Le deuxième rendez-vous historique

Tribune libre

Le plus on s’éloigne du traumatique référendum de 1995, le plus on est capable de prendre toute la mesure (et la démesure) du référendum de 1980. Car, au fond, celui de 1995 ne fut jamais rien d’autre que la reprise du premier.
Le premier et le seul gouvernement indépendantiste que Nous n’avons jamais eu dans l’Histoire, ce fut le premier gouvernement de René Lévesque. Mais hélas, hélas, plutôt que de gouverner avec ce que cela suppose- une farouche et implacable détermination – ce gouvernement s’en était remis (ainsi que toute sa légitimité) à un exercice certes démocratique, un référendum, mais un exercice qui pouvait alors se retourner contre lui, et qui s’est effectivement retourné contre le seul gouvernement national que Nous ( la nation) n’avons jamais eu.
Si le référendum de 1995 a fait basculer plein de choses, et bousculé méchamment toute une génération d’indépendantistes, s’il a déstabilisé le P.Q. pour bien plus longtemps qu’il n’a pu paraître au départ de Jacques Parizeau, c’est tout le Québec qui a basculé et déboulé avec le référendum de 1980.
Nous-NOUS- déboulons encore! Et de plus en plus vite !
Depuis ce tout premier gouvernement péquiste de René Lévesque, indépendantiste, mais ayant cédé à cette tentation de tenir un référendum au milieu d’un environnement politique aussi hostile, tous les autres gouvernements à sa suite, tous-tous-tous les gouvernements qui lui ont succédé, se sont tous révélés être ensuite des gouvernements fantoches, quand ils ne furent pas des gouvernements croupions.
Pour que nous cessions de « tourner en rond », les indépendantistes, il faut de toute urgence mettre la machine en marche arrière. Et c’est difficile… C’est particulièrement compliqué pour un parti qui s’est enfoncé dans le déni, et dont un de ses grands chefs a pu dire qu’il était maintenant au milieu d’un « champ de ruines »…Il faut donc repasser par le même chemin que le tout premier gouvernement indépendantiste du Québec, mais sans s’attarder ni succomber à la même tentation qui a si lourdement affecté le gouvernement de René Lévesque. Grosse job !
Grosse job ! Mais c’est possible ! C’est encore possible ! Mais parce que c’est une bien plus grosse job maintenant, la tentation du référendum est d’autant plus grande…comme s’agissant d’une fuite en avant à laquelle il faut de toute urgence- de toute urgence et même à contre-cœur- mettre un frein avant qu’il ne soit trop tard.
Ce n’est pas nécessaire d’espérer pour entreprendre. Peut-être que lui-même, allez savoir, Jean François Lisée n’entretenait pas les plus grands espoirs lorsqu’il a posé sa candidature à la chefferie du P.Q. Il nous le dira peut-être un jour. Mais en tous les cas, ses chances de succès n’étaient pas les plus grandes. Tout le P.Q. lui gardait un peu de rancune et beaucoup de scepticisme. Ce n’est pas lui, à vrai dire, qu’on attendait beaucoup ! Et même encore à ce stade-ci de la campagne, plusieurs pensent que JFL ne pourra pas obtenir rendez-vous avec l’Histoire.
Je ne sais vraiment pas si JFL pourrait rater un rendez-vous avec l’Histoire, mais c’est ma conviction qu’il ne raterait celui, important en titi, qu’il aurait préalablement avec Couillard, le simonak chef de la non moins simonak gang du West Island.
Si les militants sont encore les farouches indépendantistes qu’ils sont depuis si longtemps, le prochain gouvernement sera le bon… Et ce gouvernement péquiste sera le bon itou…celui qui ne répètera pas la même erreur que le premier de sa lignée, celui-là que « Nous Nous » étions donné un jour lointain, et qui avait tant remué, à ce point, absolument inimaginable aujourd’hui, qu’une partie du West Island Nous avait quitté et pris le chemin de Toronto.
Si le P.Q. change enfin l’air qu’il respire lui-même… c’est tout le Québec, nous tous avec la Nation, Nous tous en somme, qui prendrons toute une bouffée d’air frais.
Pendant que le West Island retient son souffle et qu’il reste silencieux, comme suspendu au temps qui s’achève…c’est dans quelques jours à peine que le P.Q. aura son deuxième rendez-vous seulement avec l’Histoire. Cette « prochaine » fois, celle que Nous avait lancée René Lévesque un certain soir, il y a maintenant bien longtemps, il ne faudra surtout pas manquer notre coup. La « balle » est momentanément dans le camp des péquistes. Même momentanément, cela n’est pas arrivé bien souvent. Wake up !


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3 commentaires

  • Normand Paiement Répondre

    5 octobre 2016

    @ Marcel Haché
    Je comprends d'autant plus votre frustration que je désespère tout autant que vous de voir le PQ cesser un jour de tourner en rond, de louvoyer et de tergiverser sur la question nationale.
    En ce sens, Martine Ouellet m'apparaît comme la dernière chance du PQ de mettre enfin clairement le cap sur l'indépendance. Pour elle comme pour PKP et pour moi, le référendum n'est qu'un outil permettant d'arriver à cette fin, rien de plus!
    Je veux bien admettre que vous et moi différions d'avis sur ce point, mais je reste néanmoins perplexe face à l'idée que vous défendez. Si la méthode «que les nationalistes ont toujours pratiquée» était aussi «efficace» que vous le dites, le Québec ne devrait-il pas être indépendant depuis longtemps déjà? Cette « méthode politique», si tant est qu'on puisse parler ici d'une façon de procéder qui relève d'une volonté politique plutôt que de l'improvisation pure et simple, a-t-elle jamais empêché les fédéralistes, à commencer par les libéraux, de déconstruire, aussitôt de retour au pouvoir, ce que les nationalistes ont si patiemment et si vaillamment mis en place?
    Sachant qu'AUCUN des candidats à la direction du PQ n'a renoncé ouvertement à recourir au processus référendaire comme moyen d'accès à l'indépendance, avez-vous songé que vous seriez peut-être plus heureux dans un parti comme la CAQ?...
    Cordialement,
    Normand Paiement

  • Marcel Haché Répondre

    4 octobre 2016

    @ Normand Paiement
    Je peste contre l’idée du référendum parce que cette idée pollue l’atmosphère politique de toute une nation.
    C’est l’idée qui pollue, et non pas les référendeux. Les référendeux comme vous espèrent simplement (mais inutilement) qu’un exercice parfaitement démocratique par ailleurs, pourrait mettre le Pays sur la carte, alors pourtant qu’il n’a jamais tenu ses promesses. Et cela, tout simplement parce qu’il ne le pouvait pas et qu’il ne le peut pas davantage maintenant, c’est tout.
    Dans ces conditions, si le référendum ne peut pas tenir ses promesses- je le crois sincèrement depuis très longtemps, et n’ai jamais-jamais-jamais été un seul instant un admirateur de Claude Morin alors même qu’il était l’étoile filante des péquistes et futurs référendeux.- un P.Q. encore aux mains des référendeux serait une nouvelle fois la victime des fédéralistes, maintenant de la gang à Couillard.
    M. Paiement, je ne méprise pas les référendeux,( ni les péquisteux) certainement pas davantage que je mépriserais les loosers. J’en suis un looser. Mais j’estime que les référendeux, outre qu’ils sont eux aussi des loosers, qu’ils sont en quelque sorte les victimes insouciantes d’une très vieille pollution politique. Cette pollution, vous, vous l’érigez en tradition. C’est ce que fait Martine Ouellet pour qui va votre sympathie. Ce n’est pas mon idée qu’il faille poursuive une bataille perdue.
    La bataille du référendum est une bataille perdue. Une autre méthode politique est devenue nécessaire. Le référendum, ce n’est pas la Cause. Celle-ci a besoin d’une autre méthode politique, moins glorieuse mais plus efficace…Cette méthode existe : c'est celle que les nationalistes ont toujours pratiquée avant que ne s'amènent les référendeux.prochain texte...
    Salutations.

  • Normand Paiement Répondre

    4 octobre 2016

    Monsieur Haché,
    Vous ne cessez de pester contre l'idée de référendum et, surtout, contre les tenants de cette idée (les «référendistes», comme vous les qualifiez avec mépris). Pourtant, il s'agit là d'un exercice on ne peut plus démocratique, que d'autres peuples ont choisi d'adopter dans l'espoir de se libérer de la tutelle des États centralisateurs dont ils sont encore membres. (Pensons à l'Écosse et à la Catalogne, mais aussi à la Grande-Bretagne. En quoi ce qui est bon pour pitou ne serait-il pas bon pour minou?)
    À la veille de ce que vous appelez «deuxième rendez-vous historique», ne trouvez-vous pas qu'il serait temps pour vous de nous expliquer clairement par quoi vous envisagez de remplacer ce «maudit» référendum? Autrement dit, par quel autre processus démocratique croyez-vous que le Québec pourrait enfin accéder à son indépendance?
    Cordialement,
    Normand Paiement