Si le Québec tranchait?

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La mort annoncée du Bloc permettrait-elle un renouvellement des rapports de force entre Québec et Ottawa ?

Le retour progressif des conservateurs comme une force politique au Québec pourrait changer la donne. Pas seulement sur la scène politique québécoise, mais même à l’échelle du Canada.


Commençons par dire que les conservateurs québécois ont livré la marchandise ce week-end. Tout y était. Un cahier de proposition susceptible de plaire aux Québécois. Un ancien chef du Bloc qui signe sa carte de membre. Le maire de Trois-Rivières qui annonce subtilement son goût de faire le saut avec Andrew Scheer.


Il reste du travail à faire, mais disons qu’on n’a pas vu une offensive aussi structurée des conservateurs depuis belle lurette. Mettons dans la balance ce sondage publié dans le Globe and Mail qui montre une remontée de 12 points du parti, et tout semble indiquer le retour d’une véritable lutte « bleus contre rouges » au Québec.


Trudeau dominant


Voici ce qui change le portrait. Depuis que Justin Trudeau dirige les destinées du Canada, il est essentiellement seul sur le terrain au Québec. La présence d’un autre parti qui le menace met une pression supplémentaire sur le premier ministre et son équipe. Il s’agit d’une bonne nouvelle. En politique, comme dans le commerce de détail, la concurrence est une bonne chose qui sert les citoyens.


Ce qui change aussi la donne, c’est le fait que cette nouvelle concurrence au Québec se passe entre les deux principaux partis au Canada : les libéraux et les conservateurs. Ceux qui ont les véritables chances de former le prochain gouvernement.


Or, si l’on regarde les tendances, ces deux formations sont tout près d’être nez à nez en additionnant les autres partis du Canada. On peut donc facilement imaginer un scénario où les 78 sièges du Québec feraient la différence, carrément. En somme, le Québec choisirait qui dirigera le Canada. Trudeau ou Scheer ? Justin ou Andrew ? Les libéraux ou les conservateurs ?


Les Québécois pourraient même prendre goût à cette position stratégique. Personne ne peut se foutre du Québec. Les deux chefs et leur parti se retrouveraient en obligation absolue de nous faire les yeux doux.


On vous écoute !


L’électeur québécois confortablement installé dans son fauteuil écouterait ce que chacun a à offrir. On nous promettrait fidélité, respect de nos compétences, reconnaissance de nos différences, budgets pour nos infrastructures, etc. Un scénario rêvé !


Surtout, il s’agit d’un scénario qui détonne par rapport aux dernières décennies de politique fédérale en sol québécois. Dans les belles années du Bloc québécois, le Québec se donnait une voix propre. Des députés qui n’auraient pas à faire de compromis pancanadiens. Du même coup, le Québec s’excluait largement du pouvoir.


Puis, la vague orange a envoyé une cohorte de députés néo-démocrates qui devenaient les critiques de Stephen Harper. Pas plus au pouvoir. En 2014, les Québécois ont fourni à Justin Trudeau sa majorité.


Il faut remonter aux années 80 pour retrouver une configuration politique où les sièges québécois déterminent tout simplement le gagnant.


En termes de pouvoir québécois à Ottawa, c’est probablement une nouvelle ère qui se prépare.