce que les appuis au NPD transcendent les lignes « partisanes » traditionnelles. Le NPD allant même chercher l’appui de nationaliste et de souverainiste qui sont généralement acquis au Bloc. De quoi mettre n’importe qui dans un état d’incrédulité sur le résultat des élections du 2 mai.
Cette vague est assimilée par plusieurs commentateurs à l’ascension de l’ADQ en 2007. Ils n’ont pas totalement tort. Plus particulièrement parce que ces deux vagues reposent presque exclusivement sur l’image d’un chef, alors que la plupart des candidats n’étaient destinés qu’à être des « poteaux » et non une alternative sérieuse au début de la campagne.
L’ascension du NPD, tout comme celle de l’ADQ en 2007, est souvent expliquée par le rejet des vieux partis par les électeurs et le goût de changement. Ce n’est pas faux. Toutefois, si l’on pousse l’analyse un peu, on s’aperçoit que ce comportement est typique des sociétés en transition, surtout dans le cadre d’une transition démographique comme le Québec connaît actuellement. Les jeunes et nouveaux électeurs veulent influencer les choses. Non seulement sont-ils jeunes, mais aussi progressiste et, à l’instar de la génération précédente, veulent laisser leur marque sur la société. De toute évidence, ce n’est pas avec les valeurs traditionnelles du Parti conservateur qu’ils y parviendront, non plus avec le Parti libéral qui, sans parler des commandites, est usé après ses longues années au pouvoir et n’arrive plus à susciter ce qui fait la force du NPD : le rêve.
En effet, c’est parce que le NPD arrive à susciter le rêve d’un avenir meilleur et d’un changement durable que les jeunes électeurs lui accordent plus facilement leur confiance. Autrement dit, c’est parce que le NPD incarne un projet de société qui plaît aux jeunes que ceux-ci votent pour lui. Comme je le disais, c’est ce qui fait défaut aux autres partis qui ne font que déterrer de vieilles idées, mais surtout de vieilles manières de faire de la politique et qui n’ont rien accompli de significatif malgré toutes leurs années au pouvoir. Quant au Bloc, malgré tout son bon vouloir, il n’incarne pas non plus ce projet de société; n’étant en mesure de réaliser celui qu’il propose (la souveraineté) que par son aide militant au Parti québécois.
La percée du NPD, tout comme celle de l’ADQ en 2007, pourrait aussi être symptomatique d’un désir de changement au sein de la population et particulièrement chez les jeunes. J’ajouterai toutefois que ce pourrait aussi être un symptôme d’une société qui se cherche, c’est-à-dire en manque de repères nationaux aptes à représenter les valeurs et la culture nationale; un peu à l’instar d’un adolescent qui cherche sa voie et son identité. La société québécoise serait-elle donc revenue au stade de l’adolescence profonde après être passée si près de la majorité en 1995?
Si c’est le cas, à qui est la faute? Au refus de l’indépendance, à la transition démographique, à l’abnégation du « nous » au profit du « moi » ou au traitement infantilisant des fédéraux à l’égard du Québec? Je n’en sais rien, mais je constate que le comportement électoral des Québécois ressemble étrangement au comportement d’un adolescent en pleine crise de la puberté. Troublant!
Une chose est certaine, si les électeurs se cherchent, c’est qu’ils n’ont pas trouvé leur voie. La foudroyante montée du NPD pourrait bien n’être qu’éphémère tout comme l’a été celle de l’ADQ en 2007. Peut-être, à l’instar d’un adolescent, que les jeunes électeurs d’aujourd’hui ont besoin de vivre leurs propres expériences et de faire leurs propres erreurs, comme l’on fait leurs parents, afin de trouver par eux-mêmes la voie qui leur sied le mieux. Certains s’égareront, mais la majorité retrouvera son chemin. Cette élection n’est donc pas trop inquiétante. La prochaine, par contre, sera cruciale et c’est notre responsabilité de les amener à choisir une voie différente de deux dernières générations. Ils ont choisi le fédéralisme, on connaît aujourd’hui le résultat. Choisissons donc l’indépendance et voyons où ça nous mène; cette voie est encore inexplorée!

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Marc-André Pharand12 articles

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Étudiant en
Affaires publiques et Relations internationales à l'Université Laval,
Blogueur, Militant politique. Combat l'entêtement idéologique !

Québec





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2 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    4 mai 2011

    si le NPD a pu faire miroiter à l'électorat un avenir radieux, la déception de voir Harper majoritaire, lundi dernier n'en sera que plus douloureusement ressenti par notre peuple qui espérait tendre la main vers le Canada et qui s'est vu craché à la figure une fin de non-recevoir.
    Vive la montée du NPD! Vive la désillusion du fédéralisme! Vive les 41e et ultimes élections fédérales!

  • Archives de Vigile Répondre

    4 mai 2011

    "la plupart des candidats n'étaient destinés qu'à être des poteaux..."
    En effet, si Layton avait cru un seul instant que sa candidate de Berthier-Maskinongé allait l'emporter, jamais il n'aurait accepté qu'elle se présente dans ce comté très pure-laine sans pouvoir s'exprimer en francais. Layton s'est fait déculoté parce qu'elle a été élue et c'est parce qu'elle a été élue qu'on sait maintenant qu'elle ne parle pas francais. Sinon, on aurait jamais rien su de tout cette mascarade. C'est ca Layton: l'apparence mais rien dans le fond. Les gens de ce comté aimeraient sûrement pouvoir porter la burqa afin de cacher leur honte. Incroyable!