La proposition Sioui

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Avant de négocier, ne faudrait-il pas lever le blocus ?


Face au blocus ferroviaire, on comprend l’exaspération de François Legault.


Il n’a pas exclu hier que la police intervienne au terme d’un ultimatum. Cette solution aurait toutefois des effets explosifs, et le premier ministre le sait. C’est d’ailleurs une intervention policière, celle du 6 février en Colombie-Britannique, qui fut l’étincelle de la crise actuelle.


M. Legault a toutefois voulu rappeler que nous nous trouvons dans un État de droit, ce que répète d’ailleurs Justin Trudeau... sans en tirer les conséquences. Or, théoriquement, c’est ainsi que ça se passe dans les États de droit. Les militants d’Extinction Rebellion qui ont grimpé sur le pont Jacques-Cartier en décembre le savent bien : ils ont été arrêtés, accusés, etc.


Dans son point de presse, hier, la co-porte-parole de QS, Manon Massé, parlait « des » autochtones comme s’il s’agissait d’un groupe homogène. Or, les points de vue y sont multiples.


Démocratie


Par exemple, on sent, dans l’entrevue qu’il m’a accordée à Qub hier, que le chef de la Nation huronne-wendat, Konrad Sioui, partage l’exaspération de nombreux Québécois.


Tout en rappelant que manifester constitue un droit fondamental qu’il ne s’est jamais privé d’exercer, il souligne qu’avec les blocus actuels des « sources vitales d’approvisionnement » sont coupées, des agriculteurs sont touchés. Or, insiste-t-il, « on a tous les mêmes besoins ». Tout le monde a besoin de céréales, de gaz propane, de médicaments. « On mange tous de la bonne sagamité... de la même soupe ! »


De plus, le projet controversé Coastal GasLink, en Colombie-Britannique, a été approuvé par une vingtaine de communautés wet’suwet’en.


« Les conseils de bande ont passé beaucoup de temps avec leur population, ont consulté leur monde, il y a eu des référendums un peu partout, et les gens l’approuvent. »


Ne pas être victime


On le sait, les chefs héréditaires pensent autrement et ont déclenché un blocus devenu pancanadien. Avec l’aide, souligne Sioui, d’une frange qui « s’invite dans ces événements et [...] qui ne sont pas nécessairement des Premières Nations, qui sont plus des activistes de tout acabit ».


Pourquoi les communautés wet’suwet’en avaient appuyé le projet ? « Parce que [...] on ne peut pas toujours être victime, victime du système, et blâmer tous les autres. »


Les nations autochtones ont grand besoin de « participer à l’économie », grand besoin de « formation professionnelle », ce sur quoi les Autochtones ont beaucoup de « rattrapage » à faire : « On a besoin de donner une chance à nos jeunes [...], de lutter contre les taux de suicide, d’agression qu’on connaît ; on a besoin d’entrepreneurs », estime-t-il.


Médiation


Alors, quelle solution ? Il faudrait s’inspirer d’une tradition autochtone, la médiation, fait-il valoir. Le gouvernement et les Autochtones doivent soumettre le problème à une tierce partie. Ça tombe bien, dit M. Sioui, le Québec compte certaines des meilleures médiatrices au monde : Louise Otis et Louise Arbour. Toutes deux juristes. L’ancienne ministre de la Justice Jody Wilson-Raybould, elle aussi juriste, pourrait se joindre à elles.


Une option à explorer en effet. Mais d’abord, ne faudrait-il pas lever les blocus ? Il faut bien commencer par la « sagamité ».





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