Dans la foulée de l’affaire de l’école Bedford, on apprend que 17 écoles sont sous la surveillance du ministère de l’Éducation notamment pour des histoires de prières en classe et de traitement différent entre les garçons et les filles. À cela s’ajoute un reportage de La Presse faisant état d’autres manquements aux principes de laïcité dans une école de Laval où l’on retrouve une forte présence d’élèves et de membres du personnel de confession musulmane, tous des cas qui s’opposent de plein fouet à la Loi sur la laïcité de l’État et qui, par conséquent, peuvent être traités en appliquant tout simplement la loi.
Or c’est dans ce contexte que M. Legault a dit vouloir envoyer «un message très clair aux islamistes» évoquant l’idée de légiférer sur la question de la prière dans les lieux publics tout en alléguant [qu’] «on va se battre, puis jamais, jamais on ne va accepter que des personnes essaient de ne pas respecter les valeurs qui sont fondamentales au Québec»
À mon avis, de vouloir associer les cas des contestations dans certaines écoles à l’égard de l’islamisation des jeunes à l’interdiction de la prière dans les lieux publics n’a pas de commune mesure et dénote un argumentaire biaisé qui risque d’échauffer les esprits et d’attiser les tensions chez les musulmans. En revanche, je suis plutôt d’avis que François Legault se montre fidèle à sa propension à lancer des ballons d’essai et à détecter par la suite dans quel sens va l’opinion publique.
C’est bien connu, l’étoile de François Legault vacille dangereusement. Même si les récents sondages manifestent une légère remontée de la CAQ sur les intentions de vote des Québécois, elle est encore bien loin de la tête derrière le Parti québécois. M. Legault est visiblement à la recherche d’une bouée de sauvetage pour éviter le naufrage du parti dont il incarne le père fondateur. À cet effet, il a choisi une loi phare de son gouvernement, la Loi sur la laïcité de l’État. Or, l’apparence de fluidité entre les événements qui ont conduit M. Legault sur le terrain glissant des rituels religieux des musulmans dans les endroits publics risque de dégénérer en boîte de Pandore et de le déstabiliser davantage. Une lumière jaune dans le champ de vision de François Legault…
Henri Marineau, Québec
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1 commentaire
François Champoux Répondre
13 décembre 2024“Des cas qui s’opposent de plein fouet à la loi sur la laïcité du Québec”
Permettez-moi M Marineau d’en douter.
François Legault dit n’importe quoi pour ressusciter la vague caquiste d’avant sa loi discriminatoire 21. Celle-ci était et est toujours sans effet sur le prosélytisme religieux.
Vous dites que François Legault “lance des ballons d’essai”; c’est plutôt de la pure inconscience crasse sur son rang de premier ministre du Québec. Il n’a pas conscience du danger qu’il attise auprès des nostalgiques d’un temps révolu depuis plus longtemps que la Révolution tranquille.
Vous dites que l’étoile de François Legault vacille dangereusement; c’est plutôt son jugement qui va à la dérive et je serais bien curieux de connaître ce qu’en pensent ses stratèges et ses ministres ayant un peu de sens et de sang démocratique dans leurs veines.
N’oublions jamais que la loi 21 est discriminatoire, adoptée sous le bâillon et par voie dérogatoire à la charte des droits et libertés du Québec. Des juristes le reconnaissent et elle devra faire l’objet de nouvelles réflexions avant d’obtenir l’aval en forte majorité du peuple du Québec. Cette loi ne règle absolument rien en ce qui concerne l’endoctrinement et le prosélytisme. Que sur les apparences des gens et surtout que dans les institutions publiques du Québec.
La laïcité d’un état souverain, c’est la séparation des pouvoirs religieux et des pouvoirs législatifs. La liberté de conscience relève de la charte des droits et libertés de la personne et de la jeunesse du Québec, et l’État n’a pas à s’immiscer dans les religions. Si les religions abusent de la charte, c’est le pouvoir exécutif qui doit agir afin d’accuser les fautifs et de les reconnaître coupables de voies de faits contre des personnes.
La loi 21 est laxiste: elle ne traite nullement du prosélytisme et ne s’attarde que sur les apparences des gens ou les apparences de fautes dans leur exercice des services dans la fonction publique. C’est là un grave abus d’autorité en fonction de la charte des droits et libertés des personnes du Québec. C’est une grave incompétence historique et légale: le Québec est laïc depuis au moins 1975. La loi 21 ne fut qu’une promesse électorale et du fard politique sur les électeurs en rogne et craintifs du retour en arrière. La loi 21, un échec autant pour ses promoteurs que pour ses délateurs.
François Champoux, Trois-Rivières