Humanité en cours d'échec

Un avion du Président abattu par des Casques Bleus

Je vote, mieux je me souviens !

Tribune libre

L'été, c'est bon. Ça fait chaud, au corps et au cœur. L'été des piscines et des barbecues. L'hiver est chose du passé, disons plutôt trop loin devant. Cet été, quel bel été ! Surtout quand s'y ajoute le festival électoral, fédéral. C'est bien de voter. D'ici peu, nous allons voter. Votons, ou laissons faire. Moi, je vote, peu importe pour qui. Et mieux, je me souviens. À plus forte raison, je suis un néo-québécois.

De quoi je parle ? D'accord. Un Québécois, c'est avant tout un humaniste pacifiste. C'est ce que je pense et c'est ce que je vote. Autant je vote, autant je me souviens du parcours des droits de l'homme, plutôt des femmes et des enfants. Car l'homme ne devrait avoir que des obligations, tout au moins eu égards la réparation des gâchis humanitaires à son compte. Parmi eux, le Rwanda pays d'un paradoxal printemps perpétuel.

Je me souviens il y a vingt-et-un ans, à Kigali, le soir après le coucher du soleil, un avion était abattu. Je ne m'en souviendrais pas, si l'attentat pouvait à lui seul résumer l'histoire. Hélas je me souviens aussi de l'hécatombe bon marché que fut cette destruction, et des massacres ethniques ou politiques qui s'en sont suivis. Je m'en souviens, car par le vote, ça aurait pu se passer autrement, pacifiquement et souverainement. 94!

Les carnages, auxquels j'ai la chance de survivre et dont j'eus le malheur d'être témoins ont éclipsé la destruction de l'avion et la nécessité d'identifier l'auteur. Cependant, la Cour pénale internationale s'est assez tôt réveillée pour révéler la profondeur du défi. C'est alors que la procureur au TPIR (tribunal pénal international pour le Rwanda), Carla Del Ponte, déclara, je paraphrase: «l'histoire du génocide tutsi doit s'écrire avec les lettres du nom de l'auteur du tragique attentat».

Vingt ans et plus plus tard, on se trouve toujours dans le bain spéculatif. Soit que des extrémistes hutu auraient trouvé dans l'élimination de leur président le prétexte d'un génocide tutsi, soit que le crime incomberait à qui il profite. La première spéculation est farfelue, et la seconde simpliste. Pour quelques raisons que voici. De un, les génocidaires n'auraient jamais eu besoin de prétexte.

Au Rwanda il y a une tradition de massacres sans provocation ni justification, massacres que des chroniqueurs tentent d'expliquer à posteriori. De deux, le crime ne profite pas toujours à criminel, ni à lui seul. Un fou qui assassine son enfant, quel profit en tirerait-il ? Le crime peut profiter à de tiers acteurs, non associés à sa préméditation. Concrètement dans ce cas qui nous concerne, les rebelles rwandais du FPR (front patriotique rwandais) et le futur président Paul Kagame (actuel homme fort de Kigali), ont su manipuler tous les autres acteurs en présence, y compris les Casques Bleus, à leur profit. Ils ont certes initié le projet de l'attentat, et contribué à sa mise en œuvre. En sont-ils les seuls imputables ?

L'avion du président rwandais Juvénal Habyarimana a été abattu par des tirs d'un commando de Bleus. C'est bien difficile à admettre, d'autant plus que ces Bleus sont réputés être pacifistes et humanistes comme nous. Et notre Dallaire en fait parti. Qui plus est, c'est lui l'homme de la mission des nations unies pour l'assistance au Rwanda (Minuar), mission qui s'est soldée par un échec humanitaire sombre et secret. Les Bleus belges ont abattu l'avion, avant de se faire abattre à leur tour. Triste destin !

Qui a abattu des Bleus après les avoir désarmés et faits prisonniers, et pourquoi leur prison a été criblée d'obus ? Les Bleus ont abattu l'avion, l'ONU et l'OACI (organisation de l'aviation civile internationale) qui a son siège à Montréal, ont délibérément choisi de les couvrir, pour des raisons que chacun peut comprendre. Pas d'enquête à ce sujet, et pourtant chacun sait qu'en cas d'accident enquête est due. Qui est plus fort que l'ONU qui saurait faire échec à tout essai d'éclairage de la responsabilité dudit attentat ? Pas même celui-là qui en tira le plus de profit, soit le rebelle Paul Kagame. D'ailleurs il exploite ce secret comme objet de chantage pour faire taire les puissances dites humanistes face à ses furies criminelles. Qui de l'ONU, du Canada, des USA, de la Belgique, etc. peut ouvrir les yeux et dire ce qui se passe au Rwanda sans sourciller ?

L'échec de l'humanité dont a tant parlé le général Dallaire cache un jeux d'échec encore en cours dans notre cour. Les Bleus supposément gendarmes du maintien de la paix, ont suivi les instructions de la Maison Blanche (Président Clinton et la ministre Albright) et du gouvernement belge, pour ne citer que les plus influents à l'époque, et ont trahi l'espoir et la confiance de simples humains. L'échec ne se réduira pas aux amas d'ossements, plutôt voir aussi l'étendu du mensonge.

On nous ment simplement, et facilement nous gobons les balivernes que des médias corrompus ou paresseux nous concoctent. Qu'est devenu aujourd'hui le beau projet de Casque Bleu de sir Pearson ? Je me souviens avoir entendu des sages dire que l'ONU s'est construite de façon significative avec des cerveaux canadiens. Vrai, ou faux ? Vrai ! L'ONU est solide, mais elle est fragilisée par les puissances qui se servent de ses outils pour faire passer leurs substances prohibées. Le vote s'en vient, et c'est au Canada que ça se passe. Mais l'hiver ne tardera pas non plus, mais ce ne sera plus seulement ici. C'est partout que ça fait mal.

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François Munyabagisha79 articles

  • 53 845

Psycho-pédagogue et économiste, diplômé de l'UQTR
(1990). Au Rwanda en 94, témoin occulaire de la tragédie de «génocides»,

depuis consultant indépendant, observateur avisé et libre penseur.





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2 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    20 août 2015

    Bonjour François,
    Merci pour ton texte.
    Je le considère comme une piste pertinente à explorer. Les "Bleus belges" avaient en effet le contrôle de l'aéroport de Kanombe (Kigali) au moment des faits. Et la Belgique ne s'était pas gênée pour afficher son parti pris dans le conflit qui opposait le Front Patriotique Rwandais (FPR) et le gouvernement rwandais d'alors.
    Une interrogation. Était-il vraiment nécessaire d'en passer par là pour en finir? Ou, peut-être, a-t-on sous-estimé les conséquences de cet attentant? Dans ce cas, comprenez alors pourquoi les parties prenantes de ce forfait s'ingénient à camoufler la vérité.
    Qui aimerait endosser la responsabilité du carnage qui s'en est suivi? On comprend aussi l'acharnement pour faire endosser au gouvernement rwandais d'alors la responsabilité de la préparation du génocide. Remarquez que de tous les protagonistes de ce conflit, il se trouve qu'il est le seul à ne pas pas pouvoir se défendre. Bien avant de tout cela un certain Jean de la Fontaine avait dit haut et fort que "la raison du plus fort est toujours la meilleure".
    Peut-on, comme tu le fais François, remettre en cause "la version officielle" imposée et gobée? Je parie que tu seras, sous peu, si tu ne l'es pas encore, traité de négationniste et avec toi, tous ceux qui se posent encore des questions et qui veulent enfin savoir et comprendre comment les choses se sont réellement passées au Rwanda.
    Ton texte rappelle l'affirmation de Monsieur Boutros Boutros Ghali, alors secrétaire général de l'ONU. Il a dit, sans sourciller, que le génocide rwandais était l'oeuvre cent pour cent des Etats Unis d'Amérique. Personne n'a jamais cherché à explorer cette piste qui ne venait pas de n'importe qui. Boutros Boutros Ghali comme Carla Del Ponté ont été remplacés de leurs postes et oubliés.
    Après 21 ans, ton texte, François, peut-il "remuer la merde"? Excuse-moi de l'expression. Il est, à mon avis, trop tôt encore pour faire éclater la vérité. Les ossements des morts sont encore frais et ne sont pas encore clairement identifiés.
    Charles BAKUNDAKWITA.-

  • Archives de Vigile Répondre

    18 août 2015

    J'ai lu votre texte, ce cri du cœur avec, malheureusement beaucoup de douleur. Nous sommes plongés dans un bain de sang et de mensonges, tous plus énormes les uns que les autres. Je n'ai pas connu l'Afrique, cette Afrique souffrante que Mouammar Kadhafi a voulu libérer de ses bourreaux financiers et occidentaux. Il dérangeait, alors on l'a diabolisé et assassiné d'une façon abominable, sauvage. Nous sommes dans l'ère des financiers et des banquiers criminels. La vie humaine ne fait pas le poids devant le lucre, l’appât du gain, le dieu dollar, un dieu sur le point de se désacraliser d'ailleurs. Les USA écrivent ''In God we trust''. Il y a une légère faute d'orthographe dans ce mot. Ça devrait s'écrire ''In Gold we trust''. Les assassins financiers dont on a déjà parlé, utilisaient couramment l' ''abattage des avions'' de présidents pour imposer les banquiers dans les états qu'ils voulaient soumettre. L'équipe complète qui a supposément assassiné Ben Laden a, bizarrement disparu dans un crash d'hélicoptère. Il faut savoir que Ben Laden, faussement accusé de la destruction des tours jumelles était mort dix ans auparavant dans un hôpital ''américain'' au Moyen-Orient, il subissait une dialyse. En éliminant ceux qui l'avaient supposément éliminé, les USA se débarrassaient de témoins possiblement gênants. Il faut savoir que les guerres et les massacres sont financés et les banquiers sont les seuls à en tirer profit.
    Les animaux tuent pour assurer leur nourriture, leur survie. Les humains tuent et massacrent pour leur petit profit, pour des gains financiers. Nous ne sommes pas bien placés pour mépriser les animaux. Bravo pour votre texte M. Munyabagisha.