[Marie-Claude Lortie de La Presse->6818]
relate l’histoire de l’infirmière ontarienne Mary (nom fictif)
arrivée au Québec trois ans plus tôt
et qui a échoué à deux reprises à son examen de français.
Pour Madame Lortie, bien que Mary n’ait pas réussi
son examen, elle devrait tout de même être admise
à travailler puisque sévit ici
une pénurie de personnel.
« Au Québec, tout le personnel hospitalier doit être
en mesure de servir les patients en français.
D’accord.
Mais une fois de temps en temps,
quand les circonstances le justifient,
ne pourrait-on pas assouplir les règles
et gérer l’exception ? »
Quand au Québec on assouplit les règles linguistiques
c’est l’anglais que nous gérons.
À l’hôpital, certains médecins
et techniciens ne parlent pas français.
Pour les immigrants qui n’ont pas,
pour langue maternelle le français,
cela ne pose pas de problème
car la plupart des établissements de santé
offrent des services d’interprètes.
À ceux qui parlent français
on dit : « Nous savons que vous comprenez l’anglais. »
Le député libéral du quartier Parc
Gerry Sklavounos
« maîtrise le français et l’anglais,
adoptant l’un, tantôt l’autre, selon le profil
des gens à qui il s’adresse » (Le Devoir 07-03-15)
un véritable guichet automatique de la langue
qui épargne aux non francophones
l’effort d’apprendre la langue officielle.
Dans ce quartier multiethnique, pas besoin de loupe ;
les petits caractères dans l’affichage
n’existent pas :
Cadeaux Gift Items
Special T-bone steak beef 4,99$
No smocking Défense de fumer
Les policiers qui couvrent le territoire
évaluent à 85% le nombre d’interventions
effectuées dans une langue autre que le français :
« Parfois, on est obligés de demander à des gens
sur la rue de nous servir de traducteurs parce
qu’il y a des personnes qui ne parlent même pas anglais. »
L’anglais réglerait le problème du français.
Les classes de francisation
pour adultes, en milieu communautaire,
accueillent tout au plus huit étudiants
sur une possibilité de dix-neuf.
Au supermarché, les caissiers et les caissières
opèrent eux aussi par « profilage ».
L’anglais aux minorités visibles,
le français pour les autres.
L’anglais, le tamoul, le hindi
traversent désormais le viaduc en direction est :
Marché Ariscan
Épicerie sri lankais indienne et canadienne
Poissonnerie OCN Import Florida Coast
Sofa en gros Whole sale retail.
De plus en plus d’anglophones s’installent également
dans cet ancien secteur manufacturier
où les prix des propriétés et des copropriétés
s’avèrent « very cheep » pour eux.
Dans une lettre bilingue destinée aux résidents
Sphère Média 2006 Inc.
invite les propriétaires de véhicules
à respecter les espaces de stationnement
prévus pour l’équipe de tournage.
« On utilise l’anglais parce qu’il y a des gens
qui ne comprennent pas le français.
Nous on fait des tournages en français.
On privilégie la production locale.
C’est bien important pour nous le français »
explique la responsable de la régie Mélanie Lessard.
Le français est tellement important
que l’on a recours à l’anglais.
En visite chez son amie S.
Juliette s’ennuie.
Les parents, l’un d’origine indienne,
l’autre, vietnamienne,
établis au Québec depuis plus de vingt ans,
communiquent entre eux dans un anglais approximatif
excluant de ce fait Juliette.
Le père demande à sa fille
de traduire pour Juliette :
« Tell your friend she have to speak in english. »
Speak in english, c’est semble-t-il, le moyen
de gérer l’exception
dans un Montréal
qui a perdu son caractère
français.
Car cela prend du caractère pour imposer sa langue.
Le bon caractère
Billet de Caroline
Caroline Moreno476 articles
Château de banlieue
Mieux vaut en rire que d'en pleurer !
Chapitre 1
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1 commentaire
Archives de Vigile Répondre
28 juillet 2007Je vous remercie de préciser ce triste état des choses. Gaston Miron, dans les années soixante, constatait que, lorsque tout un peuple préfère adopter une langue seconde plutôt que de s'appliquer à bien apprendre sa propre langue, il est déjà trop tard. Je travaille pour une très grande société québécoise où le français, maintes fois, est bafoué. Et je pense que les gens ne s'en aperçoivent tout simplement pas. Ils commettent de nombreux anglicismes, de nombreux calques grammaticaux de l'anglais. Je ne suis pas optimiste par rapport au français au Québec. Le Québec est déjà devenu un autre état américain, de par sa façon libérale d’échanger, de transiger et surtout de réfléchir. Ne l'oublions pas. Nous vivons d'abord et avant tout sur le continent « américain ».
André Meloche
Montréal