Chose promise, chose due. La ministre de l'Éducation, Michelle Courchesne, a livré un plan d'attaque pour l'amélioration du français à l'école, qui reprend presque point par point les recommandations du comité Ouellon sur l'apprentissage de l'écriture. Difficile d'être contre la vertu, les objectifs de la ministre font l'unanimité.
Dès l'an prochain, l'accent sera donc mis sur la maîtrise du français à l'école primaire et secondaire: une heure de lecture par jour, plus d'écriture, des dictées, davantage de contrôles... Bref, un resserrement de l'enseignement. Premier bémol: pourquoi s'arrêter en si bon chemin? Ce retour à la ligne dure devrait se poursuivre au collégial et à l'université.
En outre, le plan de la ministre Courchesne met l'accent sur le français écrit. Très bien. Mais n'oublions pas l'oral. Les «ça la» et les «si j'aurais» prolifèrent autant que les poux et les rhumes dans les écoles du Québec. Un retour à un français plus châtié, de l'école primaire à l'université, ne ferait de mal à personne.
Au total, le plan Courchesne compte 22 recommandations qui répondent en partie aux inquiétudes de la population. L'accent n'est pas seulement mis sur les efforts qu'auront à faire les élèves, mais aussi sur la formation des maîtres, qui est absolument déficiente. Comme le président du Conseil supérieur de la langue française, Conrad Ouellon, l'a déclaré l'automne dernier: «Je ne crois pas que les professeurs qui sortent des programmes de formation sont à même de prendre en charge de manière totalement efficace l'enseignement du français.» La ministre promet donc de les outiller et de les soutenir davantage, en plus de les soumettre à une formation plus ambitieuse.
Même si tout le monde s'entend pour dire que la qualité du français au Québec ne repose pas uniquement sur les épaules des enseignants, il est clair qu'on attend beaucoup de leur part. Non seulement sont-ils les maîtres qui enseignent à nos enfants, ils sont aussi leurs modèles. S'ils s'expriment mal, s'ils commettent des fautes d'orthographe, s'ils ne lisent que rarement un livre, bref s'ils n'ont pas une culture assez large, on ne doit pas s'attendre à des miracles de leur part. Vont-ils embarquer dans le plan de la ministre Courchesne ou vont-ils se braquer en reprochant à la ministre d'empiéter sur leur autonomie parce qu'elle impose un temps de lecture et des dictées? La balle est dans leur camp.
Autre bémol: la ministre de l'Éducation est demeurée très discrète sur la façon dont elle compte s'assurer du succès de son plan. À l'exception de l'ajout de deux contrôles supplémentaires en écriture, l'un en quatrième année l'autre en deuxième secondaire, ce plan ne prévoit pas de mesures pour s'assurer que les recommandations soient appliquées et surtout, qu'elles donnent les résultats escomptés. S'attend-on à un changement d'ici deux ans, cinq ans ou 10 ans? Et qui se chargera d'apprécier les progrès? Sur ces questions, le plan est trop flou.
Enfin, on ne répétera jamais assez que français ne se vit pas en vase clos. La famille, les médias, l'ordinateur ont une grande influence dans la vie des jeunes. En ce sens, la proposition du président de la Fédération des commissions scolaires de lancer une vaste campagne de promotion du français est à considérer.
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