Le mouvement souverainiste divisé comme jamais

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À la conquête de soi

Bernard Landry (Photo Bernard Brault, La Presse)

Hugo Fontaine - «Il n'y a jamais eu autant de groupes ou de mouvements qui se réclament de la souveraineté». C'est le constat que fait Denis Monière, politologue de l'Université de Montréal, qui a lui-même été chef d'un parti né d'une scission au Parti québécois dans les années 80.

Entre 15 et 20 de ces organisations souverainistes s'affichent dans l'internet, mais elles sont probablement plus nombreuses encore.
«Il est très difficile de recenser ces groupes, prévient Réjean Pelletier, politologue à l'Université Laval. Ils sont peu connus et souvent éphémères. Certains ne tiennent qu'à leur leader.» S'il est vrai que plusieurs groupes naissent et meurent aussitôt, d'autres réussissent à durer.
«Le PQ a perdu sa fonction de rassemblement», explique Denis Monière. Jusqu'en 1995, le Parti québécois a exercé une mainmise presque totale sur le mouvement souverainiste, mais cette hégémonie a commencé à s'effriter par la suite.
Selon la présidente du Mouvement national des Québécoises et des Québécois, Chantale Trottier, la frustration de ne pas pouvoir parler vraiment de souveraineté au cours des dernières années a pu provoquer l'émergence de plusieurs groupes. «Nous étions enfermés dans un échéancier référendaire», déplore-t-elle.
«On voulait privilégier les actions dans la rue parce que le PQ ne le faisait pas», expose de son côté le porte-parole des Jeunes Patriotes du Québec, François Gendron.
Certains concentrent leur énergie sur des véhicules médiatiques, comme le groupe Le Québécois. La Milice patriotique du Québec mise plutôt sur un camp d'entraînement militaire, dont il est question sur les forums internet. Le porte-parole du groupe, Serge Provost, a toutefois refusé de parler à La Presse.
Bernard Landry inquiet
Depuis mars dernier, deux nouveaux partis souverainistes ont apparu sur la scène électorale: le Parti indépendantiste et le parti République du Québec. Au moins un autre, l'Union démocratique pour l'indépendance du Québec, est en voie d'obtenir les autorisations nécessaires à sa Constitution.
«Le Parti indépendantiste ne fera pas plus de 2 ou 3%, mais si vous ajoutez cela au score de Québec solidaire, cela peut être un handicap sérieux pour le PQ», observe Denis Monière.
L'ancien premier ministre Bernard Landry trouve dommage la création de ces nouveaux véhicules souverainistes. «Je regrette que les gens choisissent la marginalité quand ça peut menacer la cause elle-même. J'espère qu'ils se rallieront en temps et lieu.»
Pour la présidente du PQ, Monique Richard, «chacun devra nuancer certains points de vue pour être sûr que la population nous voie comme un mouvement crédible. L'approche ou les méthodes ne doivent pas éclipser le fond, et je souhaite que les gens se rallient quand il sera temps d'agir».
La plupart des militants qu'a joints La Presse voient d'un bon oeil le foisonnement de tels groupes indépendantistes. «Plus il y en a, meilleure sera la défense de la cause», dit le président du Rassemblement pour un pays souverain, Benoît Roy.
Louis Bernard, ancien candidat à la direction du PQ, ne s'oppose pas à ceux qui veulent parler d'indépendance à l'extérieur du PQ. «S'ils ne se sentent pas à l'aise au PQ et s'ils ne se donnaient pas leurs propres instruments, ils ne seraient nulle part.»
La coprésidente du Conseil de la souveraineté, Tania Kontoyanni, salue aussi cette diversité. «Mon opinion personnelle est qu'il ne faut pas éliminer les différents guides possibles. On ne sait par où quelqu'un va venir à une idée.»
«Une fois que la dispersion est faite, il pourrait être difficile de réunir les forces», avertit pour sa part Denis Monière.
En attendant, les lignes de faille se multiplient. Un groupe de militants a déjà fait scission du Parti indépendantiste nouveau-né afin de fonder un autre parti.
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