Politique fédérale

La tentation de Harper

Il y a de nombreuses raisons de craindre l'arrivée d'un gouvernement conservateur majoritaire.

Ignatieff - le PLC et le Québec

Les bonnes nouvelles s'additionnent pour Stephen Harper. Plus tôt cette semaine, deux sondages confirmaient l'affaissement du Parti libéral et la montée du Parti conservateur à près de 40 % de l'appui populaire, niveau jamais encore atteint depuis qu'il en est le chef. Hier, Statistique Canada annonçait un premier recul du taux de chômage depuis le début de la récession. Des conditions gagnantes qui pourraient l'inciter à vouloir déclencher des élections. Cédera-t-il à la tentation?
À cette question, il est des premiers ministres qui courraient chez le gouverneur général pour requérir la dissolution du Parlement. Opportuniste, Jean Chrétien l'a fait à deux reprises pour profiter de la faiblesse de ses adversaires. Étant à la tête d'un gouvernement minoritaire, Stephen Harper devrait, s'il voulait l'imiter, orchestrer sa propre défaite en Chambre en provoquant des votes de confiance. L'envie ne lui manque certainement pas.
L'appui au Parti conservateur apparaît solide. Il serait sans aucun doute réélu si un scrutin avait lieu ces prochaines semaines. Qui plus est, ce 40 % d'appui populaire que les sondages lui créditent maintenant laisse présager l'obtention de cette majorité de sièges aux Communes à laquelle ce parti rêve depuis des années. Sans nul doute, la perspective d'avoir enfin la capacité de mettre en oeuvre leur programme de droite ne peut que faire fantasmer le premier ministre Harper.
Il y a de nombreuses raisons de craindre l'arrivée d'un gouvernement conservateur majoritaire. Vient d'abord à l'esprit la transformation radicale des politiques sociales qui pourrait en résulter. Les politiques et les projets de loi que ce gouvernement a tenté de faire adopter sans succès ces dernières années dans le domaine de la justice nous laissent entrevoir ce que ce serait. À plus court terme, il faut se demander quel serait l'effet d'une majorité conservatrice sur l'économie.
Aujourd'hui, le premier ministre Harper et le ministre des Finances, Jim Flaherty, s'attribuent le mérite du retour de la croissance et de la création d'emplois au Canada. Tant mieux si les mesures mises en place dans le budget de la fin janvier ont contribué à ce redressement, mais il faut se rappeler qu'il y a un an, ces deux mêmes personnes niaient l'existence d'une récession et la nécessité d'un programme massif de soutien à l'économie. N'eut été de la vive réaction des trois partis d'opposition qui ont forcé les conservateurs à agir, on peut se demander où en serait l'économie canadienne aujourd'hui. Devenus majoritaires, on peut craindre que le naturel revienne au galop, le naturel pour ce gouvernement étant le retour à un libre marché où l'État intervient le moins possible dans l'économie. Il y a ici matière à réflexion pour les électeurs qui croient qu'un gouvernement minoritaire est source d'instabilité. Au contraire, on y a gagné un retour rapide à la stabilité économique.


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