Le Canada anglais se réjouit de la déconfiture du Bloc québécois

Québec face à Ottawa - JJC sans le Bloc



La déconfiture du parti de Gilles Duceppe a été favorablement accueillie par la presse du Canada anglais.


Pierre-Olivier Fortin Le Soleil (Québec) Il ne se trouvait personne, mardi, parmi les scribes anglo-canadiens, pour pleurer le sort du Bloc québécois (BQ) et de son chef démissionnaire, Gilles Duceppe. Mais dire qu'ils se réjouissent de sa déconfiture ne serait pas exact puisqu'il semble que plusieurs d'entre eux n'ont jamais tout à fait compris, ni accepté, l'existence même de ce parti.
À quelques exceptions près, la grosse nouvelle, mardi, dans la presse anglophone, n'était pas la déconfiture du Bloc, la vague orange qui a déferlé sur le Québec ou même la nouvelle division qui caractérise dorénavant la carte politique canadienne: le Québec à gauche, le ROC à droite. C'était le triomphe des conservateurs de Stephen Harper.
À ce titre, l'éditorial du Calgary Herald commence tout en nuances : «Lundi soir, Stephen Harper a finalement reçu le gouvernement majoritaire que le Canada mérite.» Le quotidien reconnaît ensuite le «mérite» de Jack Layton d'avoir «lancé un pieu au coeur de Gilles Duceppe et au Bloc québécois séparatiste, au moins pour l'instant. Tout parti qui existe dans le but de briser le Canada mérite d'être marginalisé». Harper doit utiliser cette majorité pour «guérir une nation divisée».
Même si les résultats le donnent gagnant, poursuit l'éditorialiste, certains ne le voient pas ainsi. On mentionne que les conservateurs ne récoltent que 40 % des voix, mais on ne fait pas allusion au fait que le Québec ne compte plus que six députés au gouvernement.
The Globe and Mail note toutefois cette nouvelle réalité dans son éditorial. «Après des années d'obscurantisme bloquiste, les Québécois expriment leur désir de participer aux affaires de la nation - du Canada. Mais il faut aussi faire très attention. Le Québec est passé de pâle aspiration pour le NPD à fournir la majorité de son caucus. Cette influence [...] est sans précédent. En même temps, un gouvernement majoritaire n'a jamais autant sous-représenté le Québec depuis 1917», s'inquiète l'éditorialiste du Globe, qui ne signe pas son texte comme le veut la tradition anglo-saxonne.
Fin de la «prise en otage»
L'éditorialiste du Toronto Star se réjouit que le Bloc ne puisse plus tenir la politique canadienne en «otage». «Parmi les éléments positifs de ces élections, la chute dramatique et soudaine du Bloc se classe très haut. Depuis trop longtemps, les Québécois se sont tenus à l'écart en donnant leur allégeance à l'obstructionnisme, cette force futile.»
Pour Tasha Kheiriddin, du National Post, «ces élections ont profondément changé à la fois la composition de la Chambre des communes et la politique de notre pays». Elle félicite Stephen Harper pour sa «détermination», et Jack Layton pour avoir «cassé le dos du Bloc québécois, un parti qui pendant 20 ans prêchait pour le séparatisme et isolait les électeurs québécois».
Les fédéralistes de toutes allégeances se «réjouissent» de la rupture du Bloc, alors que 77 % des électeurs du Québec ont voté pour un parti fédéraliste, poursuit-elle. En même temps, ajoute-t-elle, les souverainistes «se consolent avec le sentiment que le gouvernement Harper soit si anti-Québec que cela pourrait rallier le Parti québécois, en avance pour les prochaines élections provinciales».
«Bienvenue dans un nouveau Canada, conclut Mme Kheiriddin : un endroit où les Canadiens ont un gouvernement stable, des choix clairs et où ils sont débarrassés du spectre séparatiste.»


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