Le Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) demande à la Cour suprême de reporter l’audition de la journaliste Marie-Maude Denis, le temps que le Bureau des enquêtes indépendantes fasse la lumière sur les fuites d’information à l’Unité permanente anticorruption (UPAC).
La journaliste d’enquête devait être entendue le 12 décembre par le plus haut tribunal du pays pour tenter de faire casser le jugement la forçant à dévoiler ses sources aux avocats de Marc-Yvan Côté, accusé de fraude et corruption.
Le Soleil a appris que le DPCP a présenté une requête à la Cour suprême pour faire remettre sine die (à une date indéterminée) cette audition.
Cette requête est en ligne directe avec la demande faite, il y a quelques jours, par la Directrice des poursuites criminelles et pénales, Me Annick Murphy, afin que le Bureau des enquêtes indépendantes (BEI) se penche sur les nombreuses fuites d’information à l’UPAC dans les enquêtes touchant au financement du Parti libéral. Le BEI examinera aussi la conduite de l’enquête baptisée Projet A.
C’est lors de cette enquête de l’UPAC, qui visait justement à trouver les responsables des coulages dans les médias, que le député Guy Ouellette a été arrêté.
Le DPCP vient juste d’abandonner les mandats de perquisition obtenus contre M. Ouellette et deux de ses collaborateurs, Richard Despatie et Stéphane Bonhomme.
L’UPAC ne détient plus aucune preuve contre les trois hommes.
Dans la même période, le grand patron de l’UPAC Robert Lafrenière a annoncé sa démission, effective le 2 novembre, sans jamais donner les raisons publiquement.
«Nouvelles informations»
Le DPCP a dit avoir reçu récemment de «nouvelles informations» concernant les fuites à l’UPAC.
Ce sont précisément ces nouvelles informations que le DPCP veut pouvoir communiquer de manière confidentielle au juge en chef de la Cour suprême Richard Wagner pour le convaincre d’annuler — pour le moment — l’audience réclamée par la journaliste.
L’avocat de Marc-Yvan Côté, Me Jacques Larochelle, ne s’opposera pas à la demande du DPCP. «Si les informations permettent d’identifier les sources, c’est une raison valable pour reporter», indique Me Larochelle en entrevue.
L’avocat, qui réclame l’arrêt des procédures pour son client en raison des fuites médiatiques, a toujours soutenu que le coulage avait été orchestré par la haute direction de l’UPAC.