La fiscalité néolibérale

La démythification de Milton Friedman (4-B)

Économistes atterrés

Milton Friedman montrait une prédilection marquée pour les gouvernements hachés fin. À ses yeux, leurs interventions dans les affaires économiques étaient, plus souvent qu'autrement, soit inutiles et néfastes soit nuisibles et néfastes. Si un gouvernement s'avise de faire quelque chose d'utile, alors il ne fait que prendre la place d'une entreprise privée qui se serait sans aucun doute éventuellement chargée d'accomplir ce quelque chose. Autrement dit, il n'y a que dans les choses parfaitement inutiles que les pouvoirs publics peuvent intervenir sans par le fait même empiéter sur les platebandes du secteur privé. Mais, utiles ou non, les initiatives gouvernementales constituent toujours une néfaste atteinte à la liberté, en plus d'être une source potentielle d'inflation.
Et, cela est un fait autant lorsque les pouvoirs publics prennent à leur charge une activité spécifique ou lorsqu'ils se mêlent de vouloir moduler le déroulement du cycle économique. La sorcellerie keynésienne ne fait en réalité qu'accentuer les tendances dans un sens ou dans l'autre. Dans la mesure, en effet, où il est virtuellement impossible d'attacher un calendrier au mouvement du cycle, les plans de stimulation économique sont généralement lancés alors que la reprise est bien enclenchée. Ils deviennent ainsi une source de perturbation exogène du cycle qui dérègle le mécanisme autorégulateur des marchés. Évidemment, les gouvernements ont rarement le courage politique de mettre fin à leurs dépenses une fois l'économie repartie en mode croissance, ce qui donne trop souvent lieu à des poussées inflationnistes. Or, nous sommes condamnés à faire les frais de l'incompétence keynésienne depuis l'époque du New Deal. Et, le plus triste de l'affaire, c'est que les keynésiens s'agrippent désespérément au pouvoir depuis.
Si Friedman est rarement à court de mots pour s'en prendre au New Deal, il se fait éminemment plus discret concernant la décennie qui a précédé l'arrivée de Roosevelt (Franklin D.) à Washington. Comme il serait étonnant que les politiques du New Deal aient été issues du néant, il y aurait probablement utilité à jeter un coup d'oeil sur les «Golden Twenties». Cet examen montrera que cette ère de «prospérité éternelle» s'est déroulée au diapason du laissez-faire et qu'elle a permis aux failles du capitalisme de faire leur oeuvre jusqu'à son aboutissement ultime, la Grande Dépression.
Là, lasse, voire révoltée, de l'inertie idéologique du gouvernement Hoover (Herbert), la population américaine a porté Roosevelt et ses New Dealers au pouvoir, espérant un changement pour le mieux. Pendant plus d'une décennie par la suite, la nouvelle administration s'appliquera donc à relancer l'économie et à rééquilibrer la société américaine. Son succès au plan économique sera moins qu'optimal, mais des millions de chômeurs seront tirés de la misère à la quelle les condamnait l'inaction du gouvernement Hoover. Mieux équilibré, le capitalisme américain connaîtra par la suite plusieurs décennies de prospérité réelle.
Mais, la mémoire est malheureusement une faculté qui oublie. En 1962, dans Capitalisme et liberté, Milton Friedman sonnera la charge contre le New Deal et son héritage. Graduellement, il y aura retour au laissez-faire. Et, oui, l'Amérique eut encore une fois droit à une ère de «prospérité éternelle». Et, une fois de plus, cette belle éternité ne dura que ce que dure les roses...
En 2008-09, l'économie s'effondra, laissant derrière des millions de chômeurs. Comme à l'aube des années 1930, il y en eut pour raconter que les marchés pourraient fort bien replacer les choses. Mais, il est vite devenu évident, une fois de plus, que les gouvernement devraient être de la partie. Réplique du passé, la population fera de nouveau appel à une administration démocrate pour s'occuper de la relance. Élue, l'équipe Obama (Barack) réorientera la stratégie du gouvernement fédéral. A-t-elle été à la hauteur de l'administration Roosevelt? Pas vraiment. Mais, il n'en demeure pas moins qu'une évaluation peut désormais être faite des mérites respectifs des politiques néolibérales et des politiques keynésiennes. C'est ce que nous ferons ci-après, fort brièvement.
L'autorégulateur déréglé
Les Américains avaient d'excellentes raisons d'entreprendre les années 1920 dans l'enthousiasme. La première Guerre mondiale venait de prendre fin et leur pays avait contribué à faire la différence entre les gagnants et les perdants. Il devenait également manifeste que les États-Unis étaient en voie de succéder à l'Angleterre au titre de superpuissance dominante de l'économie mondiale. Le pays était en effet le foyer d'innovations technologiques quasi révolutionnaires. L'électricité avait remplacé la chandelle. Le cheval était contraint de céder sa place à l'automobile. Les réfrigérateurs obligeaient les marchands de glace à envisager la possibilité de se recycler. Les ondes de la radio livraient le jazz et le rythme des «big bands» dans la plupart des chaumières de la nation. Et, le cinéma parlant faisait le bonheur de la jeunesse frivole de l'époque. Évidemment, ce cliché des «Golden Twenties» demeurerait grossièrement incomplet sans un rappel des «speakeasies« de la prohibition, des 60 coups de circuit de Babe Ruth, des robes moulantes du charleston et de la spectaculaire traversée de l'Atlantique de Lindbergh.
À Washington, le président Coolidge (Calvin) en faisait le moins possible. Il se plaisait en fait à répéter que «the business of America is business». Et, il gouvernait conformément à ses principes. Pour lui, un bon gouvernement se contentait de mater les syndicats, de réprimer le crime (du moins certains crimes) et de voir à l'exécution des contrats. En 1928, il fut remplacé par un autre républicain, Herbert Hoover. Bien que ce dernier fût lui aussi un partisan convaincu du laissez-faire, les manuels d'histoire rapportent généralement qu'il se montrait contrarié par les excès des milieux financiers. On dit qu'il désapprouvait particulièrement les débordements de Wall Street. Si tel était le cas, il se gardait bien d'y changer quoique ce soit.
À l'époque, la spéculation était pratiquement devenue l'activité principale de la belle, comme de la moins belle, société. Au milieu de la décennie, une vague d'euphorie avait envoyé les valeurs immobilières de la Floride vers des sommets jamais explorés jusque-là. Des marécages étaient vendus à gros prix, sans même que les intéressés ne visitent les lieux. Des lots auraient en fait changé de mains plus d'une douzaine de fois en une seule journée. Évidemment, l'aventure se termina dans le désastre, laissant derrière elle des pertes se chiffrant dans les milliards $US. Au total, cependant, la déconfiture demeura plus ou moins circonscrite aux frontières de la Floride.
Heureusement, Wall Street ne demandait qu'à prendre la relève. Et, il y en avait de la prospérité dans le Bas-Manhattan à cette époque. Entre 1885 et 1930, la productivité moyenne du travailleur américain doublera. Évidemment, cela ne manquera pas de gonfler les profits. Et, les indices boursiers suivirent à la hausse, montrant un gain de 500 % entre 1923 et 1929. Mais, les gains de productivité n'étaient pas la seule bougie d'allumage des indices. En 1923, le Secrétaire au Trésor, Andrew Mellon, un des hommes les plus riches d'Amérique, avait soumis au Congrès un plan de diminution des impôts connu sous le nom de Plan Mellon. Brièvement, le projet de Mellon visait à réduire les impôts des contribuables les plus riches dans une proportion variant entre 25 % et 50 %. Les moins fortunés eurent également droit à la mansuétude du Secrétaire, quoique de façon beaucoup plus contrôlée. Leurs économies d'impôt oscillaient entre 3 % et 4 %. Dans la mesure où Mellon bénéficiait de son propre plan à la hauteur de 800 000 $US, ce n'était pas sans justification qu'on l'avait nommé Plan Mellon. Le secrétaire attribuait en outre beaucoup de valeur à la famille. Son frère était avantagé pour environ 600 000 $US. Cet argent se retrouva évidemment en bonne partie à Wall Street, où l'on fabriquait les millionnaires à la chaîne à cette époque.
En 1928, la spéculation avait en effet atteint le stade de la frénésie, là-bas. Chaque jour, un nouveau «trust» était lancé sur le marché. Inscrits à la cote, leur seule activité était de spéculer sur les valeurs boursières. Et, les transactions étaient bien sûr pour la plupart assises sur le crédit. Le délire était tel qu'on finit par constituer des «trusts» de «trusts». Ces derniers se livraient exclusivement à la spéculation sur les actions des «trusts» cotés en Bourse. Les banques commerciales, elles, ne demandaient pas mieux que d'alimenter le système en crédit, avec des fonds obtenus de la Réserve fédérale. Les sociétés industrielles, ne voulant pas être en reste, utilisaient leur fonds de roulement à la spéculation. Dans les pages financières, il se passait rarement une journée sans qu'un expert ne vienne expliquer que l'Amérique était passée dans une «ère de prospérité éternelle» et qu'elle était en voie de gagner «son combat final contre la pauvreté». À Washington, Hoover promettait «un poulet dans chaque chaudron et deux automobiles dans chaque garage»
Malheureusement, toute cette belle prospérité n'était à la limite qu'un misérable château de cartes. Deux industries seulement supportaient en réalité l'économie réelle, le secteur automobile et la construction. Le charbon, les chemins de fer et le textile faisaient à peine mieux que se maintenir, voire moins bien. Dans les faits, le chômage atteignait les 10 %. Et, la richesse était dangereusement mal répartie. Environ 70 % des ménages gagnaient moins de 2 500 $US annuellement et 42 % des ménages, moins de 1 000 $US. La tranche des 10 % les plus riches gagnait autant que celle des 70 % gagnant moins de 2 500 $US. L'épargne, elle, se retrouvait à 90 % entre les mains des ménages appartenant à la tranche des 10 % les plus riches. Et, en bonne partie, cette épargne était canalisée vers Wall Street pour alimenter la spéculation. Malgré tout, la consommation se portait relativement bien. Mais, on consommait à crédit, grâce à une innovation financière dernier cri, les «ventes à tempérament». Vers la fin de la décennie, cependant, le taux de croissance de la consommation avait commencé à ralentir de façon perceptible. Et, les ventes d'automobiles, jadis torrides, se faisaient désormais beaucoup plus tempérées. The United States, A History of a Democracy, McGraw-Hill, New York, 1960, Gewehr, W.M., Gordon, D.C., Sparks, D.S., Stromberg, R.N., Crosman, A.H.; Le XXe siècle américain, Lux, Montréal, 2003, Zinn, H., pp., 107-108.
Quelques voix ont bien sûr tenté d'attirer l'attention sur cet écart malsain entre les riches et les autres. Malheureusement, à l'ère de la «prospérité éternelle», les éteignoirs n'avaient pas la cote:

«Mais les protestations légitimes que de tels chiffres avaient soulevées ne parvenaient pas à se faire entendre sur une grande échelle. Cela était dû à la fois à la stratégie d'envergure mise en place par les deux plus importantes formations politiques et au fait que la plupart des moyens d'information de l'opinion publique étaient désormais contrôlés par des grands groupes de presse.» Zinn, p., 108.

Il serait cependant injuste de passer sous silence le fait que des efforts ont été faits sous la forme de lois établissant des conditions de travail minimales. En effet, à bien des égards, la vie de ceux qui peinaient dans les usines et les mines américaines de cette époque ne valait guère mieux que celle des ouvriers étranglés de la révolution industrielle anglaise. En réalité, une amélioration de leurs conditions de travail aurait vraisemblablement eu des effets bénéfiques sur l'économie. La Cour suprême prononcera cependant l'inconstitutionnalité de ces premières lois ouvrières. Pourquoi, en effet, entreprendre des réformes alors que le crédit masque si bien les symptômes de la maladie? Dans certains secteurs, cependant, le malade ne réagissait plus au médicament.
Cela était, entre autres, le cas du secteur agricole. Craignant de revivre les pénuries qui avaient marqué la durée de la guerre, les pays européens avaient augmenté leur production de blé de façon notable. Le Canada et l'Argentine avaient par ailleurs eux aussi rejoint le cercle des grands producteurs agricoles. Face au marché capable de payer, les producteurs se retrouvaient donc dans une situation de surproduction hautement déstabilisatrice. Les prix entamèrent évidemment une trajectoire lourde à la baisse. Malheureusement, le prix des équipements agricoles, eux, étaient partis à la hausse. Les agriculteurs se virent donc contraints d'avoir recours à l'endettement continu. Or, comme l'écart entre le prix des denrées agricoles et celui de l'équipement ne cessait de se creuser, la situation des propriétaires de ferme ne tarda pas à devenir intenable. Pis encore, leur niveau d'endettement les empêchait de réduire la production pour envoyer les prix à la hausse. Autrement dit, ils étaient prisonniers d'une spirale déflationniste. À cela s'ajoutait le poids de taxes foncières éreintantes. Ce n'était donc qu'une question de temps avant que la situation ne devienne carrément explosive. Du côté des grands producteurs, cependant, les choses allaient passablement mieux. En agriculture comme ailleurs, les gros joueurs savent mieux que les autres tirer la couverture de leur côté. La relaxation des lois antitrust avait d'ailleurs permis la formation de grandes sociétés capables de faire la loi dans leurs secteurs respectifs.
L'économie américaine était donc hautement vulnérable au risque du crédit, d'autant plus que la bouilloire de Wall Street se chauffait elle aussi au fuel de l'endettement. En fait, le commerce international reposait lui aussi sur un échafaudage de solidité douteuse. Les pays européens étaient en effet sortis de la guerre tous plus endettés les uns que les autres. Or, ce sont les États-Unis qui finançaient leurs importations, sans vraiment se montrer particulièrement inquiets du fait que les Européens puissent éventuellement éprouver des difficultés à les rembourser. Dans une bonne mesure, donc, les Américains se vendaient à eux-mêmes. À la limite, l'Europe était aussi coincée que les fermiers américains. De ce côté également, ce n'était qu'une question de temps avant que le fil ne lâche.
Et, il allait céder en octobre 1929 dans un étourdissant krach boursier. La spéculation était devenue un véritable sport national, du moins pour certains. Les banques ne prêtaient plus qu'à la spéculation. Les «trusts» poussaient comme du chiendent. Les sociétés commerciales et industrielles pariaient leur fonds de roulement. Plusieurs avaient laissé leur emploi régulier pour s'adonner à la spéculation à plein temps. En fait, même les garçons d'ascenseur discutaient valeurs avec les millionnaires qui fréquentaient les grands hôtels du Bas-Manhattan. Fin 1928, cependant, les spéculateurs professionnels avaient à peu près tous compris que le festin ne pouvait durer encore longtemps. Ils entamèrent donc une vague de ventes à découvert, poussée par un tsunami d'articles de presse hautement louangeurs des titres qu'ils larguaient à pleins chargements. Les journalistes, eux, étaient rémunérés à la pièce. Septembre 1929, le Dow touchait son sommet de l'époque, 381. Là, il entreprit un lent déclin dans un climat de volatilité fébrile. L'indice réagissait comme un électron fou à la moindre rumeur. Puis, fin octobre, ce qui devait arriver arriva. En deux séances, les valeurs s'effondrèrent dans un fracas étourdissant. À Wall Street, une rumeur envahit soudainement les rues environnantes. Puis, ce fut la panique. L'ère de «la prospérité éternelle» venait de prendre fin. Il y eut bien une certaine remontée des cours par la suite, mais la tendance était lourdement à la baisse. En 1932, l'indice ne faisait plus que 41. Il fallut des années avant que la morosité se dissipe. En fait, les beaux jours ne reviendront qu'avec le passage de Ronald Reagan à la Maison-Blanche.
Mais, la débâcle de Wall Street ne sera somme toute que l'élément le plus spectaculaire de l'effondrement d'un système qui était plus ou moins programmé pour flancher. Le crédit n'est pas un stratégie de croissance. En outre, il est douteux qu'il soit possible de laisser le taux d'endettement gonfler indéfiniment à un taux plus rapide que l'économie. Éventuellement, il y aura un point de rupture. Et le fracas sera d'autant plus dévastateur que l'écart entre le taux de croissance de l'économie et celui de l'endettement aura été grand. En 1929, cet écart avait atteint des proportions systémiques. Le crédit bancaire soutenait la consommation, l'industrie agricole, le commerce international et la spéculation. Les banques étaient engagées plusieurs fois leur capacité de rencontrer leurs pertes possibles, voire probables. Et, le premier maillon à céder fut Wall Street et la Bourse des valeurs. Les autres ont suivi en effet dominos. La consommation a stoppé net, avec un impact direct sur le secteur automobile et celui de la construction. L'agriculture s'est également écroulée sous une montagne de dettes. Le commerce international a fondu avec le crédit qui lui servait de levier. Evidemment, les mises à pied se sont multipliées. Or, comme les lois d'assurance-chômage n'existaient pas, les sans travail se sont aussitôt retrouvés sans ressources. Des millions de petits épargnants innocents de la débauche de spéculation qui venait de prendre fin ont perdu toutes leurs économies, l'assurance-dépôt étant inconnue à l'époque. Évidemment, cette absence totale de filet de sécurité sociale n'a fait qu'augmenter la panique qui s'est emparée des marchés, creusant par là la dépression qui a suivi.
À Washington, on réagira aux événements avec optimisme et confiance en l'avenir. Les pages financières, elles, multiplieront les formules encourageantes, toutes plus insipides les unes que les autres. Un matin, le lecteur apprenait que «le pire était passé». Le lendemain, on l'assurait du fait que «les bases de l'économie étaient saines». Le surlendemain, on lui promettait que «la prospérité attendait au prochain tournant». Et, on reprenait le refrain en boucle.
Au plan idéologique, l'administration Hoover était d'avis qu'il fallait laisser les marchés se charger de la relance. Le président était en effet un fervent du dogme des vertus foncièrement autorégulatrices du marché. Et, il n'était pas question qu'il fasse entorse, non plus, au précepte de l'équilibre budgétaire. Pour les chômeurs, cela n'annonçait rien de bon.
Mais, le président était capable de mettre un peu d'eau dans ses principes. Même s'il était déterminé à préserver le budget en équilibre, il recommandera des baisses d'impôt, plus symboliques que substantielles. Aux termes de l'Agricultural Marketing Act de 1929, il accepta d'acheter des quantités négligeables de blé et de coton dans le but de provoquer une hausse des prix. Les quantités en jeu furent cependant trop insignifiantes pour libérer les prix de la pression déflationniste qui pesait sur eux. Dans le même sens, il autorisera un programme de travaux publics qui totalisera 275 millions $US entre 1929 et 1932. Ajoutant encore plus d'eau à ses principes, il fera un beau geste en faveur des marchés. On mit sur pied un organisme dont la mission était de contribuer aux efforts de relance, la Reconstruction Finance Corporation. Alimentée de fonds publics, cette société sera chargée d'allonger des prêts aux banques, aux entreprises en général et aux municipalités. On admettait donc que, parfois, les forces autorégulatrices du marché ont besoin d'un peu d'huile.
Mais, on est un homme de principes ou on ne l'est pas. Les chômeurs, eux, auront droit aux convictions du président Hoover dans leurs version la plus intégrale. Ce dernier était en effet d'avis qu'il ne fallait pas encourager l'oisiveté. Il n'était donc pas question de recommander l'adoption de mesures qui permettraient aux masses de vivre «on the dole», comme il le disait. Hoover prétendait que la main-d'oeuvre avait besoin du bâton de la famine pour demeurer à l'ouvrage. Mais, l'attitude du président n'était pas exclusivement idéologique. Il fallait, selon lui, que les ouvriers contribuent à la relance en acceptant des salaires plus bas que ceux qu'ils recevaient avant leur mise à pied. Évidemment, comme ceux-ci recevaient déjà des salaires se rapprochant de la simple subsistance, ils risquaient de goûter au bâton de la faim même au travail.
Et, Hoover avait de la compagnie. Henry Ford ne dédaignait pas jouer du bâton lui non plus. «Il y a plein de travail pour ceux qui veulent travailler», déclarera-t-il en mars 1931, avant de licencier plus de soixante-quinze milles employés quelques semaines plus tard. En 1932, le chômage touchait environ 15 millions de travailleurs à l'échelle nationale. Entre 1929 et 1933, la production de biens en capital fondra de 60 %. Il y avait donc plein de chômage, même pour ceux qui n'en voulaient pas.
Évidemment, ces malheureux étaient aussitôt expulsés de leurs logements dès le moment où ils se montraient incapables de payer le loyer. Ils se retrouvaient à squatter des terrains vagues en bordure des grandes villes et y érigeaient des campements de fortune avec des matériaux jetés aux rebuts. Ces campements furent éventuellement connus sous le vocable de Hoovervilles. Les clochards, de leur côté, jonchaient les trottoirs des grandes villes où ils passaient les nuits couverts de journaux, que l'on appelait «Hoover blankets». Comme les exclus n'avaient plus un centime, des réseaux de troc furent organisés, ce qui permettait d'offrir ses services contre de la nourriture. À Chicago, Al Capone finançait des soupes populaires hautement médiatisées. La pauvreté se faisait sans merci et on en voyait pas la fin.
Tous n'étaient cependant pas résignés à leur sort. Dans les campagnes surtout, on offrait parfois une résistance armée aux expulsions. Commerçants et agriculteurs fortunés avaient recours aux mêmes méthodes pour protéger leurs biens contre des hordes de chômeurs qui ne demandaient que de quoi manger. La capacité de production était là. La demande était là. Mais, elle n'avait pas les moyens de se manifester:
«Il y avait des millions de tonnes de nourriture disponible mais on ne pouvait tirer profit ni de leur transport ni de leur vente. Il y avait des vêtements plein les entrepôts mais les gens ne pouvaient pas les acheter.» (Zinn, p., 113)

Il y avait eu d'autres dépressions dans le passé et leurs victimes les avaient acceptées comme des fatalités inévitables. En 1930, les choses avaient changé. D'abord, on avait connu la prospérité, artificielle qu'elle fut. Ensuite, la vague d'urbanisation du début du XXe siècle avait fait que les masses ne pouvaient plus tout simplement se replier sur leurs fermes et attendre, plus ou moins péniblement, une éventuelle reprise. En 1932, donc, la révolte grondait et les demandes pour une intervention des gouvernements se faisaient de plus en plus pressantes. En fait, même les milieux d'affaires commençaient à penser que quelque chose «devait être fait».
À la présidentielle de 1932, donc, Hoover allait disputer la Maison-blanche au patricien new yorkais Franklin D. Roosevelt. Le candidat démocrate mena une campagne difficile à déchiffrer, promettant tout et rien à la fois. À première vue, son programme comptait plusieurs éléments suintant le conservatisme de l'époque: diminution des impôts, équilibre budgétaire, régime minceur pour la bureaucratie et...fin des largesses versées aux chômeurs. Mais. il avait également laissé entrevoir un «leadership» audacieux dans la mise en oeuvre de l'aide aux exclus de la Dépression. La population avait tellement hâte de se débarrasser de l'administration Hoover qu'il aurait probablement pu promettre n'importe quoi. En fait, certains soutiennent que c'est exactement ce qu'il a fait. Roosevelt incarnait le changement et c'est ce que voulait l'électorat. Les démocrates s'emparèrent donc de tous les États, sauf six. Le Parti fera également élire des majorités dans les deux chambres du Congrès.
Pour le nouvel occupant de la Maison-Blanche, donc, le système avait fait la preuve irréfutable de ses failles congénitales et il importait de le réformer dans ses fondements mêmes. Mais, il fallait d'abord relancer l'emploi et remettre l'appareil financier sur pied. Les réformes structurelles du système, elles, seraient planifiées en arrière-plan et introduites sans trop tarder non plus de sorte que l'appareil puisse redémarrer sur des bases plus saines.
Les New Dealers avaient promis de l'action et ils n'ont pas déçu ceux qui leur avaient fait confiance. Dès leur arrivée à Washington, ils ont ouverts plus de chantiers que n'auraient pu même seulement l'imaginer la plupart des administrations qui les avaient précédés dans la capitale. Leur passage là-bas allait d'ailleurs faire du gouvernement fédéral un acteur incontournable de la scène économique et sociale du pays. Et, si leur programme n'était pas défini dans tous ses détails, leurs objectifs, eux, étaient clairs: remettre la population au travail et rééquilibrer la société.
Initialement, Roosevelt espérait pouvoir rencontrer ses engagements dans le cadre d'un budget équilibré. Mais, il réalisa sans tarder que la situation qui prévalait au titre de l'emploi ne lui permettrait pas d'y arriver. La Works Progress Administration fut donc mise sur pied avec un budget de trois milliards $US dès son entrée à la Maison-Blanche, ou presque. Brièvement, cet organisme avait pour mission d'ouvrir des postes englobant un large éventail de catégories professionnelles: ingénieurs, statisticiens, bibliothécaires, infirmières, avocats, etc. Et, de préférence, il fallait mettre leurs occupants à l'ouvrage dans le cadre de projets visant à mettre en place des infrastructures ou des services publics. Des mesures furent également prises pour distribuer des prestations d'aide aux plus démunis qui, de l'avis des New Dealers, dépenseraient leur argent plutôt que de le passer à l'épargne sur les marchés secondaires.
À vrai dire, le secteur bancaire n'était pas en meilleure posture que le marché du travail; il était probablement en réalité en bien pire état. Aux termes de l'Emergency Banking Act, les banques furent soumises à un examen de leur solvabilité. Celles qui étaient en mesure de rencontrer leurs obligations furent immédiatement réouvertes. Les autres furent également autorisées à reprendre leurs activités, mais sous la surveillance d'un «contrôleur». Afin d'alimenter le système en crédit rapide, on permit aux divisions locales de la Réserve fédérale de lancer des actions. Le produit de ces émissions fut avancé à la Reconstruction Finance Corporation constituée sous l'administration Hoover. Celle-ci put donc augmenter de façon notable les montants qu'elle allongeait aux banques, entreprises et municipalités. Les agriculteurs eurent également droit à leur organisme de financement, la Farm Credit Administration. L'intervention du gouvernement fédéral dans l'industrie du prêt d'argent eut pour effet d'entraîner les taux d'intérêt à la baisse. Petits entrepreneurs et consommateurs eurent donc accès à du crédit à des taux oscillant autour de 4 % et 5 %. Auparavant, ils devait faire face à des taux variant entre 6 % et 12 %. Et, ils n'étaient pas certains qu'on leur consentirait les prêts dont ils avaient besoin. L'administration s'efforcera d'ailleurs de garder les taux bas pendant quelques années.
La Dépression avait également envoyé les prix dans une spirale descendante qui, en 1933, commençait à entamer les profits des grandes sociétés, lesquelles avaient jusque-là réussi à maintenir leur rentabilité. La National Recovery Administration fut donc mise en place avec la mission d'encadrer un régime qui exempterait les grandes sociétés des dispositions de la loi antitrust Sherman. Elles étaient donc autorisées à conclure des ententes visant à maintenir le niveau des prix. En contrepartie, elles s'étaient engagées à offrir à leurs employés des conditions salariales plancher, ainsi que des conditions de travail minimales. Les grandes sociétés interprétèrent cependant les paramètres de ce programme à leur avantage, ce qui suscita plus de mécontentement qu'autre chose. Éventuellement, l'ensemble du programme fut jugé inconstitutionnel par la Cour suprême du pays.
Encore une fois, le secteur agricole put compter sur des mesures comparables, aux termes de l'Agricultural Adjustment Act. Entre 1932 et 1937, les prix des produits agricoles augmentèrent en moyenne de 86 %.
Les New Dealers s'occupèrent en outre du prix de l'électricité. Concentrant leurs efforts sur la rivière Tennessee, ils entreprirent la construction de barrages destinés à la production d'énergie électrique. Cette initiative entraîna une réaction enflammée de la part du milieu des affaires qui voyait là un projet à caractère socialiste destructeur du système de la libre concurrence. Ces objections n'empêcheront cependant pas la Tennesse Valley Administration de faire l'acquisition de plusieurs sociétés productrices d'électricité. À terme, la présence du gouvernement dans le marché de l'électricité eut pour effet d'envoyer les prix à la baisse. Entre 1933 et 1943, les prix chutèrent de 35 %. Au cours de la même période, l'usage de l'électricité doubla.
L'administration Roosevelt élabora ce train de mesures sans trop tenir compte de la situation internationale. Hoover, à son époque, était d'avis que la crise était d'origine internationale. Il voulait probablement par là dédouaner son idéologie du laissez-faire de sa responsabilité dans cette malheureuse aventure. Ses sentiments internationalistes ne l'empêcheront cependant pas de recommander la protectionniste Loi Smoot-Hawley. À tout événement, Roosevelt aurait apparemment entrepris son mandat dans une perspective internationaliste. Mais, en 1933, il donna à son Secrétaire d'État l'instruction d'informer les participants à la London Economic Conference du fait que les États-Unis n'entendaient pas contribuer à l'effort commun de stabilisation du système monétaire international. Et, en 1934, il décrétera une dévaluation du dollar qui suscita passablement de ressentiment en Europe.
En arrière-plan, les New Dealers travaillaient également à un projet de réforme structurelle du système. Le milieu de la finance devait bien sûr être remis à sa place. Mais, il était tout aussi impérieux de rebâtir l'Amérique sur des bases beaucoup mieux équilibrées. Cela voulait dire établir un meilleur rapport de force entre les diverses classes sociales des États-Unis. Roosevelt ne craignait donc pas de mécontenter en hauts lieux. En fait, la belle société américaine le considérait comme un traître à sa classe sociale. En 1933, donc, le Congrès démocrate adopta la Loi Glass-Steagall. Celle-ci élargissait le pouvoir de contrôle de la Réserve fédérale sur les activités des banques. Notamment, elle lui conférait un droit de regard sur le niveau de risque des prêts consentis par ces mêmes banques. Mais, surtout, elle leur interdisait de se mêler de courtage. Autrement dit, la Loi Glass-Steagall faisait un effort pour encadrer le risque systémique, voire l'éliminer.
Ensuite, il y eut l'adoption de loi constitutive de la Federal Deposit Insurance Corporation. Les dépôts bancaires seraient donc désormais garantis à la hauteur de 3 500 $US. En 1934, ce montant passa à 5 000 $US. Et, en 1950, il fut haussé à 10 000 $US. Cet effort visait à prévenir le phénomène des ruées sur les banques.
Les courtiers n'échapperont pas, non plus, au long bras réformateur du New Deal. Aux termes de la Securities Act, on imposa l'enregistrement des émissions de valeurs et la divulgation d'une large gamme de renseignements concernant la situation financière des sociétés dont les titres étaient négociés publiquement. Les prêts aux courtiers furent également soumis à une surveillance plus étroite. Finalement, les transactions sur marge, en partie responsables de la débâcle de 1929, furent elles aussi astreintes à des règles plus strictes.
L'élite économique ne comptait plus ses motifs de détester Roosevelt et ses acolytes. Le package du New Deal incluait en effet des lois ouvrières passablement novatrices pour l'époque. Le Wagner Act de 1935 allait par exemple légitimer la syndicalisation de la main-d'oeuvre, alors que l'époque était carrément hostile à de telles mesures. Non seulement, donc, le processus d'accréditation syndicale serait-il facilité, mais un nouvel organisme, le National Labor Relations Board, serait-il également constitué, avec le mandat de surveiller le déroulement des demandes de reconnaissance syndicale. Dans le même sens, la nouvelle loi visait également à contrecarrer la pratique répandue d'installer des syndicats contrôlés par l'employeur. Et, finalement, un régime formel de négociation des conventions collectives était mis en place. Les relations de travail venaient de passer dans une autre ère.
Le New Deal en avait en fait pour un peu tout le monde. Même les travailleurs non syndiqués y trouveront leur compte. Ile eurent donc droit à une loi du salaire minimum, ainsi qu'à une loi visant à établir des conditions de travail équitables. À vrai dire, l'ensemble du monde ouvrier bénéficiait de l'esprit du New Deal. En effet, les employeurs qui ne voulaient pas voir les syndicats s'amener chez-eux avaient tendance à consentir à leurs employés des conditions qui se rapprochaient de celles des entreprises syndiquées.
Désireux de ne laisser personne pour compte, les New Dealers obtiendront en outre l'adoption d'une loi prévoyant un régime minimal de sécurité sociale. Aux termes du Social Security Act, donc, des prestations d'aide allaient désormais être versées aux chômeurs, aux personnes âgées et aux invalides. On était loin de la charité privée de l'administration Hoover.
Fondamentalement, les artisans du New Deal avaient compris que le capitalisme ne pouvait fonctionner si le pouvoir d'achat était concentré entre les mains de la tranche des 10 % les plus fortunés du pays. Et, il semble bien que les seuls qui ne le comprenaient pas étaient cette même tranche des 10 % les plus fortunés, pour qui le New Deal ne constituait qu'une autoroute grande vitesse vers le socialisme ou, pis encore, le communisme. S'exprimant au sujet du New Deal, John D. Rockefeller livrera une sombre prédiction voulant qu'il n'y aurait jamais plus de nouveaux millionnaires aux États-Unis. Quelqu'un aurait probablement dû lui expliquer que lui-même constituait en réalité la plus grande menace à l'augmentation du nombre des millionnaires au pays.
Le programme «keynésien» de Roosevelt a-t-il eu l'effet magique sur l'économie que ses partisans enthousiastes veulent bien décrire? Oui et non.
D'abord, gommons un mythe. Le New Deal n'était pas nécessairement une expérience keynésienne, Keynes (John Maynard) n'ayant publié sa Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie qu'en 1936. Dans une certaine mesure, donc, les New Dealers étaient des précurseurs du keynésianisme. Ironiquement, en 1937, ils décidèrent de diminuer de façon draconienne les dépenses de l'État fédéral. En 1936, donc, le déficit du gouvernement fédéral américain se chiffrait à 5,5 milliards $US. L'année suivante, il fut ramené à 2,5 milliards $US. Et, en 1938, il ne faisait plus que 100 millions $US. Les statistiques économiques s'étaient en effet grandement améliorées et on croyait à tort que l'État pouvait désormais se désengager sans trop de conséquences sur ce qui apparaissait comme une reprise bien enclenchée.
Ce n'était malheureusement pas le cas. En 1937, la production industrielle chuta de 40 % et le taux de chômage passa de 14 % à 19 %. Cela était quand même moins que les 25 % du creux de la Dépression. En 1938, le PNB allait régresser de 4,5 %. Quant au Dow, il dégringolera de 49 % entre mars 1937 et mars 1938. L'économie n'avait tout simplement pas retrouvé sa dynamique auto-propulsive. Il y eut ensuite la guerre et le baby-boom, accompagnés d'une gigantesque vague de démocratisation des innovations technologiques du début du XXe siècle. L'économie put donc redécoller de façon beaucoup plus autonome. Mais, cette fois, elle reposait sur des bases nettement plus solides que lors de l'ère de «la prospérité éternelle». En 1929, la tranche de 1 % des Américains les plus riches touchait 13,6 % du revenu national. En 1948, cette tranche ne touchait plus que 6,2 % du revenu personnel total. Autrement dit, le New Deal avait favorisé l'éclosion d'une classe moyenne capable de consommer la production nationale.
En 1939, le New Deal laissait cependant derrière lui 8 millions de chômeurs et une dette nationale de 40 milliards $US. Dans les années 1920, les dépenses fédérales totalisaient en moyenne 3 milliards $US annuellement. De 1934 à 1940, elles ont zigzagué entre 6,5 milliards $US et 9 milliards $US. Évidemment, ces dépenses connaîtront une hausse vertigineuse au cours des années de guerre qui ont suivi. En 1953, la production nationale atteignait le triple de celle de 1939. Alors, non, les dépenses du New Deal n'expliquent pas à elles seules le retour en force de l'économie américaine après la Grande Dépression. Mais, elles ont contribué à tirer de la misère des millions d'individus que les théories néolibérales auraient abandonnés à leur sort dans une situation de dénument total. Le nombre des laissés pour compte n'aurait alors fait qu'augmenter et la révolte aurait vraisemblablement suivi. En ce sens, le New Deal aura sans aucun doute contribué à sauver le capitalisme...malgré lui, diront certains. En fait, il lui a permis de prospérer pendant des décennies...jusqu'à ce que les néolibéraux n'instaurent une nouvelle «ère de prospérité éternelle» qui a une fois encore conduit au désastre.
Sources:
1- The United States, A History of a Democracy, McGraw-Hill, New York, 1960, Gewehr. W.M., Gordon, D.C., Sparks, D.S., Stromberg, R.N., Crosman, H.A.
2- Le XXe siècle américain, Lux, Montréal, 2003, Zinn, H.
N.B. Pour des motifs d'ordre personnel, je devrai interrompre cette série sur Milton Friedman. Je verrai en janvier si je peux retrouver la détermination pour reprendre là où je laisse aujourd'hui. Salutations à tous.
Louis Côté


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4 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    24 janvier 2012

    J'ai repris le projet. Je voulais, dans un document 4-C,donner les grandes lignes de l'événementiel ayant conduit à la débâcle de 2008-09, pour ensuite réfléchir sur les théories keynésiennes et les théories...perconomistes. Mais, à bien y penser, cette déflagration financière doit un peu ses origines à la déréglementation entreprise durant les années 70. Alors, puisqu'il faudrait remonter si loin, pourquoi ne pas poursuivre le voyage jusqu'à Eisenhower,probablement le seul vrai perconomiste de l'ère moderne. D'ailleurs, les déficits ont véritablement commencé à exploser avec l'administration Johnson, à l'époque de la Grande société. Et, tant qu'à y être, pourquoi ne pas y aller également d'un bref survol des crises financières ayant eu lieu depuis le début des années 50. En somme, je vous prépare du deux pour un, la politique fiscale néolibérale et un survol des crises financières récentes. De là, le long délai à produire un nouveau texte. Je serais surpris de pouvoir livrer quoique ce soit avant avril. Et, c'est un peu à regret. Les étudiants nous promettent un hiver chaud et j'aurais bien aimé publier le chapitre concernant le système d'éducation néolibéral un temps opportun. C'est quelque chose, vous savez, le système d'éducation néolibéral. À tout événement, je ne m'engage pas à terminer le projet, même si je vais essayer de le faire. De même, je réserve mes droits si je décidais éventuellement de faire un livre de ce projet. On pourra alors discuter de droits avec VIGILE. Cette possibilité ne tient cependant que pour le projet Friedman et n'inclut pas les crises financières et autres sujets sur lesquels je pourrais décider de rédiger quelque chose.Encore une fois, je ne m'engage pas à terminer.
    L. Côté.

  • Archives de Vigile Répondre

    18 janvier 2012

    Merci pour cet incroyable travail de synthèse.
    Je n'ai aucune formation en économie, ni en science politique, et j'avoue que ma connaissance des rouages exacts du néolibéralisme est des plus rudimentaires.
    J'ai dévoré votre article en une seule lecture continue et je dois maintenant accourir pour éteindre le rond de poêle où mon eau est en ébullition depuis déjà 5 minutes.
    Merci beaucoup !!!
    Gabriel

  • Archives de Vigile Répondre

    23 novembre 2011

    Je vous remercie pour votre aimable commentaire. J'avais évidemment l'intention de passer au crible chacun des chapitres de Capitalisme et liberté, mais je serai dans quelques jours immobilisé par une hospitalisation que je ne prévoyais pas. De plus, ma convalescence pourrait être relativement prolongée. Alors, comme je le disais, je verrai en janvier si j'ai toujours la détermination voulue pour continuer. Encore une fois, je vous remercie de votre commentaire.
    Louis Côté

  • Jean-François-le-Québécois Répondre

    22 novembre 2011

    @ Louis Côté:
    Merci. Je crois qu'il serait important que vous continuiez.
    Voyez-vous, comprendre cet auteur-là (entre autres), permet de comprendre pourquoi nous vivons dans le genre de société qui est aujourd'hui la nôtre. Et entrevoir ce qu'il faudrait faire, pour faire évoluer les choses.
    Votre travail en est un de vulgarisation, et d'extraction de l'essentiel, pour ceux qui n'ont pas toujours le temps de lire des oeuvres telles que celles de notre bon monsieur Friedman. Beaucoup ne savent même pas du tout qui il était, donc n'auront espèce d'idée, à quel point cet individu a pu influencer la vague néo-conservatrice!