Quand la rectitude politique impose à Jasmin Roy, figure de proue de la lutte contre l’homophobie, de s’excuser pour avoir évoqué le malaise que suscite chez lui l’expression ambiguë queer, popularisée au Québec par Cœur de pirate mais depuis longtemps utilisée pour décrire l’homosexualité chez les Anglo-Saxons, je ne sais trop s’il faut en rire ou en pleurer.
Éduc’alcool aussi a dû montrer patte blanche et s’excuser d’avoir bidouillé le sexe de ses «personnages bâtons» pour indiquer que, même si une personne «change de sexe», la consommation d’alcool recommandée, elle, ne change pas: deux verres pour une femme qui devient un homme et trois verres pour un homme devenu femme.
Cette publicité, passée sous le radar l’an dernier, a été jugée transphobe aujourd’hui, surtout en raison du message: «Malgré les apparences, vous savez de quel sexe vous êtes.»
Même Fierté Montréal a dû s’excuser pour l’avoir incluse dans son programme officiel.
Les mots comptent
Imposer un nouveau langage pour décrire une réalité souhaitée fait partie de l’arsenal du militantisme. Par exemple, les «citoyennes, citoyens», «Montréalaises, Montréalais» usuels dans les discours officiels – et qui énervent tout le monde – parlent clairement d’égalité des sexes.
Mais le vocabulaire LGBTQ ne clarifie rien et ne libère personne. Ce langage clanique, hermétique, qui, pour demeurer authentique, ne doit être compris que par les initiés, emprisonne dans la même bulle idéologique des luttes qui ne sont pas forcément complémentaires.
Beaucoup de gais, qui aspirent à une vie tranquille et libre de toute discrimination, ne s’identifient pas à la cause trans. Mais ils n’oseront pas le dire en public. C’est un tabou.
Même chose chez les féministes. Plusieurs ressentent un malaise face à la remise en question de l’existence du féminin et du masculin portée par le mouvement LGBTQ parce qu’il nécessite le rejet du féminin au profit d’une bouillabaisse de non-appartenance identitaire: je ne suis pas ce que je suis. Je suis ce que je ne suis pas.
Hétéro égale quétaine
Dans la soupe à l’alphabet de la diversité sexuelle, ne cherchez pas la lettre H pour hétérosexuels. Comme si les hétéros étaient des ploucs qui ne connaissent de l’amour que la position du missionnaire et, du désir, le corps d’une personne du sexe opposé.
Des êtres naturellement perfides qui imposent l’hétéronormativité à la société alors que la nature ne reconnaît, disent les promoteurs de la fluidité des genres, aucune norme. J’entendais cette semaine un psychiatre dire à Radio-Canada qu’il n’existe aucune preuve scientifique que la nature est divisée en deux genres, le féminin et le masculin.
De plus, les hétéros cisgenres – ces doubles damnés qui s’identifient à leur sexe biologique en plus d’être attirés par le sexe opposé – seraient dépositaires de privilèges discriminatoires. Au premier rang, celui de pouvoir procréer naturellement. C’est pour combattre cette «discrimination» qu’on engrosse, sans remords, des femmes-fourneaux dans des pays du tiers-monde, avec des gamètes achetés par catalogue en Occident.
Refaire le monde pour le rendre meilleur demeurera toujours un objectif noble. Mais l’atomiser, le diviser, abolir ses fondements, selon les humeurs sexuelles du moment – et je ne parle pas des homosexuels, des bisexuels ou des personnes transgenres qui travaillent chaque jour à prendre leur place dans le monde – n’annonce rien de bon.
En commençant par la fin de l’humanité.
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