Le journaliste André Pratte réhabilité

La direction de La Presse fait marche arrière

PQ - Pauline : gouverner mais encore ?....



La direction de La Presse a fait marche arrière, hier, et réintégrera le journaliste André Pratte dans sa fonction de chroniqueur dès la semaine prochaine.
Le columnist avait été démis de ses fonctions à la suite de sa chronique de vendredi dernier intitulé «Tout est pourri» où Power Corporation, le propriétaire de La Presse, était associée à une présumée déliquescence de la société dans son ensemble. Le président de Power Corp., Paul Desmarais, n'a pas apprécié ces lignes qui ont entraîné le châtiment aujourd'hui révoqué.
À la place, M. Pratte en est quitte pour une lettre de réprimande, qui demeure six mois à son dossier. En outre, la période d'essai à ses fonctions de chroniqueur, qui était de trois mois et devait prendre fin le 4 mars, est étendue pour six mois encore. La direction de La Presse a préféré demeurer muette, hier, sur les raisons de sa volte-face, ne retournant pas les appels logés par LE DEVOIR.
En revanche, dans une lettre envoyée à tous les journalistes de La Presse et sans qu'il soit question de Power Corporation, le vice-président et éditeur adjoint du quotidien, Claude Masson, écrit que «le contenu - fond et forme - de cette chronique est inacceptable au plan professionnel, injustifié et injustifiable au plan de la responsabilité journalistique, et dénote une erreur grave de jugement».
Comme M. Pratte avait rapporté, dans sa chronique, «la vision, confuse et caricaturale» d'un quidam, M. Masson a tenu à souligner dans sa lettre qu'un chroniqueur ne peut «se limiter à rapporter gratuitement, sans autres vérifications, des faits, les échos, les ragots, les rumeurs de personnes anonymes» et qu'une telle chronique «ne peut être l'équivalent d'une ligne ouverte radiophonique».
La veille, les journalistes de La Presse avaient fermement dénoncé la sanction infligée à M. Pratte, la qualifiant d'«ingérence du propriétaire» et de «cas patent de censure». Ils avaient joint la parole aux actes en faisant la grève des signatures dans l'édition d'hier du quotidien.Hier, le président du Syndicat des travailleurs de l'information de La Presse, Louis Falardeau, s'est déclaré satisfait du recul de la direction sur une question aussi cruciale. «C'est rassurant à la veille d'une élection et possiblement d'un référendum au Québec», a indiqué M. Falardeau.«On n'avait jamais senti avant la lourde main du propriétaire. On ne voulait pas croire au début que c'était le fait de Paul Desmarais, le père», a-t-il poursuivi.
Même le quidam, cité dans la chronique de M. Pratte, s'en est mêlé hier; il a téléphoné à La Presse, a relaté M. Falardeau, pour s'excuser des problèmes qu'ont soulevés ses propos sur la pourriture et Power Corp.
Rejoint hier, André Pratte, qui savoure quelques jours de vacances imposées, a estimé que «le texte litigieux a été mal compris; peut-être qu'il n'était pas assez clair».
Louant «la solidarité» de ses collègues de La Presse, M. Pratte a dit que «cette semaine, j'ai appris toutes sortes de choses.» Quant à savoir si sa mésaventure allait modifier sa pratique journalistique, M. Pratte s'est limité à mentionner: «J'essaie d'être le plus honnête possible et je vais continuer à être le plus honnête possible.»
Rappelons que le père d'André Pratte, Me Yves Pratte, décédé en 1988, a conseillé Paul Desmarais et fait partie pendant des années des conseils d'administration de Power Corporation et de la Financière Power.


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