Oikophobie c. Œkoumène,

Le choix entre déracinement ou enracinement

Pas de demie-mesure

Tribune libre

Le terme Oikophobie, qui veut dire déracinement ou rejet de ses racines et ses origines, est soulevé dans deux articles récents, l’un par Antoine Robitaille dans Le Devoir du 15 mai dernier; l’autre par Robert Laplante dans ses Cahiers de lecture de l’été 2014.

Oikophobie s’oppose à œkoumène, un terme central en géopolitique. L’œkoumène, c’est l’espace de continuité à partir duquel la nation et l’État d’un peuple donné se sont échafaudés. Au Québec, l’œkoumène est constitué des basses terres du Saint Laurent, région la plus basse et arable de tout le Québec et qui offre les meilleures perspectives en communications maritimes et terrestres.

C’est effectivement dans les basses terres du Saint Laurent que s’est construit le Québec, paradoxalement à partir de l’Acte de Québec de 1774, alors que les Britanniques ont concentré dans cette région tous les colons de Nouvelle-France afin d’en assumer le contrôle. Cette fois, pas question de déportation.

En 1774 à Québec, les Anglais ne sont pas en position de force. Leurs effectifs militaires sont dispersés partout dans le monde et l’Angleterre, qui voit venir la révolution et la guerre d’Indépendance des États-Unis, manque d’effectifs face aux
Yankees de Nouvelle Angleterre. Certes, cette guerre n’a éclaté qu’en 1776 et s’est prolongée cinq ans par la suite.

En partant, il importe de discerner entre hostilités et état de guerre. En matière de guerre, les profanes ignorent que l’hostilité peut être en place de 20 à 40 ans avant l’éclatement de la guerre proprement dite, qui va se traduire par des opérations militaires. C’est une chose de vivre dans l’hostilité et une autre d’entrer en guerre.

Avant de traduire une telle décision en acte, un État doit disposer d’au moins cinq années de réserves alimentaires et de fournitures. Officier de carrière, j’ai appris tôt dans les écoles de guerre que la bouffe est de loin la première arme de guerre. Il faut 6000 calories par jour pour maintenir un soldat en première ligne, sans compter les fournitures, toutes choses qui passent avant les fusils et les canons.

En 1774, les Anglais, qui voyaient venir la guerre d’Indépendance des États-Unis, ce qu’un vrai général d’armée doit voir venir plusieurs années d’avance, devaient être en train de négocier l’achat de vivres pour leur armée, non en Angleterre qui ne produisait pas assez, mais en Nouvelle-Angleterre, chez les fermiers qui préféraient l’or anglais à la cause de l’indépendance de leur peuple.

Un ravitaillement dans de telles conditions n’est pas assuré et ne peut durer qu’un temps. Les Anglais devaient certainement avoir envisagé la même chose dans le Saint -Laurent, avec les colons de Nouvelle-France restés sur place. Mais je doute du résultat de telles démarches parce que la production alimentaire du Québec à cette époque ne devait pas être suffisante pour générer des surplus appréciables.

Néanmoins, avec l’Acte de Québec, les Anglais avouaient leur position de faiblesse face aux colons de Nouvelle-France, qui n’ont pas tous compris de quoi il s’agissait. Le message était pourtant simple et clair : on vous laisse libres, alors mettez-vous au travail, poursuivez l’aménagement de votre territoire afin de produire une plus grande quantité de nourriture que nous vous achèterons (les affaires sont les affaires) afin de poursuivre nos opérations au sud de la frontière.

Cette poursuite et l’état d’hostilité qui ont persisté en dépit du traité de Saint Germain-en-Laye de 1783 se sont prolongées pendant plus de 150 ans, n’en déplaise aux profanes qui croient voir la fin d’une guerre avec des signatures sur papier.

L’essentiel pour nous au Québec : ce contexte a fait notre jeu. Il est à l’origine des concessions que nous a accordées l’Angleterre tant et aussi longtemps qu’elle n’était pas en position de force en Amérique Britannique du Nord.

Le principal facteur de pouvoirs des Anglais, c’était le chemin de fer, dont l’année pivot est 1860, avec l’ouverture du pont Victoria à Montréal. Il était impératif pour l’Angleterre de s’installer en force dans les basses terres des Grands Lacs, deuxième région œkoumène, et par conséquent stratégique, du Canadadans lequel l’œkoumène ne représente que 1% de la superficie du territoire.

En stratégie d’État comme en stratégie de guerre, lorsqu’on perd l’œkoumène, on perd tout le territoire. Car toutes les activités de l’État originent des espaces géographiques les plus œkoumènes (bas, plats, arables, meilleurs climats et communications).

Les Anglais, qui connaissent fort bien les principes de la stratégie d’État le savaient et le savent encore (Ils me les ont enseignés), étaient donc préoccupés à l’idée de perdre les basses terres des Grands Lacs aux mains des Américains, qui se lanceraient à la conquête de l’Amérique Britannique du Nord à partir de Buffalo. Il leur fallait quitter les basses terres du Saint-Laurent et s’installer en force dans les basses terres des Grands Lacs.

Ce mouvement migratoire des Anglos de l’Estrie vers l’Ontario méridional a duré plus de 100 ans. C’est alors que nous avons fondé les caisses populaires et acheté une à une les propriétés des Loyalistes partis pour l’Ontario. Tant et si bien que, en 1960, au moment de prendre le pouvoir à Québec, Jean Lesage a pu parler de l’État du Québec.

Nous, descendants des colons de Nouvelle-France, avons littéralement conquis le territoire du Québec, à partir d’une conquête des basses terres du Saint-Laurent., une conquête sans autres armes que notre travail et l’argent que nous avons gagné. Nous avons pris racine au Québec à partir de la conquête de l’espace le plus œkoumène. C’est ce qui fait que nous sommes maintenant Nation et État.

Alors pourquoi ce comportement de déracinés, cette oikophobie totalement injustifiée ? Je me rappelle en 1966 en géographie à l’Université Laval, un professeur venu de France avait soulevé la question, scandalisé par notre comportement de déracinés. Ce n’est pas de la largeur d’esprit comme le veulent les demi-instruits qui n’ont que des clichés pour s’exprimer : c’est de l’ignorance crasse, avec ou sans doctorat.

JRM Sauvé, géographe et auteur.

Featured 751d93ca198caacf4590a022022f5bc8

René Marcel Sauvé217 articles

  • 252 549

J. René Marcel Sauvé, géographe spécialisé en géopolitique et en polémologie, a fait ses études de base à l’institut de géographie de l’Université de Montréal. En même temps, il entreprit dans l’armée canadienne une carrière de 28 ans qui le conduisit en Europe, en Afrique occidentale et au Moyen-Orient. Poursuivant études et carrière, il s’inscrivit au département d’histoire de l’Université de Londres et fit des études au Collège Métropolitain de Saint-Albans. Il fréquenta aussi l’Université de Vienne et le Geschwitzer Scholl Institut Für Politische Wissenschaft à Munich. Il est l'auteur de [{Géopolitique et avenir du Québec et Québec, carrefour des empires}->http://www.quebeclibre.net/spip.php?article248].





Laissez un commentaire



7 commentaires

  • Florent Marquis Répondre

    9 juillet 2014

    Quelques estimations rapides:
    Dans une population de 70,000 personnes, environ la moitié sont des hommes (en supposant que la proportion hommes-femmes était similaire en 1774 à ce qu'elle est aujourd'hui), donc 35,000 hommes. Les 18,000 hommes que voulait recruter Carleton représentaient donc la moitié de la population mâle des "nouveaux sujets". C'est 3.6 fois plus que le nombre de 5000 hommes estimé par M. Sauvé.
    Or, des quelques 35,000 hommes cités plus haut, un certain nombre sont trop jeunes ou trop vieux pour combattre. C'est donc une fraction très importante des hommes en âge de travailler qu'espérait recruter Carleton.
    Carleton était-il réaliste lorsqu'il espérait recruter 18,000 hommes chez nos ancêtres? Une telle mobilisation était-elle possible?
    Florent Marquis
    Québec

  • Archives de Vigile Répondre

    7 juillet 2014

    Monsieur Le Hir, Pomerleau et tous les lecteurs.
    Je viens de constater que Carleton s'attendait à recrûter18,000 hommes parmi les colons de Nouvelle France restés sur place et présents au moment de la révolution américaine.
    Or, nous n'étions que 70,000 et on ne peut prendre que 7% d'une population donnée pour faire la guerre, ce qui veut dire que le plafond à ne pas dépasser à l'époque
    n'allait pas plus loin que 5000 hommes.
    Les Anglais étaient encore plus mal pris que je pensais. Il faut fouiller davantage afin de trouver dans quels draps se retrouvaient les Anglais à cette époque.
    Combien de soldats Québécois participèrent à la défense de Québec contre le général américain Richard Montgomery fin décembre 1775?
    Je vois que nous sommes très mal informés.
    JRMS

  • Archives de Vigile Répondre

    5 juillet 2014

    Comme le dit justement M. Bélisle, les appartenances traditionnelles sont malmenées par le mondialisme. Elles le sont depuis au moins cinquante ans selon certaines grilles de lecture. «L’œkoumène», selon Pierre Hillard, qui participait récemment à Montréal à une causerie très intéressante avec Richard LeHir (qui tarde à être mise en ligne par «Le Bonnet des patriotes»), est menacé plus que jamais par le mondialisme. Nous aurons éventuellement dans n'importe quel échantillon d'une grande ville de la planète, toujours selon Pierre Hillard, la même composition de groupes ethniques et de religions à quelques pourcentages près. Il y aura exception dans les endroits où l'on aura préservé avec ferveur le tissu social et culturel vernaculaire envers l'homogénéité ethnique et religieuse programmées. Cette préservation de nos valeurs contre les exigences du marché mondial - mondialiste est assez faible dans notre Occident de tradition catholique, ce qui risque de conduire rapidement notre civilisation à son déclassement (en cours) et à sa perte (prévisible) par la continuité de son glissement vers les valeurs strictement matérialistes du protestantisme et du judaïsme. Pour Pierre Hillard, il s'agit du triomphe des valeurs de la franc-maçonnerie (société idéologique d'origine anglo-saxonne semi-clandestine) qui comporte trois aspects. La vidéo de la conférence serait ici utile mais elle n'est pas encore en ligne.

  • Jean-Claude Pomerleau Répondre

    5 juillet 2014

    Il y a eu un colloque international sur L'Acte de Québec de 1774 à la Grande bibliothèque en octobre 2013.J'ai participé avec un ami aux deux jours de séance. Des historiens et juristes, d'Europe, des États Unis et du Canada et du Québec ont fait leurs lectures.
    En commentaires de clôture différents participants sont intervenu, dont un qui a posé une question fondamentale : Où était le rapport de force des Habitants ? (entité politique reconnu par la Couronne britannique et le Congrès continental des États Unis à l'époque).
    Je suis intervenu au micro pour leur dire qu'il manquait un géopolitologue sur les panels, que Guy Carleton avait évaluer correctement le rapport de force, pour ensuite passer 4 ans à Londres pour convaincre l'État anglais de sont intérêt de consentir au statut de 1774, qui est la première reconnaissance par une puissance étrangère d'un État nation français en Amérique.
    Ce statut résulte du rapport de force en présence (Néanmoins, avec l’Acte de Québec, les Anglais avouaient leur position de faiblesse face aux colons de Nouvelle-France: M Sauvé) :
    Voici l'évaluation du rapport de force fait par Guy Carleton en novembre 1767 :
    CARLETON A SHELBURNE. 4
    Québec, 25 novembre 1767.
    MILORD,
    Comme Votre Seigneurie m'informe que les fonctionnaires de Sa Majesté sont à étudier avec le plus grand soin et la plus grande prudence le perfectionnement de la constitution civile de Québec et que toute lumière propre à faciliter ce travail sera d'un grand secours, je m'efforcerai d'exposer
    DOCUMENTS CONSTITUTIONNELS 255
    DOC. PARLEMENTAIRE No 18
    la vraie situation de cette province. Afin de répondre au désir de Votre Seigneurie, j'ajouterai à cela toutes les réflections que j'ai eu l'occasion de faire et je vais vous les communiquer avec la franchise qu'on doit apporter au service de Sa Majesté, car il est à craindre que les fonctionnaires de Sa Majesté chargés d'un travail d'une si grande importance, ne puissent faire profiter le service de Sa Majesté de leurs aptitudes, en dépit de leur profond savoir et de leur grand jugement, si les faits et la situation d'une province si éloignée, situation si différente de celle des autres possessions de Sa Majesté, ne leur sont pas fidèlement exposés.
    Je dois croire que les droits naturels des citoyens, les intérêts de la Grande-Bretagne sur ce continent et le maintien de la domination du roi sur cette province, doivent toujours être les principaux objets à considérer lorsqu'il s'agit d'élaborer une constitution civile et un système de lois pour cette province; je dois croire aussi que les lois constituent la base de tout sans quoi tout projet ne vaut guère mieux que châteaux en Espagne: cela étant exposé, il s'ensuit naturellement que je dois premièrement démontrer jusqu'à quel point une telle base a été solidement assise ou non.
    La ville de Québec est le seul endroit dans cette province qui ait le moindre droit d'être appelée avec raison une place fortifiée, car les murs chancelants autour de Montréal, s'ils ne tombent pas en ruine ne peuvent résister qu'à la mousqueterie.
    (...)
    Le nombre de troupes du roi allouées pour cette province lorsque celles-ci seront au complet et en bonne santé, y compris les officiers et les soldats, atteindra le chiffre de seize cent vingt-sept hommes, et les anciens sujets de Sa Majesté dans cette province pourront ajouter à ce chiffre, s'ils le veulent, cinq cents hommes en état de porter les armes. Or, avec neuf mois de rudes travaux, le total formé par les troupes et les anciens sujets
    256 ARCHIVES CANADIENNES
    6 7 EDOUARD VIl A. 1907
    de Sa Majesté réunis à Québec, permettrait de faire subir aux fortifications les réparations urgentes, mais nous n'aurions que le tiers des forces nécessaires pour défendre cette place.
    (...)
    Les nouveaux sujets pourraient mettre en campagne environ dix huit mille hommes très propres à prendre les armes, dont la moitié à peu près ont servi avec autant de valeur et avec plus de zèle que les troupes régulières de France qui leur étaient adjointes, sans compter qu'ils étaient plus familiers avec les méthodes militaires de l’Amérique.
    il n'en reste pas moins nécessaire d'ériger une citadelle, car l'avenir réserve des événements qui la rendront absolument nécessaire pour la protection des intérêts britanniques sur ce continent et la conservation de ce port comme centre de communications avec la mère patrie. Il serait facile de prouver la justesse de ces prévisions, mais il s'agit pour le moment de considérer la situation présente.
    Vous trouverez ci-inclus le plan d'une citadelle qui à mon sens, répondrait aux besoins actuels et futurs de la Grande-Bretagne
    .
    DOCUMENTS CONSTITUTIONNELS 259
    DOC. PARLEMENTAIRE No 18
    avec le montant approximatif qu'il faudra dépenser pour l'exécution des travaux.
    Je suis avec le plus profond respect et la plus grande estime, de
    Votre Seigneurie, le très humble et très obéissant serviteur.
    Guy CARLETON.
    ....
    JCPomerleau :
    Pour dire l'importance de cette missive. Si Guy Carleton n'avait pas convaincu l'État anglais de son intérêt de consentir à l'Acte de Québec de 1774. Les Habitants auraient ralliés la révolution américaine et le Canada d'existerait pas. Et les États Unis s'étendraient du Rio Grande jusqu'au Père Noël !

  • Archives de Vigile Répondre

    5 juillet 2014

    Cette négation de nos racines est encouragée par le Système qui veut une société multiculturelle et sans identité.
    Ainsi, le Système désire que l'être humain ait comme seule identité celle de producteur-consommateur devant répondre aux besoins du marché pour sa survie, c'est à dire une société strictement utilitaire où les gens n'ont pas de passé et n'ont pas d'identité.
    Les jeunes sont très sensibles à cette nouvelle donne, donc portés à nier ou à rejeter leurs racines.
    Or, une société peuplée de gens sans racines et sans identité nationale, ethnique et culturelle, ces identités nationales et ethniques qui sont pourtant des richesses de l'humanité dans leur originalité, ne peut pas durer.
    C'est pourquoi je crois que ceux qui, de Nostradamus à Malachie, ont prédit la fin des temps pour notre époque, ont probablement raison.

  • Archives de Vigile Répondre

    5 juillet 2014

    « Les gens de Québec veulent une équipe de hockey, pas un pays », dit Sam Hamad
    Rapide cours d'histoire courte de Jean Chrétien lors de l'inauguration de la stèle commémorative de la nouvelle place Jean-Pelletier à Québec devant la gare du palais.
    Son complice de toujours, Jean Chrétien, a dit souhaiter que Québec retrouve ses Nordiques, entrés dans la Ligue nationale de hockey (LNH) en partie grâce au maire Pelletier.
    Une place de choix pour Jean Pelletier
    http://www.lapresse.ca/le-soleil/actualites/la-capitale/201407/03/01-4780872-une-place-de-choix-pour-jean-pelletier.php
    Scandale des commandites
    Chrétien et Pelletier blâmés.
    Dans son premier rapport, le juge Gomery fait porter à Jean Chrétien une partie du blâme pour la mauvaise gestion du programme des commandites. L'ancien premier ministre a fait fi de la suggestion de la greffière du Conseil privé en décidant de conserver la gestion du programme à son cabinet, sans toutefois l'encadrer suffisamment.
    Ainsi, le chef de cabinet de M. Chrétien, Jean Pelletier, a eu toute la latitude pour exercer une ingérence politique dans le choix des agences et des événements à commanditer, en donnant directement des instructions au directeur du programme, Charles Guité, sans passer par le sous-ministre des Travaux publics.
    http://ici.radio-canada.ca/nouvelles/special/nouvelles/commandites/200510/31/001-rapport-gomery1.shtml
    Et lancer compte!
    Jean Pelletier, le bras droit de Jean Chrétien lors du référendum de1995,
    affirmait récemment, lorsqu’on le questionnait sur le non respect par
    Ottawa du financement par rapport à la loi référendaire du Québec, que «
    Dans la guerre, on ne se demande pas si les munitions sont payées, on les
    tire. » et « Quand on est en guerre, on va-tu perdre le pays à cause d’une
    virgule dans la loi ? ».

  • Claude G. Thompson Répondre

    5 juillet 2014

    Claude G. Thompson
    M. Sauvé.
    Merci pour cet édifiant exposé qui me remet en mémoire le souvenir du grand-père maternel de mon père, un Irlandais qui vivait à Londres et qui était ingénieur. Un homme d’une immense culture qui voyagea à travers le monde et qui vint au Canada au XIXe siècle. C’est lui qui dessina la ligne du grand-tronc à partir de l’Ontario. Il avait bien compris ce qu’allait devenir le Québec. Il maria une Canadienne française de Québec et s’installa à Trois-Rivières où il mourut. On peut encore voir sa pierre tombale au cimetière anglican de la ville.

    L’idée de l’indépendance a toujours été une évidence pour mon père et le demeure plus que jamais pour moi. Mon père avait l’habitude de dire que nous étions des assimilés et que nous étions fiers de l’être, car nous avions pu profiter d’une éducation et d’une qualité de vie enviables. Nous ne nous sommes jamais sentis privés de nos appartenances à une ascendance anglo-saxonne enrichie d’une autre française et normande.
    J’en profite donc pour rendre hommage à votre ténacité et à la force de vos convictions qui tiennent d’une connaissance de la géopolitique dont j’ignorais tout avant de vous rencontrer, il y a quelques années, en compagnie de mon ami Ivan Parent, et de découvrir vos écrits sur le sujet.
    Le Bouddha affirmait que l’ignorance était la racine de tous les maux et que ceux-ci constituaient les chaînons du développement de la vie. Notre incapacité à nous développer en tant que pays libre et indépendant en trouve ici une démonstration édifiante.
    Merci pour l’apport pédagogique essentiel que constituent vos interventions sur Vigile et qui me sont un exemple du sens des responsabilités qui devrait animer tous ceux qui comme vous possèdent des connaissances et l’expérience qui font les vrais mentors.
    Claude G. Thompson