Le nouveau Colisée : les problèmes commencent

Quand le sport devient politique

En moins d’un an, le projet d’aréna du maire Labeaume aura suscité bien des interrogations. Financé en grande partie par les deniers de tous les Québécois, confié au grand philanthrope montréalais PKP pour sa gestion dans un contexte rocambolesque, l’Assemblée nationale devant s’en mêler et s’y emmêler, voici qu’avant même le début des travaux, on nous annonce un os de taille, il faut changer de terrain, celui choisi est contaminé. On viendrait de s’en apercevoir. Ça ne coûte pas très cher de vérifier un sol, ça va assez vite pour avoir une bonne idée de sa qualité, sans jeu de mot, c’est la base. Comme amateur mal avisé, le maire Labeaume est dans une classe à part. Rappelons-nous que son Honneur le maire prétendait avoir besoin d’une loi spéciale d’urgence pour éviter que le ciel de Québec lui tombe sur la tête. Qu’à cela ne tienne, volant au secours du maire, un des promoteurs de l’équipe de hockey va venir le conseiller. Il en a bien besoin ! Il pourrait faire preuve d’un peu plus de sérieux dans le choix de ses conseillers, mais on ne donne pas ce qu’on n’a pas.
Tout d’abord, les études de coûts sont à refaire. Parions que le Conseil municipal n’y verra que du feu, tout comme l’Assemblée nationale. Ça va coûter plus cher, mais ça va se payer tout seul. J’entends déjà nos élus nous raconter que ce fut la même chose pour le stade olympique et ce genre de travaux en général, et que Québec a droit aussi à ses équipements, tout comme à ses erreurs. Quand nous verrons les nouveaux coûts, nous serons à même de juger, mais les qualités de gestionnaire de Labeaume nous font déjà craindre le pire. Et nous ne sommes pas au bout de nos peines dans ce dossier.
Nous n’avons pas eu droit au numéro du président de la Ligue nationale de hockey, Gary Bettman, depuis longtemps. Il avait demandé à Québec un nouvel amphithéâtre sans s’engager à rien de son côté. Force est de constater qu’il n’y a pas encore d’aréna, que nul ne sait quand il y en aura un et à quel prix. Ça, Bettman le sait. Tout comme il sait que l’aréna est avant tout un projet politique, la ville n’a trouvé comme partenaire pour sa construction que l’assemblée nationale. Autant des politiciens peuvent approuver un projet quand l’opinion les y pousse, autant ils peuvent reculer si l’opinion change. Et, notons-le bien, ce projet n’est supporté par aucun partenaire du privé d’importance, le chevalier d’industrie PKP ne prend pas grand risque dans l’opération, il engrangera simplement les profits si profits il y a. Pas besoin d’être grand clerc pour décoder l’analyse de la LNH dans cette affaire.
Ce que comprend la LNH de ce mauvais téléroman, c’est que Québec n’a pas les moyens d’avoir un club, que les profits ne seront pas au rendez-vous et qu’elle aura un canard boiteux sur les bras. S’il y avait des profits, il y aurait de vrais hommes d’affaires comme promoteurs de ce projet, ils y feraient leur beurre, c’est la règle. Mais quand il faut se livrer au grand jeu auquel nous assistons pour accoucher d’un simple amphithéâtre, on peut comprendre les réserves de la Ligue. C’est parce que Seattle est un marché autrement plus important que Québec que la Ligue tente d’y établir un club. Et pourquoi Québec est-elle un trop petit marché ?
Parce qu’elle n’a ni la population ni l’économie pour se payer un club et un aréna. Pour devenir un marché d’importance, il faudrait que Québec soit une capitale nationale, pas la capitale d’une province. Il n’y a pas d’ambassade à Québec, avec tout ce que ça génère d’activité économique locale et de reconnaissance internationale. Et, les Québécois n’ont qu’eux à blâmer pour cette situation. Ils auraient dû massivement voter pour le Oui en 95, ce serait réglé depuis longtemps. Ils ont choisi leur statut en octobre 1995. Il n’y a que trois capitales provinciales dotées de club de hockey : Toronto, Vancouver, toutes deux dotées de marchés autrement plus importants que celui de Québec, et Winnipeg, à peu près de sa taille, mais où ce sont des privés qui ont financé l’opération. Winnipeg fait figure d’exception, car en termes de loisirs, elle fait pitié; c’est encore vrai qu’à Winnipeg, les nuits sont longues. Il n’y a pas de club à St-John, Halifax ou Moncton. Et il y en a un à Ottawa surtout en raison de son statut de capitale nationale. Quand les Sénators s’y sont établis, Ottawa n’était pas une ville si importante que ça.
Il faut donc s’attendre à voir la Ligue multiplier les conditions monétaires, exiger ci ou ça sans s’engager à quoi que ce soit, sinon à nous aimer éternellement. Il est déjà assez ridicule de voir un gestionnaire nommé comme l’a été PKP. Il ne faut surtout pas oublier que nous avons fait tout ça sans aucun engagement de la Ligue. Et quelqu’un devra négocier un jour ou l’autre avec cette ligue l’implantation d’un club. La position de la Ville s’affaiblit de semaine en semaine dans cette négociation compte tenu des engagements financiers que va lui imposer son aréna. Les Québécois doivent s’attendre à payer le prix fort pour obtenir leur club. Et surtout à le voir déguerpir à la première occasion. Il leur restera le plaisir de payer l’éléphant blanc que Labeaume s’acharne à leur construire. Il y a loin de la coupe Stanley aux lèvres des partisans.
Finalement, une suggestion de nom pour l’équipe : plutôt que les Nordiques de Québec, pourquoi pas les Nordiques du Québec. Après tout, tous les Québécois sont embarqués dans cette aventure. Et il y a fort à parier que c’est nous qui allons payer les pots cassés.

Louis Champagne


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4 commentaires

  • Gaston Boivin Répondre

    29 février 2012

    Si je vous comprends bien, monsieur R.B.G., vous vous mettez un doigt dans l'oeil, car je ne suis pas de Québec, mais natif du Saguenay-Lac-St-Jean ( De Chicoutimi, ayant principalement vécu à Kénogami ) et résidant de la Côte-Nord, à Baie-Comeau (Compté de Saguenay, cela vous dit quelque chose, c'est dans ce compté où, lors de chacun des 2 référendums, il y a eu le plus haut pourcentage de oui) depuis 39 ans, et donc,... par rapport à Montréal,... du reste du Québec, ...sauf que tous mes ancêtres sont débarqués à Québec, les Boivin, Brassard, Tremblay, Mery, Couturier, Asselin, Otis, tous arrivant de France, sauf le dernier qui fut ramené par les Abénakis à Québec, via le Richelieu, à l'âge de 9 ans, de Dover, New-Hampshire, suite à un raid et massacre qu'y firent ces derniers en 1689, son nom de John Otheys y étant changé pour celui de Jean-Baptiste Otheys, lequel est devenu avec le temps Jean-Baptiste (Otis), l'anglais.
    Par ailleurs, les gens de Québec sont plus nationalistes qu'on peut parfois le croire, le problème étant que Québec a longtemps été une ville occupée et que pour survivre qu'elle a dû apprendre à pactiser et à commercer avec l'occupant, ce qui a laissé des traces, mais soyez assuré d'une chose la quantité des oui y a peut-être été moindre en nombre que dans certains autres comptés du Québec mais la qualité et la ferveur des militants y ayant voté oui ayant souvent été supérieures à celles de plusieurs supporteurs du oui de bien d'autres comptés du Québec.
    Soyez certain aussi d'une autre chose, je défendrai toujours Québec quand on l'attaquera!
    Comment qu'il vous appelle déjà Jacques Noel,... ah oui, je me souviens,...''mon picosseux préféré''!

  • Archives de Vigile Répondre

    29 février 2012

    M.Champagne,
    Si je vous comprends bien, si la grande région de Québec avait voté OUI en 1995 (disons à plus de 65%) comme le Saguenay Lac St-Jean, le Québec serait aujourd'hui un pays indépendant. La capitale de ce nouveau pays serait la ville de Québec comme Ottawa est la capitale du Canada.
    Cette capitale (Québec) avec ses ambassades et tout le prestige d'un pays indépendant serait infiniment mieux placée pour accueillir un club de hockey de la Ligue nationale.
    Ce qui veut dire que les citoyens de la grande région de Québec en votant à 52% seulement pour le OUI en 1995 ont pris une mauvaise décision si on se place uniquement du point de vue de leurs intérêts.
    C'est aussi ce que je crois.
    Par ailleurs, on ne peut pas refaire l'histoire. Il faut espérer que Québec ait un bel amphithéâtre et un club de hockey de la ligue nationale. Ce qui pourrait faire que ses habitants placent leur idéal politique plus haut que l'adq ou le parti conservateur.
    Enfin, puisqu'on est dans le sujet, quand j'ai vu Agnès Maltais à l'Assemblée nationale défendre avec lourdeur et acharnement le projet de loi 204, j'ai compris les problèmes du Parti québécois et les démissions.
    Agnès Maltais vient de manquer deux occasions de se taire.
    La première c'est quand elle a dit que le projet d'aréna de Laval ne devrait pas recevoir de subventions du fédéral...comme à Québec.
    La deuxième, c'est quand elle a commenté le retour possible de Louise Beaudoin au PQ en disant en se référant à la loi 204: "Ça arrive à tout le monde d'errer." (voir Huffingdon Post)
    Taisez-vous madame Maltais. Vous êtes en train de devenir le François Rebello du Parti québécois.
    robert barberis-gervais, 29 février 2012

  • Gaston Boivin Répondre

    28 février 2012

    Comme ça monsieur Champagne, si je vous comprends bien, nous les citoyens du reste du Québec, qui avons payé aussi le Stade olympique de Montréal, aurions dû également avoir cette mesquinerie de demander que son nom soit changé pour celui du Stade olympique du Québec! Pourtant, avant qu'il ne soit question d'un nouvel aréna pour Québec, je ne vous ai jamais vu auparavant venir nous proposer dans vos écrits de changer le nom du Stade olympique de Montréal pour celui du Stade olympique du Québec. Évidemment, l'on y a payé tant de choses au cours des ans, qu'il faudrait y changer bien des noms!

  • Jocelyn Boily Répondre

    28 février 2012

    Québec, le 28 février 2012
    Abus de confiance ou
    Détournement de fonds?
    Le maire de Québec Régis Labeaume s’est fait élire en promettant la construction d’un nouvel amphithéâtre et a également fait élire une majorité de son équipe en demandant un mandat clair ce que la population lui a donné. Par contre lors de la campagne électorale Régis Labeaume et les candidats de son équipe parlaient d’un investissement d’un maximum de 50 millions de dollars de l’argent des contribuables pour la construction et non de 200 millions.
    On sait maintenant que le maire a signé l’entente avec le président de Quebecor média rapidement, en catimini, sans trop d’explication et sur un fond nébuleux. Est-ce de l’abus de confiance ou tout simplement un détournement de fonds. L'abus de confiance est le fait par une personne de détourner, au préjudice d'autrui, des fonds, des valeurs ou un bien quelconque qui lui ont été remis et qu'elle a acceptés à charge de les rendre, de les représenter ou d'en faire un usage déterminé.
    Le détournement de fonds est l'appropriation frauduleuse de biens par quelqu'un pour son propre intérêt à qui l'on avait fait confiance pour gérer l'argent et les fonds détenus par un autre individu ou par une organisation tiers. Ces fonds peuvent être des fonds sociaux ou des fonds publics.
    Jocelyn Boily