La faute de la ministre

Enseignement du français



La mi­nis­tre de l’Édu­ca­tion, Mi­chel­le Cour­ches­ne, pro­­­­po­se de bon­nes me­su­res ­pour amé­lio­rer le fran­çais en­sei­gné ­dans les éco­les pri­mai­res et se­con­dai­res. On ris­que ce­pen­dant ­dans 10 ans de se dé­so­ler en­co­re de­vant les co­pies des élè­ves puis­que la mi­nis­tre ne s’as­su­re pas de l’éva­lua­tion et du sui­vi de son ­plan d’ac­tion.


Mi­chel­le Cour­ches­ne n’est pas la pre­miè­re mi­nis­tre de l’Édu­ca­tion qui ­fait de l’en­sei­gne­ment du fran­çais une prio­ri­té et qui an­non­ce des chan­ge­ments ­dans la fa­çon de fai­re des en­sei­gnants, des éco­les, des com­mis­sions sco­lai­res, du mi­nis­tè­re et des uni­ver­si­tés. Le re­haus­se­ment de la for­ma­tion des maî­tres, la ré­vi­sion des pro­gram­mes, la fixa­tion de ci­bles, ­l’ajout de pé­rio­des de lec­ture et d’écri­ture qu’el­le sug­gè­re ont un air de dé­jà-vu.
­Mais com­me per­son­ne ne sem­ble vé­ri­fier si les orien­ta­tions don­nées une jour­née par un mi­nis­tre se concré­ti­sent sur le ter­rain et ap­por­tent des chan­ge­ments ­concrets, on se re­tro­uve sou­vent quel­ques an­nées ­plus ­tard à ré­pé­ter la mê­me re­cet­te ­sans sa­voir ­quel in­gré­dient man­que ou gâ­te le ­tout. La mê­me si­tua­tion ris­que de se re­pro­dui­re ­avec le ­plan Cour­ches­ne.
Le pré­si­dent du Co­mi­té d’ex­perts sur l’ap­pren­tis­sa­ge de l’écri­ture, ­Conrad Ouel­lon, af­fir­mait ­hier en confé­ren­ce de pres­se qu’un sui­vi cons­tant est né­ces­sai­re ­pour évi­ter les cri­ses ­tous les 10 ans à pro­pos de l’en­sei­gne­ment du fran­çais et de la qua­li­té de la lan­gue des jeu­nes.
Une de ses sug­ges­tions est ­d’ailleurs que le mi­nis­tè­re de l’Édu­ca­tion met­te sur ­pied un or­ga­nis­me per­ma­nent qui au­rait com­me man­dat à ­court et à ­moyen ter­me d’as­su­rer le sui­vi des re­com­man­da­tions du Co­mi­té, et à ­plus ­long ter­me de ­veiller à ce que ­soit as­su­rée la qua­li­té de l’en­sei­gne­ment et de l’ap­pren­tis­sa­ge du fran­çais au Qué­bec. La mi­nis­tre n’a pas re­te­nu cet­te pro­po­si­tion ­dans son ­plan d’ac­tion. El­le se conten­te d’une ­mise à ­jour conti­nue des pro­gram­mes d’étu­des. Ce n’est pas suf­fi­sant.
Mme Cour­ches­ne se dit te­na­ce et dé­ter­mi­née. ­Nous n’en dou­tons pas. Nul ne ­sait ce­pen­dant le ­temps qu’el­le res­te­ra à la tê­te du mi­nis­tè­re de l’Édu­ca­tion ­pour dé­fen­dre la qua­li­té de l’en­sei­gne­ment du fran­çais ­dans les éco­les. D’au­tres au­ront ­peut-­être des prio­ri­tés dif­fé­ren­tes. Confron­té à un ­fort re­nou­vel­le­ment du ­corps en­sei­gnant, il se­ra ­peut-­être im­pos­si­ble ­pour le mi­nis­tè­re d’im­po­ser de ­plus ­hauts cri­tè­res de sé­lec­tion ­pour les fu­turs en­sei­gnants.
Nul ne ­sait non ­plus si el­le et ses suc­ces­seurs ob­tien­dront tou­jours les res­sour­ces fi­nan­ciè­res et hu­mai­nes né­ces­sai­res ­pour concré­ti­ser le ­plan d’ac­tion pré­sen­té ­hier. ­Avec ce ­plan, la mi­nis­tre ­vient en ef­fet cor­ri­ger les ef­fets né­fas­tes de com­pres­sions bud­gé­tai­res pas­sées qui ont pri­vé les éco­les de ­conseillers pé­da­go­gi­ques en fran­çais, de bi­blio­thé­cai­res et de li­vres. Il ­faut ­veiller à ne pas ré­pé­ter les mê­mes er­reurs.
Per­son­ne ne ­peut di­re non ­plus si Mme Cour­ches­ne ou ses suc­ces­seurs ne suc­com­be­ront pas à l’en­vie de tra­fi­quer les exa­mens du mi­nis­tè­re et ­leur cor­rec­tion ­pour ob­te­nir des ­taux de ré­us­si­te ­plus re­lui­sants. De­vant des élec­teurs, il est tel­le­ment agré­a­ble ­pour un po­li­ti­cien de pou­voir di­re que ses dé­ci­sions et ses ac­tions ont don­né des ré­sul­tats po­si­tifs tan­gi­bles.
Un sui­vi d’un or­ga­nis­me per­ma­nent pour­rait sûre­ment évi­ter les dé­ra­pa­ges. Un re­gard ex­té­rieur au mi­nis­tè­re per­met­trait aus­si de s’as­su­rer que ce qui a été pro­mis est ré­ali­sé ­dans des dé­lais rai­son­na­bles. Ce n’est pas un ­luxe ­dans un mi­lieu où la confian­ce ne rè­gne pas, ­tant à ­l’égard du mi­nis­tè­re, des com­mis­sions sco­lai­res que des en­sei­gnants.
Par ­ailleurs, il n’est pas su­per­flu de rap­pe­ler que la qua­li­té du fran­çais ne re­po­se pas uni­que­ment sur le tra­vail des en­sei­gnants et du per­son­nel sco­lai­re. C’est une res­pon­sa­bi­li­té par­ta­gée des en­fants, des pa­rents, des mé­dias et de ­tous les ac­teurs de la so­cié­té.
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