Le 13 août dernier, on apprenait que le gouvernement Legault travaillait à la concrétisation d’un autre de ses engagements, celui de créer un nouveau poste de commissaire à la langue française.
Contrairement aux vents contraires qu’il a dû affronter sur les dossiers de l’immigration et de la laïcité, les astres semblent bien alignés sur l’enjeu de la langue.
Un chien de garde
Pour plusieurs, l’Office québécois de la langue française (OQLF) manque d’objectivité et d’indépendance. On l’a vu avec la publication, le 12 avril dernier, de neuf études sur la situation linguistique au Québec, avec dix ans de retard.
On avait alors soupçonné le gouvernement libéral d’avoir retenu ces études pour ne pas alerter l’opinion publique sur les reculs du français au Québec.
Une coalition d’organismes avait alors réclamé la création d’un poste de commissaire, nommé par l’Assemblée nationale, pour éviter toute apparence de conflit d’intérêts.
De son côté, la Commission de la Relève de la CAQ a jugé bon d’en faire une des thématiques de son congrès des 17 et 18 août, à Sherbrooke. « Pour défendre la pérennité du français », dit son président, Kevin Paquette.
À l’Assemblée nationale, les partis politiques sont au même diapason, du moins en principe.
Ils ont adopté, à l’unanimité, le 17 avril dernier, une motion demandant la création de ce poste de commissaire « pour recevoir les plaintes du public et présenter des recommandations visant à assurer le statut du français comme langue commune au Québec ».
Ce n’est donc qu’une question de temps. Et après ? En quoi ce chien de garde va-t-il améliorer la qualité du français au Québec ?
Maîtriser le français
Une de mes amies de collège me rappelait, récemment, que dans notre école, si on faisait une faute de français dans un devoir de mathématiques, notre professeur de maths nous enlevait des points. Il en allait de même pour tous les devoirs et examens d’histoire, de géographie ou de sciences naturelles.
Une telle rigueur est impensable, aujourd’hui. Mais comment expliquer que les jeunes quittent la 6e année du primaire et la 5e secondaire sans en maîtriser les niveaux de français correspondants ?
Pour Julie Bergeron, une enseignante du secondaire à Montréal, le recul est troublant. « Il y a 20 ans, les élèves arrivaient à écrire un texte de 300 mots en trois heures sur un sujet qu’ils n’avaient jamais vu de leur vie. Ce serait impossible maintenant », dit-elle.
La situation n’est guère mieux en région. Stéphanie Lajeunesse, une enseignante dans les Laurentides, avec 24 ans d’expérience, avouait : « J’enseigne en 2e secondaire et j’ai énormément d’élèves de niveau de 5e année du primaire ». Certains « écrivent au son [et] ne possèdent absolument pas l’orthographe. Ils vont écrire “mézon” au lieu de “maison” ».
Et que dire des enseignants et des candidats à l’enseignement qui souffrent de lacunes graves et dont plusieurs échouent à l’examen de français obligatoire ?
Bien sûr, un commissaire indépendant serait utile à la surveillance de l’application de la loi 101, mais la meilleure façon de défendre et de promouvoir le français, c’est de mieux le parler et de mieux l’écrire. Et ça passe par l’école.