Jack Layton au Soleil

Le déséquilibre fiscal victime de la guerre

Politique étrangère et Militarisation du Canada


Le chef du NPD, Jack Layton, affirme que le gouvernement Harper va engloutir la quasi-totalité des surplus budgétaires fédéraux dans la guerre en Afghanistan et dans les réductions d'impôt en cascade. Pour lui, l'espoir de corriger le déficit fiscal est mort.
M. Layton promet que le NPD va dévoiler aujourd'hui le coût des opérations militaires canadiennes en Afghanistan. "Vous serez choqués par la disproportion entre les sommes que nous dépensons pour la guerre, et celles que nous consacrons à l'aide humanitaire", assure-t-il. Nous avons un premier ministre Harper qui est en train de changer notre politique internationale et nos grandes orientations économiques, avec seulement 36 % des voix. Soixante-trois pour cent des Canadiens ont voté contre lui, ne l'oubliez pas."
En entrevue avec Le Soleil, hier, le chef néo-démocrate a passé à la moulinette la stratégie du gouvernement Harper. "Ils vont utiliser leur marge de manoeuvre budgétaire pour payer les factures de la guerre et les réductions d'impôt. Le gouvernement va garder quelques miettes pour faire des petites annonces préélectorales, avec tambour et trompette. Juste assez pour que M. Jean Charest puisse dire qu'il est satisfait. Mais la vérité, c'est que M. Harper ne réglera pas le déséquilibre fiscal, puisqu'il n'aura plus de marge de manoeuvre. Pas plus qu'il ne va décentraliser le Canada. Il vise plutôt la "déconstruction" de l'État canadien. C'est très différent."
Jack Layton estime que le pourrissement de la question du déséquilibre fiscal constitue une aubaine pour le Bloc québécois. "En négligeant de redistribuer une partie des surplus fédéraux aux provinces, M. Harper joue le jeu du Bloc, explique-t-il. Il lui permet de dire que le système canadien ne fonctionne pas. Quoi qu'on en dise, le Bloc ne vise pas l'amélioration des conditions de vie des Canadiens à l'extérieur du Québec. On l'a vu lorsqu'ils se sont opposés à une motion visant à faire interdire les pesticides dans les autres provinces. Ils ont dit non, sous prétexte que c'était une intervention fédérale injustifiée dans une sphère provinciale !"
Très en verve, M. Layton accuse autant les libéraux que les conservateurs d'être passés maître dans l'art de duper les électeurs. "M. Harper s'est fait élire en promettant de former un gouvernement de compromis. Dès le lendemain des élections, on a pu constater son arrogance. Il se comporte comme s'il était à la tête d'un gouvernement majoritaire. Mais les libéraux n'ont rien à envier aux conservateurs."
QUÉBEC CIBLÉ
En tenant son congrès à Québec, du 8 au 11 septembre, le NPD amorce une opération charme en direction de l'électorat francophone. Et malgré le scepticisme ambiant, le chef Jack Layton estime que le pari n'est pas perdu d'avance.
En 45 années d'existence, le NPD n'est parvenu à faire élire qu'un seul député au Québec. C'était en 1990, lors d'une élection partielle dans Chambly. On avait attribué ce résultat à la colère suscitée par un incendie dans un entrepôt de BPC, à St-Basile-le Grand.
Depuis, la traversée du désert n'en finit pas. Jack Layton lui-même doit l'admettre. Il soutient que l'échec de l'accord du lac Meech et la montée du Bloc québécois, au début des années 90, ont pratiquement conduit son parti à l'extinction, au Québec. Réduit à une centaine de membres, le Parti était pratiquement disparu sur l'écran radar politique.
Quinze ans plus tard, Jack Layton prétend que les choses ont changé. Il brandit des chiffres démontrant que les suffrages au Québec doublent à chaque élection, depuis 2000. "Dans un système de représentation proportionnelle, nous aurions fait élire quelques députés au Québec."
Il n'empêche. Avec 7,5 % de suffrages recueillis au Québec, le Parti est très loin des scores réalisés en 1988. Cette année-là, le NPD y avait récolté environ 15 % des suffrages. À l'époque, plusieurs commentateurs parlaient déjà d'une "percée historique".
Après tant de rendez-vous ratés avec l'histoire, Layton se défend de susciter des espoirs démesurés. Mais il parle avec intérêt de la région de Québec, où la volatilité de l'électorat le fait rêver. "À Québec, il semble y avoir beaucoup de gens prêts à changer d'allégeance."
jsgagne@lesoleil.com


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