Pourquoi donner la vache à lait

Le coup de Jarnac de Lucienne Robillard

Qui va travailler pour que la SAQ reste un monopole d’État?

Tribune libre

Alors que les libéraux de Philippe Couillard se comportent comme un gouvernement d’occupation et soumettent le Québec à l’élite commerçante canadienne, il faut se demander quels candidats aux élections fédérales d’octobre seront prêts à protéger le modèle québécois.

La commission Robillard propose un sérieux coup de barre… de fer sur la tête du modèle québécois. En préparant le terrain pour vendre la SAQ à des intérêts privés, le gouvernement libéral s’apprête à se départir d’une société d’État qui a permis la réalisation du modèle québécois. Les grands intérêts financiers salivent à l’idée de pouvoir finalement mettre la main sur un des derniers grands monopoles d’État. Des chroniqueurs tirent donc actuellement à boulet rouge sur ce fameux modèle québécois dans le but de faire croire à la population qu’il est dépassé alors que les divers organismes d’État qui le composent déposent annuellement plusieurs milliards de dollars dans les poches des Québécois. Face à cette attaque du monde des affaires sur des acquis de longue date, il est temps de se demander lesquels des candidats aux prochaines élections fédérales sont prêts à protéger le modèle québécois.

Il serait intéressant de savoir lequel de ces candidats sait que la Commission des liqueurs créées en 1921 par le gouvernement de Louis-Alexandre Taschereau, qui est devenu la Société des alcools du Québec, a toujours été une force structurante du Québec. Du point de vue des consommateurs, il n’y a aucune obligation de modifier la mission de la Société des alcools du Québec. Une comparaison des prix des produits alcoolisés entre les provinces montre qu’à qualité égale ceux de la SAQ sont équivalents sinon inférieurs à la moyenne. Il est clair que les entrepreneurs amis du régime de Philippe Couillard tentent actuellement de faire main basse sur les ressources de l’État.

Puisqu’ils ne peuvent attaquer les prix que paient les Québécois, les tenants de la privatisation tentent plutôt de s’attaquer à la gestion de la société d’État qui, selon eux, pourrait être plus efficace. La commission Robillard présente cette destruction du modèle québécois comme une simple recherche d’efficacité dans la gestion publique. Ses propos trouvent des échos favorables au près de conglomérats de presses du Québec ils sont actuellement tellement complaisants pour promouvoir la position du gouvernement dans ce dossier qu’ils ressemblent à de gigantesques entreprises de relation publique. Alors que le pétrole de l’ouest va mal, les grands empires financiers qui y ont d’importants intérêts semblent vouloir jeter leur dévolu sur le bas de laine des Québécois pour se refaire.

Les futurs députés du Québec au fédéral savent-ils que la demande à la SAQ de revoir son administration est une mauvaise excuse utilisée pour justifier la vente d’une des vaches à lait du gouvernement ? Dans les faits, cette amélioration de la gestion de l’organisme se fait déjà en continue depuis 10 ans. Que les frais administratifs à la SAQ soient beaucoup plus élevés qu’en Ontario ne changent que peu de choses aux bienfaits qu’elle apporte aux Québécois. Si avec une gestion plus serrée, plus de revenus seraient assurés au gouvernement, les sommes perdues n’en retournent pas moins dans l’économie de la province, majoritairement sous forme de salaire. En privatisant la SAQ à des entrepreneurs qui réduiront les conditions de travail et diminueront la qualité du service, le gouvernement leur transférera de l’argent de la poche des employés de la SAQ et plus d’un demi-milliard de dollars qu’en retirent annuellement les citoyens du Québec.

Quel candidat fédéral au Québec a remarqué que le rapport de Lucienne Robillard affirme que l’appareil d’État québécois doit être plus performant alors que le gouvernement diminue de façon importante les services offerts à la population ? D’un côté, Philippe Couillard est prêt à coupe des milliards de dépenses pour économiser de l’argent. De l’autre, il est prêt à vendre une de ses sociétés qui lui rapporte beaucoup de cet argent dont il a tant besoin. Cherchez l’erreur ! C’est une honte que cette commission Robillard ait été financée par des deniers publics alors qu’elle fait le travail des groupes de pression des entrepreneurs qui tentent de s’approprier le bien des Québécois.

Connaît-on les noms des candidats qui ont compris qu’il y a plusieurs bonnes raisons pour que les Québécois conservent la SAQ ? Non seulement, cette société d’État est rentable, mais la modification sa mission pourrait entraîner de très importants problèmes. Le désengagement de l’État amène très souvent plus de problèmes qu’il est estimé au début. L’alimentation est un bon exemple d’une industrie ou ce désengagement a été catastrophique.

Il n’y a qu’à se rappeler ce qu’a donné la diminution des services de l’État au niveau de l’inspection des usines d’abattage qui a causé plusieurs morts par la consommation de viande infectée. De plus, c’est une fumisterie de dire que les taxes que paieront les entreprises qui reprendront en main la vente des produits alcoolisés garniront tout autant les coffres de l’État que les bénéfices qu’il retire de la SAQ. Le monde des affaires est passé maître dans l’art de soutirer de l’argent au gouvernement. Celui de Philippe Couillard, qui doit tellement à de grands bailleurs de fonds, est particulièrement vulnérable sur ce point. Quand le patronat a réclamé une diminution des taxes sur la masse salariale, il l’a obtenue. Les nouveaux allégements fiscaux accordés aux sociétés dans le dernier budget Leitão totaliseront 500 millions de dollars sur cinq ans.

Avant de mettre leur vote dans l’urne le 19 octobre, les électeurs devraient donc s’assurer que leur candidat va travailler pour que la SAQ reste un monopole d’État. Le modèle québécois a fait ses preuves depuis les 50 dernières années. Le Québec, qui constitue une société distincte, a un système de santé universel et un fort sentiment de solidarité social envié par les citoyens de plusieurs pays. Il est tout à fait légitime pour un gouvernement qui opère les hôpitaux de contrôler la vente d’alcool, un des produits qui rendent les gens malades. S’en remettre au secteur privé dans ce domaine, c’est comme donner les clés du bar a un alcoolique. Tout le monde sait ce qui va arriver et ce n’est pas pour le mieux.


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2 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    12 septembre 2015

    Semblerait-il qu'au Québec penser à remodeler la mise en vente de produits alcoolisés est impensable, voir a circonscrire, mais pourquoi...? Wow la SAQ est rentable, alors BRAVO...! La SAQ est un monopole point à la ligne.
    Il est fascinant qu'au Québec, quiconque prétend avoir la fibre entrepreneuriale est vu comme un criminel, un voleur, bref un pas bon potentiel alors que l'état lui représente l'ultime rempart de l'honnêteté, vraiment...? Les gens qui à ce jour ont défilés à la Commission Charbonneau ont tous dus traités au préalable à l'origine avec des employés de l'état me semble-t-il, tiens donc...!
    Toutes les compagnies brassicoles, micros-brasseries versent pourtant toutes les taxes perçues au Gouvernement du Québec et sont pourtant administrées par des entrepreneurs privés. L'état ne vend pas aucun produits du tabac, d'essence, à ce que je sache, et pourtant ces produits sont hautement taxés. Oui a un controle étatique de la salubrité des produits alcoolisés. Mais pourquoi l'état devrait-il vendre de l'alcool, se poser la question est pourtant légitime sans être taxé de néo-libéral, un vocable fourre tout tendance. Le consommateur lui a-t-il le droit de payer un produit moins cher? Il en serait peut-être gagnant, les ventes augmenteraient-elles? L'état pourrait même engendrer plus d'entrées fiscales, et créer ainsi des emplois ou augmenter certains services et ainsi dynamiser le modèle Québécois.
    Comme indépendantiste, et ce en toute légitimité lorsqu'un employé de la SAQ gagne autant sinon plus qu'un préposé aux bénéficiaires dans nos hôpitaux débordants aux effectifs surtaxés, je me demande où parfois sont certaines priorités. Combien coûte le parc immobilier de la SAQ? De l'argent pouvant être investi dans le système de santé publique. Sans tomber dans le charcutage étatique, il demeure que remettre en question un service pour le rendre plus efficace pour le bien de tous et de toutes est un exercice hautement démocratique.

  • François A. Lachapelle Répondre

    8 septembre 2015

    Michel Gourd a raison de se lever pour défendre la société d'État qu'est la SAQ.
    Les amis du PLQ salivent à penser mettre la main sur ce monopole d'État qui est rentable. Les amis de Philippe COUILLARD ne pratiquent pas l'austérité, méprisent les employés des sociétés d'État comme s'ils n'avaient pas le droit de vivre.
    Michel Gourd a raison d'écrire, je cite: « ’assurer que leur candidat va travailler pour que la SAQ reste un monopole d’État. Le modèle québécois a fait ses preuves depuis les 50 dernières années. Le Québec, qui constitue une société distincte, a un système de santé universel et un fort sentiment de solidarité social envié par les citoyens de plusieurs pays.»
    Plusieurs pays envient le modèle québécois. Il faut protester contre les conclusions bidons de la commission-comédie de Mme Robillard, pantin du Ministre Coiteux.