Philippe Couillard doute de l’attachement profond de François Legault au Canada. Le premier ministre réagissait aux réponses plus ou moins adroites du chef caquiste face aux questions du Journal sur son appartenance au Canada.
Il y avait de quoi se moquer de certaines des formules de François Legault qui tentait de jouer au fédéraliste de grand cru. Le chef de la CAQ a poussé la note jusqu’à lier sa fierté d’être canadien au « filet social ». Plutôt tiré par les cheveux.
Monsieur Legault, un ancien ministre péquiste, aurait dû se contenter de dire qu’après deux référendums et quatre décennies de débats référendaires, il voulait passer à autre chose. Et qu’en ce sens, il vit bien avec l’idée que le Québec demeurera dans le Canada tout en promettant de mettre tous ses efforts pour que le Québec y progresse.
Cette réponse aurait été plus proche de la vérité, plus crédible. Et en l’exprimant ainsi, la démarche personnelle de François Legault s’apparente à celle de centaines de milliers de Québécois qui ont cheminé. J’en fais partie.
Attachement au Canada
J’ai néanmoins sursauté en remarquant l’angle d’attaque du chef libéral. Selon lui, la faute de Legault consiste à ne pas démontrer « un attachement profond » au Canada. Désolé, mais il ne s’agit réellement pas d’un prérequis pour être premier ministre du Québec. Même pour un premier ministre fédéraliste. Même pour un chef du Parti libéral.
Ce qui m’importe avant tout, c’est la fidélité première au Québec. Il n’y a pas, pour moi, de façon plus explicite de décrire ce que j’attends d’un premier ministre du Québec. Il doit à tout moment faire preuve d’une loyauté indéfectible au peuple du Québec.
Le Québec constitue une minorité linguistique dont la survie tient du miracle sur le continent. Le Québec se bat depuis des siècles pour que son Assemblée nationale contrôle les pouvoirs essentiels à sa pérennité et à son développement. Je ne veux pas jouer les dramatiques et crier à la disparition de notre nation. Mais seulement rappeler le devoir sacré de celui qui devient notre premier ministre à tous.
AU PLQ
Cette fidélité première au Québec a été maintes fois exprimée à l’intérieur même du Parti libéral. Jean Lesage a mis le cap sur la notion de « Maîtres chez nous ». Puis le PLQ s’est formellement dissocié du Parti libéral fédéral au sortir de la Révolution tranquille. Puis, pendant quatre mandats sous Robert Bourassa, les formules pour exprimer sa première loyauté au Québec ont nourri la littérature politique.
Par ailleurs, les souverainistes doivent être amusés de ces tests futiles de pureté fédéraliste. Généralement, c’est leur camp qui attire les moqueries avec des prises de sang pour déterminer qui est indépendantiste pur ou pas. Si la pureté doit être mesurée, monsieur Couillard devrait s’inquiéter des dons faits par son président de campagne électorale à Jean-François Lisée.
L’attachement au Canada n’est pas un péché. Mais il n’a rien à voir avec le rôle de premier ministre du Québec.