La Grèce et ses créanciers sont parvenus, lundi 13 juillet au matin, à un accord pour sauver le pays d'une inévitable banqueroute. Athènes a accepté beaucoup de sacrifices pour rester dans l'euro...plus que ce qu'elle pouvait sans doute imaginer.
A la sortie d'une nuit blanche et de 17 heures de négociations visant à renflouer les caisses vides de son pays, le chef du gouvernement grec, Alexis Tsipras, s'est exprimé brièvement devant la presse: « Le gouvernement grec a livré jusqu'au bout un combat juste, qui a débouché sur un accord difficile mais [qui garantit] la stabilité financière et la relance en Grèce».
Dans les faits, en apposant lundi 13 juillet au matin son paraphe sur le document commun accordant à la Grèce un nouveau prêt de 80 milliards d'euros, le leader de Syriza vient de reprendre à son compte l'ensemble des requêtes formulées par ses créanciers (FMI, BCE, UE) depuis des mois -et contre lesquelles il avait fait campagne- allant même jusqu'à approuver une perte de souveraineté de son pays au profit de la Commission européenne.
- Quelles réformes attendent concrètement les Grecs ? Selon les termes de l'accord qui a été rendu public lundi 13 juillet dans la matinée, Athènes s'engage essentiellement à augmenter la TVA, à réformer drastiquement son système de pensions de retraites et à adopter un nouveau code civil afin de réduire les coûts en matière de justice. Le pays devra par ailleurs remettre à plat son marché du travail, «en suivant les recommandations émises dans la boîte à outils de l'OCDE». Les points évoqués dans le texte, et qui visent à aligner la Grèce sur de «meilleures pratiques internationale et européenne», concernent les ouvertures dominicales, les périodes de soldes, la transformation des professions réglementées, etc. Enfin, l'administration grecque sera également réformée. Ces mesures, qui avaient pourtant été rejetées par le gouvernement Tsipras le 26 juin puis par 61% des Grecs le 5 juillet lors du référendum, seront donc votées et mises en oeuvre par Athènes dans les jours qui viennent.
- Quelles nouveautés ? Pour l'économiste français Henri Sterdyniac, le compromis signé lundi matin par les Grecs est «pire que ce qu'il y avait sur la table il y a 15 jours. On assiste ici à une vengeance de l'Allemagne, qui n'a pas digéré le référendum grec.» Les Européens ont en effet «durci» le ton en imposant désormais à Athènes un lourd programme de privatisations. Le pays est donc contraint de céder une bonne part de ses infrastructures liées au transport (port, etc) et à l'énergie pour ramener de l'argent frais. Les actifs ainsi dégagés -50 milliards d'euros sont attendus- seront regroupés au sein d'un fonds indépendant, géré depuis Athènes. Jusqu'au bout de la nuit, l'Allemagne a pourtant plaidé pour que les actifs grecs soient administrés depuis le Luxembourg, mais n'a finalement pas obtenu gain de cause sur ce point. Par ailleurs, selon l'accord nombre de décisions économiques, prises en Grèce seront désormais directement soumises à l'approbation des institutions européennes. Pour Henri Sterdyniac la Grèce perd ici «une grande partie de son indépendance et sera gérée depuis la Commission à Bruxelles».
- Le FMI, bête noire des Grecs, reste-t-il dans la boucle ? Selon le texte visé ce matin, la Grèce sera dans l'obligation de renégocier avec le fonds monétaire international en mars 2016 à l'échéance du troisième plan d'aide délivré par les Européens lundi. Un nouvel échec pour Athènes qui souhaitait sortir le FMI de la liste de ses créanciers. Le fonds, dirigé par Christine Lagarde, est perçu par de nombreux Grecs comme la cause principale de leurs maux actuels. Le gouvernement Tispras a d'ailleurs prêté au FMI une «responsabilité criminelle» dans la crise que traverse le pays.
- Quel avenir pour la Grèce ? Que faire de sa dette ? Outre la cure d'austérité que les Grecs s'apprêtent à vivre, et la probable crise politique à venir, l'avenir financier de l'état hellène n'est pas pour autant assuré, malgré l'accord conséquent que le pays vient de sceller avec l'Europe. En effet, Athènes doit d'ici demain rembourser une dette de 146 millions d'euros à l'un de ses créanciers privés et ce alors que ses caisses sont vides. Un nouvel échec à honorer un remboursement de la part d'Athènes pourrait lui fermer les portes des marchés financiers pour des années. Et faute de pouvoir s'y financer dans l'avenir -comme les autres pays- Athènes risque d'accroître encore un peu plus sa dépendance financière vis-à-vis de Bruxelles, d'autant plus que les partenaires européens ont refusé d'effacer une partie de sa colossale dette (315 milliards d'euros), l'empêchant ainsi de reprendre pied financièrement. Pour l'économiste Henri Sterdyniac: «Athènes va être forcée de vendre à bas prix nombre de ses infrastructures -notamment aux Allemands qui vont se payer des pans entiers de l'économie grecque- ce qui représente une lourde menace pour l'avenir du pays...Malheur donc aux vaincus !».
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