La traîtrise de Pauline Marois

PQ et bilinguisme



Quand on habite une société schizophrène que nos leaders politiciens poussent à l'extrême limite du dérisoire, ce qui confine à l'obscénité, peut-on encore s'étonner des intentions de Pauline Marois par-devers le français, si un jour, elle devait devenir la première ministre du Québec?
Par un paradoxal raisonnement, Mme Marois prétend que la meilleure stratégie pour que les allophones du Québec adoptent le français comme langue d'usage, c'est de rendre tous les francophones du Québec bilingues. Elle propose donc que l'on enseigne la langue anglaise à tous les Québécois, et cela, dès le cours primaire. Dans un article publié dans Le Journal de Montréal, elle ajoute même qu'en plus de l'enseignement de base, on devrait donner aux élèves certains cours, comme la géographie et l'histoire, en langue anglaise seulement.
Si le Parti québécois devait entériner ses propositions, ce serait pour nous la catastrophe, car l'histoire a parfaitement démontré que là où s'installe le bilinguisme de fait dans une société minoritaire, la langue de la majorité devient tôt ou tard celle de tout le monde. Il n'y a pas d'État bilingue, ce qui signifie pour le Québec qu'il ne peut, à tout prix, que protéger et renforcer le statut de la langue française.
Après la révolution bolchéviste, Lénine a tenté par tous les moyens de faire de l'Ukraine, de la Biélorussie, de la Lituanie, de la Tchétchénie et des autres satellites de Moscou des États bilingues: grâce à ce bilinguisme, il comptait intégrer parfaitement ces pays à l'idéologie communiste qu'il ambitionnait de porter partout dans le monde. Lénine savait bien que si son plan réussissait, le russe deviendrait graduellement la langue des élites, puis celle de tous ces peuples faisant partie de la fédération russe. On sait que Lénine a échoué et pourquoi il a échoué: les pays satellites de la Russie n'ont pas voulu perdre leur langue parce qu'ils tenaient à leur culture. Ce refus de devenir bilingues a contribué pour beaucoup à l'éclatement de l'empire russe.
La Chine a beaucoup appris de l'échec russe. Dès qu'elle a soumis l'État indépendant du Tibet, elle s'est mise à réaliser le rêve de Lénine, mais de façon plus pernicieuse: en envoyant par millions des colons sur le territoire tibétain dont la population chinoise y deviendra bientôt majoritaire, la langue tibétaine se retrouvera si faible par rapport au chinois, que le bilinguisme, déjà en action, deviendra rapidement un état de fait. Le tibétain finira par disparaître, comme a disparu le gaélique en Irlande après que la Grande-Bretagne l'a envahie et fait du bilinguisme son arme la plus redoutable pour soumettre les Irlandais à son idéologie.
L'État bilingue est une vue de l'esprit: la langue de la majorité finit toujours par avoir raison de celle de la minorité. Au mieux, la langue de la minorité n'en arrive plus qu'à exprimer un folklore dénué de toute force politique.
Que ce soit la chef d'un parti prétendument indépendantiste qui promeuve cette aberration qu'est le bilinguisme quand on vit dans une nation minoritaire, qui nous oblige tous les jours à nous montrer d'une extrême vigilance et sans compromis, cela dit bien la lâcheté, pour ne pas dire la trahison, d'une chef et d'un parti fondé pour promouvoir notre différence et la joie active et fière que toute nation éprouve à la rendre fleurissante.
Pauline Marois a dû étudier en anglais notre histoire. Comme elle n'entend pas grand-chose à cette langue, elle ne peut pas comprendre que son idéologie extrêmement dangereuse pour notre avenir est celle-là même que proposait Pierre Elliott Trudeau à la fin de son règne, quand, pour mettre fin à la nation française québécoise, il a proposé que le Québec devienne «district bilingue». Qui aurait cru que trente ans après, Pauline Marois se proposerait comme maîtresse d'oeuvre de la pensée pernicieuse de Trudeau?
Il m'apparaît donc urgent que le Parti québécois, à défaut de nous débarrasser de Pauline Marois la traîtresse, la soigne de sa schizophrénie galopante. Il m'apparaît aussi urgent que les Québécois francophones, par tous les moyens possibles, livrent à Mme Marois une guerre sans merci, à défaut de quoi on va finir par s'ennuyer amèrement de Gilles Duceppe et, qui l'eût pensé, même d'André Boisclair!
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Victor-Lévy Beaulieu, Écrivain et éditeur
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Victor-Lévy Beaulieu participe de la démesure des personnages qui habitent son œuvre. Autant de livres que d'années vécues, souligne-t-il à la blague, comme pour atténuer l'espèce de vertige que l'on peut éprouver devant une œuvre aussi imposante et singulière. Une bonne trentaine de romans, une douzaine d'essais et autant de pièces de théâtre ; des adaptations pour la télévision





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