LIBRE OPINION

La fable du pétrole québécois

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Attention ! La fable a le potentiel de virer au cauchemar, comme à Lac-Mégantic

Il y a trois raisons majeures pour résister à l’exploitation du pétrole de schiste et à la circulation du pétrole bitumineux au Québec :

- la contamination prévisible et irréversible du fleuve Saint-Laurent et des territoires habités ;
- l’accélération du réchauffement du climat ;
- le peu de bénéfices qu’en retireront les Québécois.


Pourtant, tout se met en place pour que le Québec devienne un État pétrolier.

Le nouveau président-directeur général de Pétrolia, Alexandre Gagnon, était tout fier ces jours-ci d’annoncer que la « machine est bel et bien repartie » à Gaspé et à Anticosti maintenant que tous les obstacles ont été levés par nos politiciens. Le moratoire sur la fracturation a été remplacé par deux études environnementales stratégiques pour évaluer la rentabilité de l’exploitation à Anticosti et la filière des hydrocarbures. Le nouveau règlement sur la protection de l’eau potable, en réduisant la distance protectrice à 500 mètres, permet, comme par hasard, les forages de Pétrolia à Haldimand (Gaspé) et invalide les règlements adoptés par des dizaines de municipalités dans le sens de celui de Gaspé. Et pour bien enfoncer le clou, Gastem, dirigé par un ancien ministre libéral délégué aux Mines, Raymond Savoie, intente une poursuite de 1,5 million à la petite municipalité de Restigouche-Sud-Est, et les ministres Pierre Moreau (Affaires municipales) et Pierre Arcand (Ressources naturelles) s’en lavent les mains.

Ajoutons que le gouvernement libéral a confirmé sa participation aux investissements de Pétrolia, qui possède toujours tous les baux sur Anticosti. Quant aux oléoducs d’Enbridge et de TransCanada, au transport sans limite de pétrole par train et par bateau (le port de Sorel vient d’entrer dans le bal), c’est carte blanche, sous prétexte que le dernier mot revient au fédéral et à son complaisant Office national de l’énergie.

De fait, à Québec, les trois partis politiques principaux ont acheté sans réserve et sans vérification la propagande mensongère des pétrolières à l’oeuvre. Au fédéral, même le Nouveau Parti démocratique doit ménager son électorat de l’Ouest s’il veut pouvoir aspirer à gouverner.

Et les citoyens, qu’est-ce que vous en faites ?

C’est l’arnaque du siècle. Les citoyens sont cernés de partout, en attendant de se faire pulvériser : à chacun son Gaza !

Justement, qu’en est-il des citoyens qui paieront la note ?

Les politiciens brandissent, pour se justifier, les sondages qui démontrent que la majorité des Québécois sont favorables à l’exploitation et à la circulation du pétrole au Québec, même le pétrole sale. On ne pourra pas s’en passer de sitôt, autant qu’il vienne de chez nous !

Faut-il s’en étonner quand la seule information qui leur soit parvenue, dans la majorité des cas, est celle des pétrolières ? Aucun débat public sérieux, pas même un vrai BAPE ou une vraie consultation n’ont eu lieu. Steven Guilbeault et Dominic Champagne ne font évidemment pas le poids auprès du grand public, pas plus que quelques groupes d’écologistes et citoyens sans le sou. Ces sondages, que nos journalistes soi-disant analystes se plaisent à répéter, ne valent rien : ils sont l’écho pur et simple de la propagande mensongère des pétrolières, des partis politiques et des grands médias.

L’heure de la résistance est venue

Si le mot « démocratie » veut encore dire quelque chose, il faut que s’organise sur une grande échelle la résistance à l’exploitation et à la circulation de ce pétrole sale au Québec — car le pétrole de schiste et le pétrole bitumineux sont des pétroles infiniment plus dangereux, plus polluants et plus coûteux que le pétrole conventionnel que nous utilisons présentement.

Ce n’est pas le maire de Restigouche-Sud-Est qu’il faut poursuivre, mais ceux qui diffusent impunément la fable du pétrole québécois : Alexandre Gagnon (Pétrolia), Raymond Savoie (Gastem), Philippe Cannon (TransCanada), Graham White (Enbridge), les ministres Pierre Moreau et Pierre Arcand, Lucien Bouchard et Bernard Landry, entre autres.

Il faut organiser partout des cellules de résistance : dans les conseils municipaux, dans les villages, dans les quartiers, dans les écoles, les cégeps, les universités, les syndicats, les groupes communautaires. Il faut expliquer les dangers qu’une élite irresponsable fait courir au Québec et, toutes proportions gardées, à la planète si nous laissons ces vautours couvrir le Québec de leurs excréments.

L’ère du pétrole a atteint ses limites : l’heure est venue de s’en rendre compte, de prendre conscience de la démesure de cette folie du pétrole, si nous ne voulons pas que celui-ci nous détruise.


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