Le moins qu’on puisse dire, c’est que François Legault joue franc jeu avec Justin Trudeau en lui présentant sa liste d’« épicerie », à savoir l’immigration, les compensations pour les demandeurs d’asile, les infrastructures, l’économie et la possibilité pour les Québécois de remplir une déclaration de revenus unique...et tout cela, à la veille d'une campagne électorale fédérale.
En ce qui a trait plus particulièrement à la déclaration de revenus unique, M. Legault ne s’est pas gêné pour alléguer que les conservateurs d’Andrew Scheer, le Bloc québécois et le Nouveau Parti démocratique se sont déjà exprimés en faveur de cette demande de Québec. À cet effet, il est bon de rappeler que M. Trudeau s’est opposé en mai 2018 à une déclaration de revenus unique qui serait administrée par le gouvernement québécois, malgré le consensus de l’Assemblée nationale.
Quoique François Legault ait reconnu que l’introduction d’une déclaration de revenus unique gérée par le Québec occasionnerait des pertes d’emplois chez les fonctionnaires, il avance qu’on pourrait créer d’autres emplois « plus efficaces » pour des employés « qui font exactement la même chose » au fédéral comme au provincial, et tout cela pour une masse salariale de 500 millions $ en dédoublement.
À mon point de vue, le premier ministre du Québec détient « le gros bout du bâton » dans cette joute stratégique entre les deux paliers de gouvernements. La balle est maintenant dans le clan des libéraux fédéraux qui ont tout avantage à se montrer à l’écoute des demandes du gouvernement Legault s’ils désirent accroître leur députation au Québec à l’automne 2019.
Paroles, paroles et encore des paroles…
Voici quelques extraits de la conversation tenue lors de la rencontre entre Justin Trudeau et l'épouse du blogueur Raif Badawi, Ensaf Haidar.
Tout d’abord, concernant cette rencontre officielle avec le premier ministre, Mme Haidar raconte que « M. Trudeau [lui] a donné la promesse qu'il va faire quelque chose [...] Je ne sais pas c'est quoi sa stratégie, mais il m'a promis de faire quelque chose. »
Elle a aussi profité de cette rencontre pour demander à nouveau à Justin Trudeau d'octroyer la citoyenneté canadienne à son mari. [Justin Trudeau] n'a pas dit oui, il n'a pas dit non. Il dit qu'il va voir, répond Ensaf Haidar.
Enfin, Ensaf Haidar a aussi cherché à avoir des détails sur la rencontre que M. Trudeau a eue avec le prince héritier d'Arabie Saoudite, Mohammed ben Salmane, en marge du sommet du G20 en décembre dernier. Il m'a dit qu'il a parlé de Raif [...] Mohammed ben Salman a dit : « On va voir », souligne-t-elle.
En bref, des mots creux qui donnent une impression de vide, la gueule de bois à son meilleur. Paroles, paroles et encore des paroles…
Henri Marineau, Québec
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1 commentaire
Henri Marineau Répondre
20 janvier 2019Pour une des rares fois dans l’histoire politique du Québec, un premier ministre est en voie de mettre de l’avant les promesses électorales faites lors de la dernière campagne.
À cet effet, la dernière rencontre de François Legault avec Justin Trudeau ne laisse planer aucun doute sur les velléités de Québec, tant sur le plan d’une déclaration de revenus unique que de la diminution des seuils d’immigration, pour ne nommer que celles-là.
Sur un autre plan, le chef du gouvernement n’est pas un novice en politique et de ce fait, il entretient fort à propos le rapport de force face à Justin Trudeau qui s’apprête à entamer une campagne électorale au cours de laquelle il rencontrera sur son chemin les demandes de Legault.
Du côté de la population québécoise, il m’apparaît clair que le premier ministre du Québec bénéficie actuellement de la cote de popularité des Québécois qui, depuis belle lurette, n’ont pas vu un premier ministre bien en selle, prêt à défendre les intérêts du Québec en priorité, notamment ses intentions de conserver les sièges sociaux au Québec.