Syrie, une autre faillite humanitaire à notre porte

Le Canada, est-ce le pays ou le genre de pays voulu pour nos enfants ?

De charybde en scylla

Tribune libre

De Syrie ces dernières années, des appels de détresse nous parviennent jusqu'au seuil des portes du parlement, hélas presque indifféremment. Il aura fallu, hier, que le destin troublant d'un enfant, fasse sortir les médias de leurs gonds.

Inacceptable que notre pays soit sur la voie de devenir un pays voyou, j'entendais toute la nuit des voix scander dans le ciel canadien et dans mes rêves. Inacceptable ! Pour qui ? De l'avis de notre Premier Ministre, notre porte ne s'ouvre pas car il n'y a personne dévouée pour ça. Nous sommes sur le front, où nous avons l'intention d'intensifier les frappes contre les méchants.

Beau discours, qui jouit d'un auditoire non négligeable, plutôt je dirais même important ! Mais qui sont les méchants ? Peu importe qui l'on voudra cibler, le résultat est que nos frappes ne font aucune sélection de cible. Elles détruisent indistinctement des vies innocentes et des biens, poussent les rescapés sur le chemin rocailleux de l'exil. Et pire, ces fugitifs que les pays paisibles refusent d'accueillir, n'ont pas demandé des frappes. Ils vivaient auparavant une situation incertaine et éprouvante certes, par les frappes c'est la porte de l'enfer qui s'ouvre à eux. Maudites frappes, à qui profitent-elles ?

On ne peut laisser les diables massacrer ou prendre le peuple en otage, sans rien faire comme ce fut hélas le cas au Rwanda, semblent se défendre les vendeurs d'armes et les politiciens adeptes de la stratégie du choc. Ce faisant, on ment à la face du monde qu'on frappe pour sauver la face de l'humanité, lui éviter une autre faillite! On frappe avec détermination mais lorsque les victimes toquent à nos portes, on leur offre le service funéraire gratuit. Ça sonne un peu ça, dans mon triste cœur.

Chers compatriotes, disons-nous la vérité. «J'en veux au monde», dit Tima Kurdi la canadienne d'origine syrienne et tante du petit Aylan tragiquement noyé sur le chemin d'exil. J'en voudrais à Harper, pour ma part. Mais je dois reconnaitre que ce n'est pas de lui que vient le blocage. Car, nous aurons des dirigeants que nous méritons, dans la mesure où nous vivons dans la liberté lumineuse. Voulons-nous sauver l'âme du Canada ? Votons en conséquence et communiquons notre attachement aux bonnes valeurs nationales et humanistes, à nos élus. Des valeurs d'ouverture et de dignité humaines, qui font de nous des gens civilisés. Et dans la mesure du possible, disons non aux frappes pour le pétrole, et oui pour la communication et la diplomatie conciliatrice.

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François Munyabagisha79 articles

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Psycho-pédagogue et économiste, diplômé de l'UQTR
(1990). Au Rwanda en 94, témoin occulaire de la tragédie de «génocides»,

depuis consultant indépendant, observateur avisé et libre penseur.





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