Le bal des hypocrites

Mais le plus saugrenu dans toute cette histoire c’est que Jean Charest a recyclé dans sa garde rapprochée à peu près toutes les têtes opératrices de ces magouilles.

30 octobre 1995 - il y a 15 ans

C'était hier, le 27 octobre, il y a 15 ans, qu'ils envahissaient Montréal. "Qwébec, je t'aiiiiiiiiiiiiiiime". Et Jean Charest de brandir le passeport de leur pays et de nous dire: "Je l'aiiiiiiiiiiiiiiiime". Et la foule de répondre "Yesssssssssssssssss". Aussitôt dit aussitôt repartis.
Trains, autobus, avions, tout le mobilier roulant et volant du Canada avait été rendu disponible pour que le plus grand nombre de Canadians puisse participer au love-in de l'avant-veille du vote référendaire. Une déferlante. Mais qui a payé? Encore mystère et boule de gomme.

Le premier à tenter de faire la lumière sur ces dépenses fut le directeur général des élections du Québec, Pierre F. Côté. Avec beaucoup d'arrogance le fédéral a interdit à tous ses représentants de répondre à quelque question que ce soit provenant du directeur général des élections du Québec.
Quand en 2006, Normand Lester et Robin Philpot ont vidé une poubelle qui était remplie de documents (talons de chèques, résumés de dépenses, etc) d'Option-Canada prouvant que des dépenses avaient été faites et non comptabilisées dans le bilan du camp du NON, Jean Charest, alors premier ministre du Québec, a été forcé de nommer un ex-juge avec un mandat très restreint (ça vous rappelle quelque chose!) pour enquêter. Mais surtout pas d'enquête publique. Une enquête confidentielle!
Deux millions plus tard, l'ex-juge Bernard Grenier a pondu un rapport qui fut la risée de tout le monde. Lui aussi s'était vu refuser d'entendre les mandarins de l'État fédéral. Et Jean Charest, jadis vice-président du Non, n'a pas eu publiquement à refuser de s'y présenter.
L'ex-juge Grenier a quand même conclu qu'il y avait eu des dépenses non comptabilisées mais dont il n'a pas pu identifier avec assurance le montant et la source. Par contre il était prouvé que Patrimoine Canada, à lui seul, avait mis plus de 11 millions dans la campagne en plus des 5,087,000$ autorisés pour le Comité du Non.
Mais le plus saugrenu dans toute cette histoire c'est que Jean Charest a recyclé dans sa garde rapprochée à peu près toutes les têtes opératrices de ces magouilles. Notamment Stéphane Bertrand qui est devenu son chef de cabinet et Jocelyn Beaudoin, directeur général du Conseil pour l'unité canadienne qui fut nommé Délégué général du Québec à Toronto. Sans compter que le président d'Option Canada, Claude Dauphin, sévit toujours à l'hôtel de ville de Montréal. Comme quoi....
Outre les listes "pactées" (l'actuel premier ministre de l'Île-du-Prince-Edouard, Robert Ghiz, a voté au référendum de 1995, dans le comté de St-François alors qu'il était étudiant à l'Université Bishop de Lennoxville, en Estrie) et l'accélération du marathon (18 heures par jour) d'octroi de la citoyenneté canadienne aux nouveaux arrivants avec mot d'ordre d'aller voter, l'argent a coulé à flot. Notamment pour participer au bal des hypocrites.


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