Une femme auteur reste auteur, rappelle l'Académie française

La féminisation des noms de métiers, fonctions, grades ou titres

Chronique de Marie-Hélène Morot-Sir

L’incident qui a eu lieu dernièrement à l’Assemblée nationale française au sujet de la féminisation des noms de métier a fait réagir l’Académie française.

Conformément à sa mission, défendant l'esprit de la langue et les règles qui président à l'enrichissement du vocabulaire, l'Académie française rejette un esprit de système qui tend à imposer, parfois contre le vœu des intéressées, des formes telles que professeure, recteure, sapeuse-pompière, auteure, ingénieure, procureure, etc., pour ne rien dire de chercheure, qui sont contraires aux règles ordinaires de dérivation et constituent de véritables barbarismes.
Le français ne dispose pas d'un suffixe unique permettant de féminiser automatiquement les substantifs
Elle rappelle ensuite les différentes étapes précédant l'introduction des règles de l'Assemblée nationale, dont une « créée à l'initiative du Gouvernement (décret du 29 Février 1984), "chargée d'étudier la féminisation des titres et des fonctions concernant les activités des femmes" ».
Déjà, à l'époque, l'Académie avait souligné que désigner les genres grammaticaux par « masculin » et « féminin » induisait à l'erreur, il fallait préférer « non marqué » et « marqué ».
Au sujet du genre « marqué » (appelé couramment « féminin ») : « Ce genre souligne une marque privative. Elle affecte le terme marqué d'une limitation dont l'autre seul est exempt. À la différence du genre non marqué, le genre marqué, institue entre les sexes une ségrégation », expliquaient Georges Dumézil et Claude Lévi-Strauss, académiciens.

Dans la perspective d'une égalité complète des membres de l'Assemblée nationale, ou même de la société, proposé par la Commission de terminologie en 1984, l’Académie française avait déjà expliqué ci-dessus que l'article et le genre à employer qui avait été désignés c’est à dire le « non marqué » donne le résultat inverse de ce que l'Assemblée nationale française s'attache à vouloir faire respecter à ses élus pour contenter les féministes, puisque le genre “non marqué” institue au contraire une ségrégation entre les sexes !.

On peut craindre, ainsi définie, que la tâche assignée à cette commission ne procède d’un contresens sur la notion de genre grammatical, et qu’elle ne débouche sur des propositions contraires à l’esprit de la langue.
Il convient en effet de rappeler qu’en français comme dans les autres langues indo-européennes, aucun rapport d’équivalence n’existe entre le genre grammatical et le genre naturel. Ainsi l'allemand ou l'anglais, disposent eux aussi d'un "non-genre" : le neutre. Nous le retrouvons en français, par exemple, quand on dit un auteur, un ministre, un maire etc... c'est ce Neutre qu'on emploie, ces termes indiquent des fonctions, ce sont des termes génériques donc neutres cela n'indique en rien de quel sexe est la personne qui occupe cette fonction !
L'Académie française revient également sur ce texte de 2000 de l'Assemblée nationale française, en plaçant certains éléments en gras :

« Un catalogue de métiers, titres et fonctions systématiquement et arbitrairement "féminisés" a été publié par la Documentation française, avec une préface du Premier ministre. La presse, la télévision ont suivi avec empressement ce qui pouvait passer pour une directive régalienne et légale » (déclaration adoptée à l'unanimité dans la séance du 25 mars 2002). Or aucun texte ne donne au gouvernement « le pouvoir de modifier de sa seule autorité le vocabulaire et la grammaire du français »

Curieusement en instituant ces règles grammaticales propres à l'Assemblée nationale, le gouvernement déclarait implicitement que l'Académie française avait seulement une fonction de recommandation, alors qu'elle est absolument la « gardienne » et la seule de notre Langue française.
Source :
http://www.academie-francaise.fr/actualites/la-feminisation-des-noms-de-metiers-fonctions-grades-ou-titres-mise-au-point-de-lacademie

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Marie-Hélène Morot-Sir151 articles

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Auteur de livres historiques : 1608-2008 Quatre cents hivers, autant d’étés ; Le lys, la rose et la feuille d’érable ; Au cœur de la Nouvelle France - tome I - De Champlain à la grand paix de Montréal ; Au cœur de la Nouvelle France - tome II - Des bords du Saint Laurent au golfe du Mexique ; Au cœur de la Nouvelle France - tome III - Les Amérindiens, ce peuple libre autrefois, qu'est-il devenu? ; Le Canada de A à Z au temps de la Nouvelle France ; De lettres en lettres, année 1912 ; De lettres en lettres, année 1925 ; Un vent étranger souffla sur le Nistakinan août 2018. "Les Femmes à l'ombre del'Histoire" janvier 2020   lien vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=evnVbdtlyYA

 

 

 





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6 commentaires

  • Marie-Hélène Morot-Sir Répondre

    29 octobre 2014


    A De Roche Aurore,
    Soyez sans inquiétude nous ne perdons pas en France l’usage de notre belle langue française ainsi que vous l’écrivez. Nos élites et plus particulièrement les sciences ou le commerce, sont particulièrement touchés par la langue anglaise, mais puisque vous habitez dans le sud de la France tout comme moi, il vous est possible d’ observer combien dans toutes nos régions, nous tous les habitants de la France profonde, nous parlons un français des plus justes et des plus corrects.
    A travers le monde, on "baragouine" l'anglais par nécessité alors que l'on se pique de parler FRANCAIS car parler FRANCAIS reste de par le monde un signe de culture et de richesse intellectuelle. Comme quoi notre belle langue Française a toujours de beaux jours devant elle malgré les manigances et la complaisance de certains de nos élus et dirigeants politiques sans doute poussés par cette mondialisation à outrance. Ce temps prendra fin et le Français restera toujours une langue parlée sur les cinq continents dont le nombre des locuteurs de plus de 200 millions actuels, s’étendra encore dans les années à venir...
    Commençons par la préserver des barbarismes dans lesquels la féminisation des noms de métier voudraient nous entraîner, n’utilisons jamais certains mots anglais que les médias distillent si facilement sans cesse, comme l’horrible “booster' ! alors que nous avons tant à notre disposition de magnifiques synonymes en Français..
    Résistons !
    si vous voulez me joindre :lepanperdu@orange.fr

  • Archives de Vigile Répondre

    26 octobre 2014

    Jeune femme française,vivant dans le sud de la France,j'ai lu ici et là,que la féminisation des mots originairement masculin ne saurait être utilisée.L'Académie française en a reconnu l'usage,bien défini,pour les mots
    reconnus par elle même.
    Toutefois,une française comme moi amoureuse aussi de ma langue,ne se
    satisfait pas des barbarismes que provoquent certains de ces mots.
    Certes,dire d'une secretaire(secretairesse)aurait été ridicule.
    Beaucoup d'entre nous,au moins en France,déplorent les anglicismes de plus en plus nombreux.
    A contrario,je suis déçue et heureuse,que nous perdions l'usage de notre langue,si difficile par ailleurs,et que vous la souteniez avec ferveur.
    Devrons nous un jour venir dans votre beau et grand pays,le Québec,pour
    faire réapprendre à nos enfants le français,dont vous serez les détenteurs légitimes.
    La loi "Toubon"avait voulu la préserver,il est regrettable que les télévisions françaises diffusent ces émissions si fades,destinées à gaver les
    téléspectateurs,en lieu et place de culture (sauf Arte évidemment).
    Je n'ai que trente deux ans,certes ingénieur-e,ce qui ne garanti en rien la culture générale et le français en particulier,mais ma soif d'apprendre est intacte.
    Un grand merci,à ce propos,à Monsieur Bernard Pivot qui a contribué à nous faire aimer cette langue,douée d'une excellente précision,comme le dit la
    chanson "dans le verbe et dans le geste".
    Merci à tous ceux qui contribuent à sa préservation............sans oublier nos ancêtres Grecs et Romain bien entendus !.

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    22 octobre 2014

    Ivan,
    Nous semblons à peu près sur la même longueur d'ondes cette fois.
    Or j'ai dû, en ce cas-ci, me renseigner de plus près sur les activités de l'Académie française, que nous avons l'habitude de voir comme un peu poussiéreuse (et l'arrivée de Laferrière arrange rien:-). Je l'ai quand même apprivoisée puisque nous devons en tenir compte si nous persistons à parler français en dépit du canadian national building. Et ça nous astreint à des détails qu'il suffit d'apprendre, au même titre que le participe passé, désormais ignoré chez nous.
    Ivan, le détail que je veux rappeler à TOUS, ici, c'est l'abréviation du mot "Madame". Encore une fois, le mot "Monsieur" donne M. (avec le point parce qu'il ne finit pas avec la même lettre que le mot entier) mais le mot "Madame" donne Mme (sans le point parce qu'il finit avec la même lettre, e, que Madame). Comme Dr (sans le point) pour Docteur, ou Sr pour Soeur Sainte Rita.
    Ça fait aussi partie du génie de la langue française. Il nous faut nous rappeler mutuellement ces détails puisqu'ils passent facilement sous la faux de l'anglicisation mondiale, à laquelle Nous n'échappons pas au Québec comme en France.
    Et à propos de la langue anglaise, celle-ci portant comme signe de neutralité le "it" entre le "he" et le "she", elle évite la confusion qui est la nôtre dans la convention qui rend le neutre par la forme masculine en français. Confusion responsable de notre pulsion à franciser les titres et fonctions des femmes au Québec et autres endroits sous notre influence.

  • Archives de Vigile Répondre

    22 octobre 2014

    Mme. Morot-Sir est pourtant une femme équilibrée, prolifique et bien dans sa peau. Elle n'a pas à être égratignée au passage par des féministes acides et étroites. Les "inventeuses" ou "inventatrices" de tout poil de barbarismes sexistes devraient réfléchir deux fois avant de pousser les haut-cris et nous forcer à adopter justement ces ridicules féminisations, ce changement du neutre au féminin. Tant qu'aux hommes dits roses. il serait aussi peut-être temps qu'ils prennent des couleurs plus réalistes. Quand je suis allé chercher ma compagne au ViêtNam, je suis allé trouver non pas une servante mais une compagne de vie. Je considère donc, que, suivant les circonstances, il n'y a pas de raisons qu'elle se tape toutes les tâches ménagères. Je trouve normal de partager ces choses. Elle n'a pas besoin de crier sur les toits sa féminité, elle l'assume, elle la vit. Je ne suis pas pour autant un homme dit rose. Elle est une femme, je suis un homme, avec toues nos différences et nos similitudes. Ni l'un ni l'autre n'est inférieur ou supérieur à l'autre. Nous nous complétons, c'est tout, ce n'est pourtant pas compliqué à comprendre. Elle est secrétaire dentaire. Secrétaire est un mot neutre. On sexualise le mot par un ou une. Pour satisfaire les féministes enragées, faudrait-il dire une secrétairesse? Ridicule n'est-ce pas, alors pourquoi créer ces barbarismes? Par complexe d'infériorité?
    Je lève mon chapeau à Mme. Morot-Sir pour avoir le courage qu'elle a eu de dire tout haut ce que pense une grande partie de la population tout bas et pour éclairer la poudrière des frustrées incorporées. Le féminisme c'est un peu comme les syndicats, ils sont, tous les deux, un mal nécessaire et, pour les deux, ce sont les exagérations qui font mal, surtout aux intéressés(ées)...hum!

    Ivan Parent

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    21 octobre 2014

    L’auteur Marie-Hélène connaît la détermination des Québécoises à féminiser leurs titres. Elle constate aussi que les Québécois roses suivent facilement dans le sillage. Et cette « fierté de chef de file » en la matière tend même à résister à tout argumentaire contradictoire : « L’Académie française, c’est démodé ! » On a même vu le maire Denis Coderre de Montréal, le 13 mai dernier, aborder madame Anne Hidalgo, fraîchement autoproclamée « la maire de Paris » : « Madame la mairesse, j’peux t’appeler Anne ? »…doublement envahie par la familiarité québécoise, mais non étrangère aux empiètements machistes dans le monde du travail en France, elle l’a suivi dans le ruisseau en commentant : « Nos nouvelles relations sont bien parties… » avec un sourire entendu.
    Nonobstant notre engagement à nous démarquer en Amérique française, il conviendrait que nous fassions un examen de « conséquence »: Le québécois est-il une langue ? Notre langage peut-il impunément se dissocier de la langue française ? Tout en vivant notre assimilation "canadian", devrons-nous opposer notre propre Académie québécoise à l’Académie française (datant de 1635) ? Téméraires serions-nous de répondre OUI à ces interrogations. D’où la nécessité pour les Québécois de considérer cette réalité crue qu’affronte même l’Assemblée nationale française : « … et de l’usage, seule l'Académie française a été instituée « la gardienne ».
    Bon, il va donc falloir jeter du lest sur certains points : elle ( l’Académie) rejette un esprit de système qui tend à imposer, parfois contre le vœu des intéressées, des formes telles que professeure, recteure, sapeuse-pompière,auteure, ingénieure, procureure, etc., pour ne rien dire de chercheure…(véritables barbarismes!) Explication :
    Les fonctions n’appartiennent pas en effet à l’intéressé : elles définissent une charge dont il s’acquitte, un rôle qu’il assume, une mission qu’il accomplit. Ainsi ce n’est pas en effet Madame X qui signe une circulaire, mais le ministre, qui se trouve être pour un temps une personne de sexe féminin ; mais la circulaire restera en vigueur alors que Madame X ne sera plus titulaire de ce portefeuille ministériel (peut-être une autre Madame X quand même?). La dénomination de la fonction s’entend donc comme un neutre et, logiquement, ne se conforme pas au sexe de l’individu qui l’incarne à un moment donné.
    Rapprochement possible quand même avec l’Académie, si on poursuit la lecture de la référence fournie par Marie-Hélène :
    En 2002, l’Académie française, opposée à toute détermination autoritaire de l’usage, rappelait qu’elle avait tenu à « soumettre à l’épreuve du temps » les « recommandations » du Conseil supérieur de la langue française publiées en 1990 au Journal officiel au lieu de les imposer par décret, bien qu’elle les ait approuvées et enregistrées dans la 9e édition de son Dictionnaire : elle a en quelque sorte libéré l’usage, en laissant rivaliser des formes différentes sans chercher à en proscrire autoritairement aucune, jusqu’à ce que la meilleure l’emporte. C’est à cette attitude, conforme à la manière dont elle a exercé continûment son magistère depuis près de quatre siècles, qu’elle entend demeurer fidèle.

    Académie française
    le 10 octobre 2014

  • Archives de Vigile Répondre

    20 octobre 2014

    Laver plus blanc que blanc ? Faudra-t-il laver plus blanche que blanche selon que la lessive est composée majoritairement (au poids ou au volume ?) de vêtements féminins (traditionnellement féminins, devrais-je-dire !) car parler de vêtements masculins ou féminins pourrait être déjà en soi discriminatoire ! Tout peut se porter par n'importe qui, rien selon nos absolutistes du genre ne distinguant plus guère l'homme de la femme !