Je ne sais pas qui conseille Mme Marois sur la langue (est-ce Jean-François Lisée?), mais jamais chef du PQ n’a autant « scoré » dans son but que Mme Marois dans les derniers jours et jamais chef du PQ n’a exprimé des idées qui sont si diamétralement opposées à toute la logique du mouvement indépendantiste des 40 dernières années, logique qui réclamait (et réclame toujours!) un Québec français et libre. L’on pensait avoir atteint le fond du baril avec André Boisclair, mais André Boisclair se gardait au moins une petite gêne; les idées qu’a exposées Mme Marois dans les derniers jours ne sont pas structurantes, ne possèdent pas de cohérence interne et partent dans tous les sens comme une poule à qui on viendrait de trancher la tête.
Entendra-t-on bientôt des slogans du genre : « Le fédéralisme, c’est l’indépendance », « l’anglais c’est le français » sortir des officines du PQ? Après cette semaine, je n’en serais plus guère surpris.
Certaines de ces idées, comme celle d’enseigner l’histoire en anglais (!!!) ont l’air d’avoir été soufflées à Mme Marois par des fonctionnaires du conseil privé à Ottawa. D’autres, comme l’imposition des clauses d’accès scolaire de la loi 101 au cégep, refusée du revers de la main par Mme Marois, sont d’une nécessité absolue et constituent un minimum vital pour ralentir l’anglicisation de Montréal.
Mme Marois a enterré l’idée d’indépendance. Un tel geste de la part de René Lévesque avait provoqué le départ de 7 ministres au début des années 1980, mais ne semble pas perturber outre mesure les membres actuels du PQ. Ceux-ci ont probablement conscience que Mme Marois est un chef par intérim, que le parti a été vidé de son sang par Lucien Bouchard, qu’il est exsangue et en convalescence. Si le PQ ne travaille plus à réaliser l’indépendance, il doit travailler à sauvegarder l’avenir; ceci signifie faire en sorte que le poids démographique des francophones au Québec ne soit pas en baisse, mais en hausse, afin que nous gardions le contrôle de notre avenir politique et gardions une chance de remporter un futur référendum, si jamais il devait y en avoir un.
La Novlangue du PQ
Certaines de ces idées, comme celle d’enseigner l’histoire en anglais (!!!) ont l’air d’avoir été soufflées à Mme Marois par des fonctionnaires du conseil privé à Ottawa.
PQ et bilinguisme
Frédéric Lacroix85 articles
PhD, Chercheur, Institut de recherche sur le français en Amérique (IRFA)
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1 commentaire
Archives de Vigile Répondre
9 février 2008Monsieur Lacroix, V
Vous résumez, à mon avis, en une courte phrase, ce qui est en train de se passer. Peut-être avez-vous écrit ceci en faisant de l'ironie et en croyant que c'était trop exagéré, trop stupéfiant pour être vrai.
Si c'est le cas, je vous mets en garde: la réalité dépasse ici la fiction.
Oui, les péquistes travaillent actuellement à nous faire croire que le fédéralisme, c'est l'indépendance. Très exactement.
Je vous remercie d'avoir cerné et décrit aussi bien, sans le savoir, le chaos dans lequel nous baignons.
C'est un drame national que nous vivons. Soyons-en conscients.