L’homme d’affaires Alexandre Taillefer a finalement fait le saut. On connaissait son intérêt pour la politique et ses visées pour devenir chef du Parti libéral un jour. Il vient de franchir une grosse étape en embrassant la politique active et surtout en enfilant le chandail d’un parti.
Il s’agit d’une grosse prise pour Philippe Couillard, à un moment où il en avait bien besoin. Les départs répétitifs de ministres qui étaient pourtant des proches du premier ministre avaient créé un sentiment de sauve-qui-peut. L’entrée en scène d’un homme d’affaires vedette fait un contrepoids.
Taillefer ajoute une image très positive au positionnement libéral. Il a vécu des succès d’affaires à un très jeune âge dans la nouvelle économie. Fort de sa fortune, il est devenu un entrepreneur audacieux qui n’hésite pas à investir dans des secteurs comme la culture, la modernisation de l’industrie du taxi ou l’édition.
Très visible
Il a multiplié les interventions médiatiques ces dernières années, pour devenir l’un des visages les plus connus du monde des affaires. Il a joué à fond la carte de la « conscience sociale » en devenant l’une des voix du monde entrepreneurial qui supporte une hausse du salaire minimum à 15 $. Sympathique.
Par contre, l’entrée d’Alexandre Taillefer dans le giron du parti qui forme le gouvernement ne se fait pas sans complications. L’homme qui a investi dans des secteurs compliqués comme le taxi et les magazines est aussi en demande constante envers les gouvernements. Pour de l’aide financière ou pour changer la réglementation, monsieur Taillefer se retrouve dans la position de demandeur, donc de lobbyiste.
Il prend d’ailleurs un risque en s’aventurant sur le terrain politique. Les gens s’imagineront au premier abord qu’il se colle sur le pouvoir pour obtenir des faveurs. Lecture simpliste. La situation est pas mal plus compliquée.
La réalité est que si le gouvernement libéral est réélu, ses transactions avec ce gouvernement seront scrutées au plus haut degré par l’opposition et les médias. Avec raison d’ailleurs. À l’inverse, si le Parti libéral est battu, Taillefer sera l’ennemi numéro 1 du nouveau gouvernement élu. C’est loin d’être idéal pour un demandeur de faveurs de l’État.
À Québec
La majorité des libéraux avaient le sourire facile hier à l’Assemblée nationale en pensant à leur nouvelle recrue. Mais pas tous. L’arrivée de monsieur Taillefer pourrait signifier que les libéraux ont mis un X sur la région de Québec. Parce que si cet homme d’affaires s’est monté plutôt une belle image, ce n’est pas le cas dans la capitale. Là il est plutôt perçu comme un montréalocentriste assoiffé de subventions. Rien pour aider.
La destination finale de monsieur Taillefer, c’est de devenir chef du PLQ et premier ministre du Québec. Il veut devenir le chef qui agirait comme une caution morale et sociale pour un PLQ à l’image meurtrie au lendemain d’une défaite.
Je vois mal comment le fait de devenir l’organisateur de Philippe Couillard va l’approcher de son but. Il perd sa fraîcheur du candidat au leadership venu de l’extérieur et court le risque de s’associer à une défaite.