La violence de l'indifférence

Désobéissance civile - Printemps québécois

La violence de l’indifférence…
Tous nous avons vu et entendu M. Charest, à l’Assemblée nationale ce mardi 17 avril, revêtant son facies de victime incomprise, nous dire qu’il y avait eu des gestes de violence à l’encontre des domiciles ou bureaux de certains de ses collègues. Et à mot à peine couvert, en imputer la responsabilité aux étudiants, bien que la preuve formelle n’ait pas été établie. Et reprenant son langage badin qui n’est pas à la hauteur de la fonction, demander à la chef de l’opposition si elle avait du «jello» dans la colonne vertébrale. Dans un article antérieur (Honte sur nous), nous avions fait part de notre honte d’une telle suffisance et arrogance dans ces lieux où on devrait faire preuve de sens de responsabilité, puisque telle est la raison pour laquelle les citoyens nous ont octroyé leur confiance.
Comment peut-on expliquer la dégradation des comportements, alors que nous avons vu que l’indifférence de l’état n’avait eu raison, jusqu’à maintenant, de la patience des étudiants qui poursuivaient de façon festive et créative à exprimer leurs doléances?
La seule réponse qui nous paraît plausible c’est : la violence générée par l’indifférence…
Lors de la manifestation, d’un nombre historique inégalé au Québec, où les étudiants de toutes les régions ont fait la démonstration d’une maturité citoyenne peu commune, en disant d’une voix qu’ils ne partageaient pas la vision du gouvernement en place, et ce de façon tellement créative par leurs costumes et leurs maquillages. Au point où, le chef de la police de la métropole est même allé jusqu’à dire : chapeau aux étudiants. Tellement les étudiants avaient fait preuve de civisme et de sens des responsabilités. Bien avant cette manifestation historique, il y en avait eu d’autres tout aussi, festives, créatives et pacifiques ; et bien après aussi il y en a eu où parents, grands-parents, groupes sociaux, syndicats, enseignants, artistes et sympathisants à leur cause se sont unis à eux. Il y a eu aussi 1000 professeurs de Cegep et 500 d’universités qui ont signé une pétition dénonçant le silence et le je m’en «foutisme» de la ministre de l’Éducation et demandant sa démission.
Qu’en ont dit ces gens en poste? Rien! Vous n’êtes pas là, vous n’existez pas, on ne vous entend pas, vous ne valez même pas la peine qu’on vous prête attention. Il n’y eut aucun mot, aucune remarque de quelque nature de la part de ces gens au pouvoir, sauf pour dénigrer voir mépriser. N’est-ce pas là un geste de violence psychologique sans nom?
Certes les matraques, le poivre de Cayenne, les bombes fumigènes ou assourdissantes qu’ont servies les policiers aux étudiants, à plus d’une reprise, sont des gestes violents. Il y a même cet étudiant qui en fut éborgné et en gardera des séquelles à vie. Mais qu’y a-t-il de plus insidieux, sournois que la violence psychologique dont l’état fait preuve par son silence et son indifférence? Et n’est-ce pas cette indifférence qui appelle des comportements de violence?
Nous avons aussi entendu, M. Gastonguay ancien ministre libéral et père de l’assurance maladie, qui ne peut être considéré comme le plus grand agitateur du Québec, rappeler à l’ordre le premier ministre en lui demandant d’être à la hauteur de la fonction qu’il occupe et de mettre un terme au conflit en cessant l’indifférence.
Et ce dimanche 22 avril, jour de Gaïa notre Terre, où des citoyens et citoyennes de toutes provenances marcheront, d’un même pas, pour manifester leur inquiétude face à l’avenir du Québec et surtout leur indignation sur la conduite actuelle de ces gens qui occupent des fonctions pour lesquelles ils font preuve plus d’apparence que de compétence.
Est-il nécessaire de parler de l’incompétence avec laquelle la ministre de l’Éducation gère le conflit actuel ; est-il nécessaire de parler des relations mafieuses du secteur de la construction dont on ne voit que la pointe de l’iceberg pour le moment ; est-il nécessaire de parler de l’irresponsabilité avec laquelle l’état s’apprête, encore une fois, à brader les ressources du Québec et nous maintenir comme des scieurs de bois, locataires et chômeurs chez nous, comme l’a si bien chanté Félix Leclerc ; est-il besoin de parler de notre inquiétude devant l’irrémédiable si nous n’agissons pas, maintenant, pour protéger notre environnement ; est-il besoin de parler de l’iniquité grandissante qui sévit ici comme ailleurs, alors que l’on continue à pontifier cette oligarchie financière qui engendrera les pires tsunamis sociaux à venir…
C’est de tout cela et d’autres indignations qui uniront ces citoyens et citoyennes pour un printemps québécois. Tous et toutes feront preuve d’un sens de responsabilité citoyenne en se manifestant.
Nous imaginons facilement l’indifférence avec laquelle le gouvernement actuel accueillera ces cris du silence.
Nous n’avons pas utilisé, sciemment, le titre de premier ministre lorsque nous avons parlé de M. Charest. Puisque nous considérons qu’il a dupé la population du Québec en disant qu’il voulait avoir les deux mains sur le volant, puisqu’il a démontré qu’il n’est pas à la hauteur de la fonction. L’a-t-il déjà été…
Fernand Cousineau Ph.D. Économiste

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Ph.D., professeur d'économie au Collège de Matane





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