Le Canada et le Mexique, deux alliés pour l'ALENA

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Derrière les sourires, la fin de l'ALENA est probable

(MEXICO) Il est encore trop tôt pour dire si la mission de sauvetage de l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) organisée cette semaine par Justin Trudeau à Washington et à Mexico portera ses fruits. Mais ce voyage éclair, rodé au quart de tour, aura au moins permis de démontrer que le Canada et le Mexique sont les « seuls adultes » autour de la table de négociation.


C'est du moins ce qu'a fait valoir à La Presse Armando Ortega, président de la Chambre de commerce du Canada au Mexique, après un discours prononcé hier matin par M. Trudeau devant le Sénat mexicain.


« Je crois que la communauté des affaires se sent rassurée de savoir que les deux partenaires qui sont sûrs de partager des objectifs communs, c'est le Mexique et le Canada. Ce sont les adultes dans la pièce. »


Justin Trudeau et ses ministres clés s'étaient donné un double mandat avec leur mission de quatre jours : convaincre (encore une fois) Donald Trump du bien-fondé de l'Accord de libre-échange nord-américain, et resserrer les liens avec le Mexique, un précieux allié dans la renégociation actuelle.



DISCOURS AU SÉNAT


Le premier ministre a été reçu avec tous les honneurs hier matin au Sénat, où un coeur de l'armée a chanté l'hymne national canadien à son arrivée - du jamais vu ici pour un chef d'État étranger. Il a ensuite prononcé une allocution chaudement applaudie, pendant laquelle il a affirmé que l'intégration entre les économies nord-américaines « est plus importante que jamais aujourd'hui ».


« L'ALENA est la plus grande zone de libre-échange au monde », a-t-il martelé.


« Ensemble, nous comptons pour plus du quart du PIB mondial, ce qui, venant de trois pays, est vraiment incroyable. »


Justin Trudeau a rappelé que les échanges commerciaux canado-mexicains ont totalisé 40 milliards de dollars l'an dernier, en hausse de 8 % sur un an. Les investissements ont aussi progressé au cours des dernières années, avec la présence accrue de groupes canadiens comme Scotiabank et Magna au Mexique.


PEÑA NIETO


La veille de cette allocution, Justin Trudeau a rencontré pendant 90 minutes le président du Mexique Enrique Peña Nieto lors d'une cérémonie fastueuse au Palais national. Les deux hommes ont réitéré leur désir de renforcer leur relation bilatérale. Mais surtout, leur intention de ne pas quitter la table de renégociation de l'ALENA, même si les demandes américaines apparaissent de plus en plus abusives.


Pour l'homme d'affaires Armando Ortega, la venue de M. Trudeau à Mexico n'aurait pu tomber à un meilleur moment, alors que le ton des pourparlers sur l'ALENA s'envenime cette semaine. « Sa visite est importante, car elle survient dans une période d'incertitude, qui est devenue la nouvelle norme avec l'administration américaine. »


« C'est rassurant, car on comprend que le Canada veut une entente trilatérale, qui peut seulement être modifiée à trois. »


Même son de cloche de la part de Johanne Desnoyers, déléguée générale par intérim du Québec à Mexico, croisée elle aussi au Sénat mexicain. « Je pense que la visite de M. Trudeau envoie quand même un signal qu'on veut travailler à trois, que c'est une négociation trilatérale. Et le fait de dire que le Canada veut une solution win-win-win, c'est une bonne chose. »


MARCHÉS INQUIETS


Même si l'économie du Canada demeure solide, la firme de notation DBRS, l'une des plus importantes au monde, a lancé un avertissement hier. Tout en confirmant la cote AAA du pays et la solide croissance récente, l'agence a souligné que les « risques à court terme » qui planent sur le Canada proviennent des « mesures protectionnistes » souhaitées par Washington.


L'inquiétude est aussi marquée au Mexique. Le peso mexicain a atteint cette semaine un creux de cinq mois, déprimé par les nouvelles salves lancées par Donald Trump contre l'ALENA.



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