Pékin et Washington engagent leur guerre commerciale

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818 produits chinois frappés par des droits de douanes de 25%

Les États-Unis ont lancé vendredi les hostilités avec la Chine en imposant des droits de douane sur des dizaines de milliards de dollars de produits chinois, Pékin ripostant aussitôt et dénonçant « la plus grande guerre commerciale de l'histoire économique ».


À 00h00 heure de Washington sont entrés en vigueur les droits de douane punitifs décidés par Donald Trump sur un total de 34 milliards de dollars d'importations chinoises dont des automobiles, des disques durs ou encore des composants d'avions.


Le ministère chinois des Affaires étrangères a déclaré que des mesures de rétorsion étaient entrées en vigueur « immédiatement » après. L'agence officielle Chine nouvelle a précisé que des « droits de douane complémentaires de 25 % » avaient été imposés sur un montant « égal » de produits américains.


Pékin avait averti précédemment qu'il imposerait des tarifs douaniers sur 34 milliards de dollars d'importations américaines, rendant ainsi coup pour coup à Washington.


Le ministère chinois du Commerce avait accusé plus tôt vendredi l'administration Trump d'avoir lancé « la plus grande guerre commerciale de l'histoire économique à ce jour » et assuré que le pays défendrait ses droits auprès de l'Organisation mondiale du commerce (OMC).


Les droits de douane américains frappent, à hauteur de 25 %, 818 produits chinois.


Un second lot de taxes sur 16 milliards d'importations, qui fait pour l'heure l'objet d'un examen de la part du représentant au Commerce (USTR) Robert Lighthizer, entrera prochainement en vigueur, a indiqué M. Trump qui a évoqué un délai de « deux semaines ».


« Acheter chinois »


Au total, ce sont 50 milliards de dollars d'importations chinoises annuelles qui seront donc affectées par les mesures américaines, destinées à compenser ce que l'administration Trump considère être le « vol » de propriété intellectuelle et de technologies par la Chine.


Les États-Unis ne devraient pas en rester là puisque Donald Trump a demandé à Robert Lighthizer « d'identifier 200 milliards de dollars de biens chinois en vue de taxes supplémentaires de 10 % ».


Et le président américain s'est dit prêt à taxer 200 milliards de dollars de biens additionnels « si la Chine augmente à nouveau ses tarifs douaniers » en réaction.


Ces mesures pourraient donc porter à 450 milliards la valeur des produits chinois taxés, soit la grande majorité des importations venues du géant asiatique (505,6 milliards de dollars en 2017).


Le premier ministre chinois Li Keqiang, actuellement en Bulgarie, a averti qu'une « guerre commerciale ne profite à personne ».


Dans les rues de Pékin, des consommateurs s'inquiétaient d'une possible hausse des prix suite aux taxes sur les produits américains. Mais ils disaient soutenir la Chine dans la guerre commerciale qui s'ouvre.


« Je viens juste ici pour acheter de l'eau. Mais je ferai de mon mieux pour acheter chinois », a assuré à l'AFP M. Yang, client d'une supérette pékinoise.


Quelles conséquences ?


Cette confrontation sino-américaine survient dans un contexte de relations tendues entre Washington et le reste du monde. Depuis début 2018, Donald Trump a déclenché un conflit commercial en imposant des droits de douane sur des produits canadiens, européens et chinois, jugeant le commerce international déséquilibré et en défaveur des États-Unis.


La majorité des experts mettent en garde contre les dommages potentiels d'une telle politique, non seulement sur l'économie américaine, mais aussi sur l'économie mondiale.


Des entreprises américaines ont déclaré qu'elles en ressentaient déjà l'impact avec une hausse des prix. D'autres ont affiché leurs craintes quant à leurs parts de marché en Chine.


Ces mises en garde ont laissé de marbre M. Trump, qui avait balayé les arguments mardi dans un tweet. « L'économie se porte probablement bien mieux que par le passé, avant que nous réglions le problème des accords commerciaux inéquitables passés avec chaque pays », a-t-il estimé.


La veille, son secrétaire au Commerce Wilbur Ross avait, lui, affirmé que les prévisions de ralentissement à venir de la croissance économique américaine étaient « prématurées et probablement inexactes ».


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