Monde du travail

Le français perd du terrain

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Loi 101 - 30e anniversaire - Adoption de la loi 101


Gabrielle Duchaine-Baillargeon - Quelque 30% des Québécois utilisent l'anglais au travail. À Montréal, cette proportion dépasse les 50%. Des chiffres qui démontrent l'inefficacité de la loi 101 en milieu de travail, selon certains experts.

«Encore aujourd'hui, beaucoup de gens pensent qu'ils doivent absolument parler anglais pour travailler», explique le mathématicien et spécialiste des questions linguistiques Charles Castonguay. «Et ils n'ont souvent pas tort», ajoute-t-il.
Alors que la Charte québécoise de la langue française célèbre ses 30 ans ce weekend, deux causes majeures expliquent l'utilisation de l'anglais dans le monde du travail.
La mondialisation et l'accès à tous au cégep et à l'université anglophones.
La mondialisation
«C'est une lutte de tous les instants pour contrôler la langue de travail», croit le démographe et ancien membre de l'Office de la langue française Michel Paillé.
«Il y a constamment des fusions, des ventes d'entreprises, des changements de noms», dit-il.
«En plus, certains domaines, comme celui des nouvelles technologies, évoluent tellement vite que les logiciels et les formations n'existent qu'en anglais.»
Comme plusieurs, Michel Paillé estime aussi que la décision de n'obliger que les entreprises de plus de 100 employés à fonctionner en français n'est pas assez contraignante.
«On pensait que ça aurait un effet d'entraînement sur les plus petites entreprises, mais ça n'a pas été le cas», dit-il.
L'école
Le fait que les cégeps et les universités anglophones soient ouverts à tous fait aussi la promotion de l'utilisation de la langue de Shakespeare au travail, estiment plusieurs spécialistes.
«Les jeunes allophones et beaucoup de francophones choisissent de poursuivre leurs études en anglais car ils croient que cette langue sera nécessaire une fois qu'ils seront sur le marché du travail», explique Charles Castonguay.
«Ainsi, ils apprennent toute la terminologie de leur domaine en anglais et conservent cette habitude une fois leurs études terminées», ajoute-t-il.
«C'est un peu un cercle vicieux. Ils vont à l'école anglophone parce qu'ils croient avoir besoin de l'anglais, puis ils perpétuent son utilisation au travail.»
La langue au travail
Travailleurs francophones

# Dans l'ensemble de la province, 30% des travailleurs utilisent toujours ou régulièrement l'anglais au travail.
# À Montréal, 52% utilisent «beaucoup» l'anglais.
# À Gatineau, 68 % des travailleurs utilisent l'anglais (beaucoup travaillent pour le gouvernement fédéral).
Travailleurs anglophones

# Dans l'ensemble de la province, 34 % des travailleurs anglophones utilisent majoritairement l'anglais au travail.
# Quelque 66% utilisent davantage le français que l'anglais dans leur milieu de travail.
Travailleurs allophones

# Trente-quatre pour cent des travailleurs immigrants utilisent surtout l'anglais au travail, contre 50% qui utilisent surtout le français.
# Ce sont ceux qui sont arrivés au Québec avant 1951 qui utilisent le plus l'anglais (59 %) dans leur milieu de travail.
# Le français est particulièrement utilisé par les immigrants arrivés au Québec entre 1971 et 1990. Environ 53% d'entre eux parlent français.
# Ce pourcentage diminue depuis 1991.
Source : Statistique canada


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