Réponse à Étienne David-Bellemare

La noble quête de l'indépendance du Québec

Chronique de Bernard Desgagné

Contrairement à ce qu'affirme dans une lettre ouverte Étienne David-Bellemare, Patrick Bourgeois et les autres dirigeants du Réseau de résistance du Québécois (RRQ) ne sont certainement ni xénophobes, ni racistes. Sinon, que ferait justement M. Bourgeois à venir parler aux Saguenéens des peuples en lutte de la terre, comme les Catalans, les Basques ou les Écossais? Pourquoi le journal Le Québécois se serait-il intéressé au sort des Palestiniens? Pourquoi aurais-je écrit des articles dans ce journal sur le drame des Rwandais? Pourquoi Patrick Bourgeois aurait-il pourfendu les radios poubelles de Québec pour avoir vomi des insultes sur les Haïtiens?

Patrick Bourgeois n'a condamné ni l'immigration, ni les immigrants. C'est M. David-Bellemare qui lui prête cette intention. L'anglicisation du Québec est causée par l'emprise fédérale sur le Québec, et non par l'immigration comme telle. Une partie des immigrants se greffe à la colonie anglo-canadienne du Québec parce que le Québec est obligé d'entretenir des institutions anglaises séparées, au lieu d'avoir une langue nationale partagée par tous les citoyens, dans un esprit fraternel et républicain, sans égard aux origines ethniques ou raciales. Nous nous attristons de voir des immigrants choisir l'anglais plutôt que le français, mais nous comprenons que c'est le bilinguisme assimilateur que nous impose Ottawa qui en est la cause. Un Québec souverain aurait une véritable langue nationale, à l'instar de beaucoup d'autres pays, y compris le Canada anglais et les États-Unis.

Recul du français

Le recul du français au Québec ne fait aucun doute, et vouloir que le Québec soit français est une attitude de peuple normal. Pourquoi serait-il raciste ou xénophobe pour le peuple québécois de vouloir vivre dans sa langue alors que le même comportement, à Toronto ou à Vancouver, ne le serait pas? Au Canada anglais, 99,5 % des substitutions linguistiques favorisent l'anglais. Les Canadiens anglais sont-ils racistes pour autant? La concurrence linguistique au Québec, situation typique d'un peuple colonisé, nuit à la démocratie et à la solidarité. Une partie de la population du Québec refuse de parler la langue nationale et impose à la majorité la minorisation au sein d'une fédération à laquelle le Québec n'a jamais adhéré librement.

M. David-Bellemare se plaint que «le système de santé québécois est charcuté depuis les 30 dernières années et ce peu importe le parti politique au pouvoir». Or, on peut faire un lien très clair entre l'anglais au Québec et la dégradation prévisible des soins de santé. L'apartheid linguistique de la clique anglo-canadienne gravitant autour de l'Université McGill coûtera très cher aux contribuables québécois. Pour doter cette clique de son propre centre hospitalier universitaire, il faudra débourser plusieurs milliards de dollars. Où est la justice sociale dans tout cela? Est-il normal que Montréal ait deux centres hospitaliers universitaires, dont un qui fonctionnera en anglais pour cause de refus de solidarité sociale, tandis que les autres grandes villes nord-américaines en ont un seul? Y a-t-il un grand centre hospitalier universitaire français à Toronto? Est-il acceptable que des milliards de dollars soient dépensés simplement pour permettre à une fausse minorité de vivre dans sa bulle linguistique, tandis qu'ailleurs au Québec, les services de santé font cruellement défaut? Il devrait y avoir un seul centre hospitalier universitaire à Montréal.

Rouleau compresseur

Contrairement à ce que laisse entendre M. David-Bellemare, la libération nationale des Québécois va bel et bien dans le sens du refus des politiques néolibérales. Elle s'oppose au rouleau compresseur culturel et au bellicisme qui accompagnent ces politiques. Ainsi, Ottawa dépense chaque année près de 6 milliards de dollars pour le matériel militaire servant à envoyer de jeunes Québécois se faire tuer en Afghanistan, dans une guerre d'occupation qui fait beaucoup souffrir la population afghane. Et ce n'est qu'une partie du budget annuel de 18 milliards de dollars du ministère de la Défense nationale. Les Québécois paient plus de 4 milliards de dollars sur cette somme.

En sont-ils heureux? Doivent-ils s'intéresser uniquement aux questions comme la santé et l'éducation, qui relèvent en théorie de l'État québécois, mais se résigner devant les décisions prises à Ottawa, où ils sont condamnés à être de plus en plus minoritaires? Pourtant, dépenser de l'argent pour tuer des gens implique nécessairement qu'on en a moins pour instruire la jeunesse et guérir les malades. Comme l'explique Jacques Parizeau dans son livre La souveraineté du Québec ? Hier, aujourd'hui et demain (2009), le fédéralisme canadien est un frein au développement social et économique du Québec.

Sans être une baguette magique, l'indépendance du Québec serait incontestablement l'outil le plus puissant de progrès social que les Québécois pourraient se donner. Militer pour l'indépendance du Québec à la façon du Réseau de résistance du Québécois n'a rien du nationalisme primaire et tout de la noble quête.

Bernard Desgagné

Membre du bureau politique

Réseau de résistance du Québécois

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Le nationalisme primaire débarque au Saguenay

Vendredi soir dernier, un porte-parole du réseau de résistance du québécois (RRQ),
Patrick Bourgeois, est venu déverser son nationalisme ethnique...

2010-04-12 06:47 - Commentaire d'opinion

Chicoutimi, le 10 avril 2010 - / LBR.ca /

- Vendredi soir dernier, un porte-parole
du réseau de résistance du québécois (RRQ), Patrick Bourgeois, est venu
déverser son nationalisme ethnique sur une douzaine de personnes
rassemblées pour assister à la projection de son documentaire intitulé «
Peuples en lutte ».

Connaissant un peu les positions défendues par le RRQ, j’y suis allé
dans l’optique de débattre des problématiques liées à un certain
nationalisme primaire : xénophobie, discours rétrograde sur
l’immigration, exacerbation des passions identitaires, asservissement
des questions sociales à la lutte pour la « libération nationale ». Et
force est d’admettre que nous avons été bien servis.

En effet, dès le départ, M. Bourgeois nous sert un avertissement : il y a
de moins en moins de francophones au Québec et c’est pour cette raison
que l’indépendance est plus nécessaire que jamais. Ce qu’il faut lire
entre les lignes, c’est qu’il y a de plus en plus d’immigrants et
d’immigrantes qui, semble-t-il, menacerait la survie de notre langue et
de notre culture. Comme vous pouvez le constater, la ligne est mince
voire inexistante entre une telle rhétorique nationaliste et du racisme
pure et simple. Faudrait-il rappeler à ce monsieur que le Saguenay
Lac-St-Jean a fait preuve d’une grande convivialité au passage de la
commission Bouchard-Taylor qui traitait notamment des enjeux liés à
l’intégration des nouveaux arrivants.

Après avoir utilisé des expressions comme « plan de nègre » et «
identité nationale », M. Bourgeois continue sur sa lancée en nous disant
que les déboires du système de santé québécois reposent sur le
financement injuste dont bénéficient les hôpitaux anglais à Montréal. On
aurait pu croire à la blague ou mieux encore à l’autodérision, mais
non, M. Bourgeois persiste et signe. Faudrait-il rappeler à ce monsieur
que le système de santé québécois est charcuté depuis les trente
dernières années et ce peu importe le Parti politique au pouvoir, qu’il
soit nationaliste ou fédéraliste. Encore une fois, ce nationaliste
primaire se trompe de cible. Il oblitère complètement la question de la
redistribution de la richesse au Québec et de la privatisation
progressive de notre réseau de santé public par des politiques
néolibérales, en y opposant une lutte « français versus anglais ».

Un peu plus tard, utilisant la notion de « liberté » à outrance dans un
style plutôt romantique, M. Bourgeois est déterminé à nous motiver afin
que nous engagions la lutte contre « l’impérialisme et le colonialisme
canadien ». Néanmoins, pas un mot sur le « Québec inc. », ces
entreprises bien québécoises (Bombardier, Québécor, SNC-Lavalin) qui se
sont enrichies à travers les largesses de l’État Québécois et qui
exploitent à souhait les travailleurs et travailleuses du tiers-monde.
Et c’est sans parler du récent congédiement des employés du Réveil,
propriété de Québécor et de son PDG Pierre-Karl Péladeau, un bon
québécois-blanc-francophone. C’est ce qu’on appelle la logique du deux
poids deux mesures.

Vient enfin la projection d’un documentaire très amateur à propos du
référendum symbolique sur l’indépendance de la Catalogne (région au nord
de l’Espagne). Je reste sur ma faim et j’attends la période de
questions et de discussions. Elle ne viendra jamais. M. Bourgeois doit
partir très vite et n’osera même pas engager le débat. Le messie a
terminé sa mission et doit quitter pour Baie-Comeau…

En conclusion, il apparaît important de souligner le cul-de-sac dans
lequel nous plonge cette logique nationaliste. En premier lieu, la
charge d’intolérance qui supporte cette idéologie nous mène tout droit à
une fermeture d’esprit devant la question de l’immigration. Qui plus
est, le RRQ nous propose de nous réfugier dans une étroitesse d’analyse
qui suppose que nous devrions faire l’indépendance et régler les
questions sociales ensuite. Rien de plus absurde. En effet, face au
budget 2010 du ministre Bachand qui s’attaque de plein fouet aux
conditions de vie de l’ensemble des travailleurs et travailleuses et des
plus démunis, il faudrait plutôt organiser une riposte sociale
autonome. Les mouvements sociaux ont déjà trop souffert de la mainmise
des nationalistes sur l’agenda politique.

Etienne David-Bellemare

Saguenay

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Réplique de Patrick Bourgeois

Ce que j'aime des fédéralistes de ce type, qui se dissimulent derrière une étiquette anarchiste, c'est leur propension à dissimuler certaines explications que j'ai présentées pour mieux servir leur cause.

1- Par rapport aux francophones, j'ai bien pris le temps de bien expliquer qu'ils étaient multicolores. Donc, de toutes les origines. J'ai souligné ceci en disant très clairement que je voulais qu'on comprenne bien que je ne parlais pas de Québécois de souche, mais de Québécois de toutes les origines mais parlant français. Ça me semble mauditement loin de la xénophobie. Mais ti-monsieur bellemare semble bouché ben dur. Il ne comprend que ce qu'il veut bien comprendre. Et il invente le reste.

2- Les gens peuvent tout à fait m'interrompre durant mes conférences pour réagir ou poser des questions. Normalement, il y a aussi une période de questions qui suit le vidéo que je décris d'ailleurs moi-même, en débutant les conférences, comme étant amateur, mais ce soir-là il y avait un gars saoul dans la salle qui laissait présager que le tout serait très pénible. Et je devais en effet quitter assez tôt. Donc, pas de période de questions ayant suivi un événement au cours duquel je parle durant 2-3 heures. Me semble que je donne déjà pas mal...Mais bon, c'est de bonne guerre j'imagine que de me reprocher aussi cela.

Et Étienne David-Bellemare ne m'a pas posé davantage de questions que les autres, avant, pendant ou après. Il semble préférer écrire ses petits papiers en hypocrite, bien caché derrière son clavier, là où il peut réinventer à sa guise mes propos pour me salir plus facilement.

3- Je n'ai jamais dit qu'il fallait faire l'indépendance et régler ensuite les problèmes sociaux. J'ai parlé de la colère populaire qui doit s'exprimer en toutes circonstances, et contre le budget, notamment. Mais j'ai surtout parlé des peuples en lutte. 99% du temps en fait. Que voulez-vous, c'était une conférence portant sur eux. Mais le type préfère faire un texte sur quelques formules que je lance en introduction, de manière à extrapoler et à inventer tout et n'importe quoi pour ainsi me faire passer pour un raciste et un intolérant. Belle pratique de petit démago en herbe qui met des mots dans la bouche des gens pour mieux leur cracher dessus ensuite.

4- Faut aimer me faire dire ce que je n'ai pas dit pour prétendre que j'aurais dit que le MUHC explique tous les déboires que l'on connaît en santé. J'ai tout simplement dit que c'était mauditement injuste de se retrouver face à l'obligation de payer un hôpital de 1,3 milliard$ à la communauté anglophone du Québec quand on n'a même pas les moyens de financer le réseau dans son état actuel. Pourquoi couper la poire en deux entre les francos et les anglos quand ces derniers ne représentent même pas 10% de la population?

5- Ce petit personnage qui prend la plume sans rien vérifier me reproche de ne pas m'être attaqué à PKP dans une conférence portant sur les peuples en lutte. Cherchez l'erreur!!!???? Mais une chose demeure tout de même: j'ai écrit un livre qui s'intitule Nos ennemis, les médias et dans lequel je critique à fond la caisse Quebecor. Avant de prétendre faire oeuvre journalistique, ti-monsieur Bellemare, vérifiez donc quelques trucs. Ça va vous éviter d'avoir l'air trop bête en racontant des sornettes.

Bref, Etienne David-Bellemare (etienne.davidbellemare@uqac.ca), c'est un petit connard!


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