Le dernier été de Pauline?

Chronique de Louis Lapointe

Avant même de penser faire l’unité des forces indépendantistes, il faudra d’abord écarter les principaux obstacles à cette unification. Sans contredit, Pauline Marois en est devenue le plus important au cours des dernières semaines. Si nous étions nombreux à avoir des doutes à ce sujet il y a quelques mois encore, cela constitue aujourd'hui une évidence que personne n'osera honnêtement contester.
Depuis son couronnement en 2007, elle a eu toutes les chances de s’affirmer comme chef. Les événements des derniers jours nous ont prouvé qu’elle n’en avait pas la capacité, qu’elle avait lamentablement échoué à asseoir son leadership. Sa cote de popularité ne cessant de diminuer auprès des électeurs, Jean Charest l'a même dépassée à ce titre. Il faut le faire!
Pauline Marois peut bien exiger un serment de tous ses députés. Cela ne changera rien aux difficultés que vit présentement le PQ. Le problème de Pauline Marois n’est pas la députation de son parti, pas plus que les démissionnaires, c’est son incapacité à obtenir la confiance des électeurs et à incarner le changement. Si l’indépendance en est la quintessence, Pauline Marois ne peut aucunement prétendre la personnifier.
À moins d’être totalement aveugle, il est facile de constater que Pauline Marois est devenue un boulet pour le PQ. Les serments d’allégeance de ses députés n’y changeront strictement rien. Si cela peut suffire à la rassurer, cela ne la rendra certainement pas plus populaire auprès des Québécois qui n’ont absolument pas l’intention de voter pour un parti dirigé par elle.
Sauf un miracle, il est déjà acquis que Pauline Marois ne sera jamais première ministre, pas plus qu’elle fera l’indépendance du Québec. Dans cette perspective, pourquoi devrions-nous poursuivre la course avec un chef brûlé ?
La seule façon de freiner l’hémorragie au PQ et de ramener les démissionnaires indépendantistes au bercail est que Madame Marois annonce sa propre démission d’ici la rentrée parlementaire de l’automne.
Un vieux routier comme François Gendron devrait comprendre cela et, plutôt que de jeter de l’huile sur le feu comme il l’a fait hier devant les caméras de télévision, il devrait préparer la transition et donner des signes tangibles aux démissionnaires qu’ils seront les bienvenus une fois que Madame Marois aura quitté ses fonctions de chef.
Si la question de la succession reste entière, qu’on ne s'y trompe pas, il s’agira moins pour son successeur d’augmenter la popularité du PQ que de freiner sa chute.
Grâce aux signes qu'ils ont donnés, nous savons déjà que les Curzi, Duceppe et Aussant ne résisteraient pas longtemps à l’appel.
Si nous connaissons les forces et faiblesses des deux premiers, nous savons peu du troisième, Jean-Martin Aussant, sinon qu’il est brillant, tout autant que pouvait l’être Yves Bérubé, cet ancien ministre du gouvernement de René Lévesque. Ses discours nous l'ont prouvé.
Cependant, méconnu du public, aura-t-il la capacité d’incarner le changement auprès de la population et de fédérer les forces indépendantistes autour du PQ, exactement là où ont échoué les Boisclair et Marois ?
Choses certaines, les raisons qu’il a données lors de sa démission sont sans équivoque et ne laissent aucun doute sur ses motivations personnelles, son combat est celui d’un indépendantiste.
Si Jean-Martin Aussant a l’intelligence et le courage, aura-t-il l’étoffe d’un chef ?

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Louis Lapointe534 articles

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L'auteur a été avocat, chroniqueur, directeur de l'École du Barreau, cadre universitaire, administrateur d'un établissement du réseau de la santé et des services sociaux et administrateur de fondation.





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11 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    26 juin 2011

    Message à Marcel Haché et les autres "fafans" du PQMarois, cet espèce d'ersatz de ce qui fut jadis un grand parti.
    Avec Pauline Marois, à la tête du PQ, ça ne lève pas et ça ne lèvera pas. Les derniers sondages l'indiquent.
    Taux de popularité : 15%
    Intentions de vote : entre 18% et 28% tout dépendant d'une alliance ou non de Legault avec l'ADQ.
    Alors, tirez vos conclusions.
    Pierre Cloutier

  • Jean-Charles Morin Répondre

    25 juin 2011

    Je suis d'accord avec Odette Bélanger. Le problème du PQ n'est pas avant tout un problème de chef: dans ce parti, tout le monde est chef ou veut être chef! Tout le monde y va de déclarations à l'emporte-pièce aux médias qui font les choux gras de Québécor/Gesca, leur pire ennemi qui se fait un plaisir coupable de présenter leurs propos sous le plus mauvais jour possible! Ce parti a un sérieux problème d'ORGANISATION et de DISCIPLINE.
    Comment peut-on honnêtement blâmer les Québécois de jouer au Tanguy et de toujours procrastiner quand le parti qui prétend vouloir un jour gouverner un pays ne peut même pas se gouverner lui-même et contrôler son message.
    Le problème, il est là. Tant que le siège du chef sera éjectable à la moindre secousse et que le moindre faux-pas du chef occasionnera un nième festival de la péquisterie, la population n'aura pas confiance. Et elle aura raison!

  • Archives de Vigile Répondre

    24 juin 2011

    Pauline a la plage....
    http://fr.wikipedia.org/wiki/Pauline_%C3%A0_la_plage
    Peut-être suivra t-elle le destin de Pauline dans ce très beau film de Eric Rohmer....?
    Bon vent chère Pauline, il y a une vie après la politique...

  • Marcel Haché Répondre

    24 juin 2011

    Je soumets une réplique. Le webmaître jugera de son à-propos.
    @ Du guesclin
    Le manque de sens politique, c’est aussi un manque de jugement.
    Quel est l’intérêt maintenant de laisser le P.Q. dans un état d’implosion permanente depuis 95, et de toujours gosser si durement ses chefs ? Cela profite à qui finalement, depuis 95 ?
    À vous lire, tous les militants et les sympathisants qui font confiance à Pauline Marois sont des carriéristes de la pire espèce, ou des inconscients, et Mme Mme Marois n’est pas loin de se lever à tous les matins avec la ferme intention de ne pas faire le pays. Le déni vous fait exagérer.
    J’aurais souhaité bien humblement une autre stratégie que celle actuelle du P.Q. Quelque chose comme celle du P.I., mise en branle il y 18 mois, dans un discours en crescendo. Je crois qu’il est trop tard pour que le P.Q.—avec ou sans Pauline Marois—puisse convertir sa stratégie à court terme.
    La position d’indépendantistes qui réclament la tête de Pauline Marois à ce stade-ci de la conjoncture politique est proprement intenable : on ne peut pas accepter l’idée qu’un P.Q. au pouvoir nuirait à l’indépendance. Il a déjà nui. Il ne peut plus nuire. Parce que c’est rigoureusement faux qu’un prochain gouvernement péquiste pourrait nuire à l’action des indépendantistes. Plus rien ne peut contraindre l’action des indépendantistes. Tout au contraire, les indépendantistes (de l’intérieur et de l’extérieur du parti) pourraient aiguiller puissamment un gouvernement péquiste dont les jambes se mettraient à trembler.
    Pierre Bourgault n’a jamais « insisté » sur la tête de René Lévesque, mais il lui a constamment poussé dans le dos, du mieux qu’il le pouvait, sans avoir jamais été élu lui-même. Le combat démocratique, c’est ça, et cela est bien différent du combat à la manière des soviets qu’on fait subir à Pauline Marois, qui doit combattre ceux d’en face, pendant qu’on l’attaque dans le dos.
    Pour couper court, l’argumentaire d’Aussant ne tient pas la route et dénote un manque de sens politique.

  • Archives de Vigile Répondre

    24 juin 2011

    Je suis étonné de voir qu'il y a encore des gens qui ne voient pas le problème.
    Je suis de ceux qui ont crus que nous devions envisagé une autre stratégie que "le tout ou rien", une espèce stratégie des "petits pas". Une stratégie qui visait à prendre le contrôle de juridiction fédéral ou mixte afin d'acquérir notre souveraineté, morceau par morceau. Ce qui permettrait à l'ensemble des Québécois de développer encore plus leur identité nationale dans l'intervalle. Et je pense particulièrement à nos allophones, ici.
    Nous avons une crise linguistique sur les bras. Et le contexte était parfait pour prendre le contrôle de tout les leviers qui touchaient à la langue. Bref d'avoir une partie des pouvoirs normaux d'uun peuple normal. Mais voilà notre chef "choke" à l'idée de faire ce combat.
    Je suis Montréalais, et je peux vous assurer que tant et aussi longtemps que nous n'imposerons l'affichage en français. Nous allons encouragé les allophones à se tourner vers l'anglais. Le bilinguisme,dans l'affichage, c'est dire que nous sommes en transition vers une assimilation complète.
    Alors si elle ne veut pas se battre pour l'indépendance ou pour notre langue. Pourriez-vous m'expliquer ce qu'elle fait à la tête du Parti Québécois? Si le combat pour la langue, lui donne le vertige. Croyez-vous vraiment qu'elle soit à la hauteur de faire celui pour la souveraineté?

  • Archives de Vigile Répondre

    24 juin 2011

    Oubliez le PQ! Oubliez un chef quelconque!
    Je crois que le peuple a besoin de tous les chefs indépendantistes unis et oeuvrant d'une seule voix et d'une seule action. C'est pas ce que tous disent ici, la cause avant le parti.. Donc, les chefs sérieux et soucieux de l'avenir des enfants de la patrie ont l'obligation de former une coalition afin de déclarer l'indépendance du Québec à la face du monde entier!
    Au diable! Marois , Duceppe, Parizeau et Jésus Christ notre sauveur, c'est ensemble dans un seul parti que la victoire est possible. Curzi a eu enfin l'audace de dire l'idée, mais il faut que tous le monde la déclare en même temps. Alors, regardons le fond de nos consciences et agissons en conséquence si l'amour existe toujours pour notre pays!

  • Archives de Vigile Répondre

    24 juin 2011

    On peut raisonnablement se questionner sur le jugement de personnes qui suivent un chef sans jamais se poser de questions. Sans douter de la bonne foi de ces gens qui aimerait voir le Québec devenir un pays, il m'apparaisent comme les bons soldats qui suivent leur commandant au désastre. Probablement les mêmes qui ont soutenu René Lévesque qui malgré son charisme a commis des bévues monumentales lorsque vint le temps de défendre son option. Probablement les mêmes qui ont suivi le faible Pierre-Marc Johnson, celui qui siège depuis sur nombre des oeuvres des libéraux. Probablement les mêmes qui ont refusé de défendre Jacques Parizeau, le seul vrai chef indépendantiste de ce parti au lendemain du référendum volé. Probablement les mêmes qui ont suivi Lucien Bouchard, celui dont on ne finit plus de découvrir la duplicité depuis 1996 à ce jour et que certains tarés voient encore comme un grand leader. Les mêmes qui ont suivi André Boisclair malgré la démonstration de son inaptitude à gouverner. Aujourd'hui les mêmes qui suivent la châtelaine dans son aveuglement qui les conduira à la même catastrophe que le Bloc, trop stupides pour comprendre que c'est à force de reporter sans cesse le combat de l'indépendance, que les médias de l'ennemi ont réussi à convaincre assez de monde qu'un parti de poteaux canadians pouvait mieux représenter le Québec que ses propres compatriotes.
    Toujours les mêmes qui nous débitent leurs inepties. D'un oui qui veut dire non, à marchandages électoralistes, d'association à un pays qui nous crache desssus à chaque occasion à la gouvernance souverainiste qui ne sera guère différente de celle du régime vichyste de J.J. Charest...
    Les erreurs de jugement n'ont point manquer au PQ dans les 40 dernières années.
    Ce parti est aussi brûlé que sa chef. Ce n'est plus le parti de Parizeau pour lequel je voterais s'il existait encore. Non le PQ n'est plus réformable. Trop de carriéristes qui devrait rejoindre Legault et sa coalition de broche à foin commanditée par Quebecor, Gesca et Radio-Cadenas, trop de souverainistes fatigués qui devraient aller se coucher, trop de suiveux qui ont trop peur de leur propre ombre pour exiger la démission d'un chef qui se renie et les renient sans fin...
    Moi ce que je vois à la place c'est un parti qui prendrai le nom de Parti des Québécois avec peut-être l'ancien logo du PQ sur fond d'une fleur de lys. Un parti qui accepterait de se présenter pour l'indépendance à chaque élection, qui réplique à ses adversaires, portant le combat sur leurs terres, un parti qui de convaincus pour mieux convaincre, quitte à rester dans l'opposition 10 ans encore mais dont la victoire signifierait une déclaration unilatérale d'indépendance dès le lendemain.
    Un parti qui si l'on doit absolument passer par un reférendum aura le courage de mettre les québécois au pied du mur. Voter l'indépendance ou ratifier la constitution de 1982... L'assimilation ou la liberté!

  • Fernand Lachaine Répondre

    23 juin 2011

    Spécial n'est ce pas ce ieme psychodrame dans le merveilleux monde du mouvement indépendantiste du Québec.
    Nous descendons systématiquement nos chefs devant tous les médias et ensuite on constate que les chefs des partis adverses sont à la fin devenus plus populaires!
    J'imagine que si les partisans du PayLQ s'acharnaient sur J.J. Charest comme les membres du PQ s'acharnent sur madame Marois, je ne donnerais pas cher de sa peau surtout un ripou comme lui.
    Mais bon, constatant que cette dame très digne, contrairement à d'autres chefs du PQ, est sûrement en train d'évaluer sa position à l'intérieur de ce parti politique, il n'est pas exclut qu'elle quitte bien qu'elle pourrait aussi s'agripper.
    Toutefois ma question est la suivante: Pour être remplacée par qui ?
    Si j'étais une de ces personnes qui se voient à la place de madame Marois j'aurais intérêt à me munir rapidement d'un parachute car le siège éjectable dans lequel je m’assoirais comme chef du PQ propulse son homme (ou sa femme) dans un tas de merde à la moindre vibration.
    Donc, avis aux intéressés(ées) pour ce poste:le caractéristique principal du monde indépendantiste du Québec est le suivant: C'est de foutre la merde de façon à ce que l'indépendance ne se fasse pas.
    À tous les fédéralistes du Québec et du Canada, arrêtez de vous en faire pour ce grand Canada, le petit peuple du Québec se contentera des miettes jusqu'à sa mort.
    Fernand Lachaine

  • Marcel Haché Répondre

    23 juin 2011

    Désaccord avec vous, M. Lapointe.
    Ce n’est pas le P.L.Q. Charest, le P.L.Q West Island, qui va faire s’effondrer le P.Q.
    Si le P.Q.-Marois doit s’effondrer à l’élection, il s’effondrerait sous les coups de François Legault. Et durcir le discours indépendantiste aurait pour conséquence probable un effondrement plus grand encore du P.Q., qu’il soit de Marois ou de n’importe qui d’autre.
    Il faut être aveugle, comme vous dites, pour ne pas voir et imaginer qu’un gouvernement Legault, élu en soutenant que l’idée référendaire est obsolète, que la souveraineté est obsolète, qu’il s’arrêterait en si bon chemin.
    Prenez-vous la mesure, toute la mesure, de la situation d’un ex-péquiste devenu P.M. qui s’emploierait au quotidien à démontrer (avec toute sa crédibilité) que la souveraineté est obsolète afin de se faire réélire ?
    Nous aurions donc maintenant le choix entre un libéral (ex-conservateur) qui nous dit que l’indépendance est viable, et un ex-péquiste qui nous dirait qu’elle n’est pas nécessaire.
    Le P.Q. Marois est de loin préférable à un P.Q.-Duceppe qui n’aurait pas encore compris ce qui lui arrivé le 2 Mai dernier.
    À ce jour, c’est François Legault qui a raison : il faut sortir du déni. L’électorat est ailleurs. Et s’il n’est pas rendu encore chez Pauline Marois, nous devrions du moins savoir qu’il ne reviendra jamais chez Gilles Duceppe.
    Le boulet, ce n’est pas Pauline Marois, ce sont tous les loosers qui traînent et encombrent encore le paysage politique souverainiste.
    Le dernier été de Pauline, dites-vous ? Peut-être. Je n’en suis pas aussi certain que vous. Mais advenant cette possibilité, je suis bien certain que ce serait aussi le dernier été de l’idée de l’indépendance avant une très, très, mais très longue hibernation.

  • Archives de Vigile Répondre

    23 juin 2011

    Triste Québec qui remet toujours la faute sur le dos des autres au lieu de regarder ce qui peut bien inciter les Québécois et Québécoises à toujours procastiner...
    Pourquoi attendre? Le discours « s'occuper d'abord de l'économie et faire un pays plus tard », toujours plus tard, beaucoup plus tard, 10 ans, c'est déjà trop, ne tient pas la route.
    En devenant un pays, nous assoierons notre propre économie, ce sera la fondation même de notre économie. Les quelques années de stabilisation nécessaire ne sont pas à craindre. En tout cas, je serais bien heureuse d'entendre des économistes se prononcer sur ce point. Pourquoi avons-nous tant de difficulté à nous assumer totalement comme peuple? Qu'est-ce qui nous fait peur? J'ai peut-être tort, car je ne suis pas une experte, mais je trouve que ces questions se posent : pourquoi attendre, de quoi avons-nous peur?

  • Archives de Vigile Répondre

    23 juin 2011

    Je suis malheureusement d'accord avec l'idée que malgré toutes ses qualités et son expérience, madame Marois est devenue un boulet pour le PQ.
    La question est de savoir comment pourrait s'effectuer une transition dans le respect et la dignité. Parce que madame Marois n'est pas indigne. Elle n'est simplement pas au bon endroit au bon moment, parce que ses grandes qualités ne sont pas celles qui importent dans le contexte actuel.