Le Parti Québécois en crise?

En tant que membres du Parti Québécois, nous réclamons que notre parti nous prouve qu'il compte bel et bien libérer le Québec et qu'il nous démontre comment il compte s'y prendre

Crise de leadership au PQ


En 2001, nous avons fondé l'organisation du Québécois, organisation qui compte aujourd'hui un journal, une maison d'édition et une radio internet. Dès le départ, nous avons voulu concentrer notre tir sur l'adversaire fédéral, de façon à éviter du mieux qu'on le pouvait les guerres de clocher stériles qui animent par trop souvent le mouvement indépendantiste. Depuis ses débuts, l'organisation du Québécois appuie le Parti Québécois et le Bloc Québécois. Mais pas aveuglément. Nous avons toujours associé à nos appuis la garantie que ces partis travaillent vraiment à ce qu'un jour le Québec soit libéré du joug canadien. Malgré les quelques déceptions que nous avons subies, nous n'avons jamais douté que l'indépendance ne pouvait se faire que par l'entremise de ces véhicules politiques. Cela étant dit, nous tenons à faire savoir que les événements des dernières semaines et l'orientation que semble vouloir donner André Boisclair à sa direction inquiètent grandement l'organisation du Québécois, figure de proue de la relève indépendantiste.
Depuis son arrivée à la tête du Parti Québécois, André Boisclair a multiplié les gestes maladroits. Tous se rappellent de la façon cavalière dont il a salué le départ de Pauline Marois, du fait qu'il n'a fait aucune proposition à ses adversaires à l'issue de la course, de son expérience d'humoriste sous la tente, de ses péripéties passées et de ses participations à toutes sortes d'activités où l'on ne devrait jamais voir le chef d'un parti révolutionnaire comme le Parti Québécois (des raves notamment). Mais le pire est survenu dernièrement alors que M. Boisclair a manqué de respect à l'égard des centrales syndicales, elles qui ont contribué fortement à l'amélioration des conditions de vie des travailleurs québécois. Le moins que l'on puisse dire, c'est que sa volonté de « libérer le capital » ne nous apparaît pas être une stratégie adaptée au Parti Québécois. Si le Parti Québécois doit libérer quelque chose, c'est plutôt la nation québécoise qui demeure encore et toujours sous la tutelle d'un régime étranger. Cette mission de la plus haute importance devrait mobiliser les énergies les plus vives de M. Boisclair.
Il nous apparaît évident que dans une stratégie vers l'indépendance, le chef du Parti Québécois doit tout faire pour se gagner l'appui des organisations syndicales et populaires, du mouvement étudiant, bref de toutes les forces vives de la nation. En tant que chef du PQ, André Boisclair ne doit pas jouer au néo-libéral, et ce, même s'il doit aller chercher des appuis à droite. Pour y parvenir, il doit se tenir au centre du centre et créer une vaste coalition autour de lui en lui insufflant l'ingrédient premier de la mobilisation : la promesse d'une grande oeuvre collective de libération.
Après sa victoire de novembre 2005, nous avons accordé notre pleine et entière confiance à André Boisclair, et ce, même si nous ne l'avions pas appuyé au cours de la course. Mais nous lui avions aussi fait remarquer que nous serions à ses côtés que tant et aussi longtemps qu'il oeuvrerait à la réalisation de l'article 1 du PQ et qui est de faire du Québec un pays. Aujourd'hui, nous devons admettre que notre confiance est ébranlée.
Pour nous, il est inacceptable qu'en 2007, le PQ se serve à nouveau du rêve des militants pour les embrigader en vue de la prochaine campagne électorale. Nous réclamons que notre parti s'éloigne définitivement de la tentation de renouer avec l'approche qui était si chère à Lucien Bouchard et qui consistait à évoquer l'obtention des conditions gagnantes avant de tenir un référendum, mais ce, sans jamais travailler de façon à les obtenir. La seule stratégie qui est acceptable à nos yeux consiste à avoir un plan de match et à en présenter - à tout le moins - les grandes lignes aux militants et au peuple.
En tant que membres du Parti Québécois, nous réclamons que notre parti nous prouve qu'il compte bel et bien libérer le Québec et qu'il nous démontre comment il compte s'y prendre. Par exemple, le PQ pourrait élaborer diverses manoeuvres consistant à libérer les forces de l'État en vue d'assurer, avant l'indépendance, la prépondérance de ses lois et de son pouvoir sur le territoire québécois. Aux moments importants, il arrivera préparé, aura remis à jour toutes les études préparées par le gouvernement de Bernard Landry, les fera connaître. Il remettra à l'avant-plan le programme de pays tel qu'élaboré par François Legault. Il s'entourera de leaders indépendantistes crédibles. Il fera un effort pour mettre de l'avant des politiques linguistiques plus tranchées et plus efficaces. Il n'ira pas saboter l'action de ses militants en évoquant l'indépendance comme la dernière priorité après l'économie, l'environnement, la santé et l'éducation. Bref, il ne fera pas semblant de vouloir libérer le pays.
Pour nous convaincre de sa volonté de libérer le Québec, André Boisclair pourrait confier un poste stratégique à Jacques Parizeau dans la conduite des affaires indépendantistes. Jacques Parizeau agirait ainsi à titre de caution indépendantiste dans l'équipe d'André Boisclair. Si on veut se rendre compte de la valeur d'un leader de cette trempe, imaginons simplement quelle serait la réaction au Canada anglais, dans les journaux, les bulletins télévisés, si André Boisclair nommait Jacques Parizeau en tant que conseiller spécial sur la question nationale. Ce serait comparable à un tsunami. Tout le monde se dirait : « Cette fois, c'est vrai, les Québécois veulent faire l'indépendance ».
Actuellement, le chef du Parti Québécois semble nous préparer un programme de bon gouvernement. Cela crée plus qu'un malaise. Cela crée une désaffection qui ne peut aller qu'en grandissant. Si jamais le Parti Québécois arrivait à prendre le pouvoir prochainement, on peut juger que, sur la question nationale, il n'arrivera plus à convaincre personne. Enfin, cela sera s'il ne corrige pas dès maintenant le tir en adoptant une stratégie résolument indépendantiste. Et cela, seul le chef André Boisclair peut le faire. Nous en appelons donc de sa volonté de vaincre et de faire du Québec un pays.
Si André Boisclair devait faire fi de notre recommandation en maintenant le cap qu'il semble s'être fixé, le risque serait grand que les militants indépendantistes les plus convaincus l'abandonnent au cours de la prochaine campagne électorale en s'abstenant de voter pour lui et son équipe (comme ils furent nombreux à le faire en 2003). Sans l'appui des syndiqués et sans l'appui du mouvement indépendantiste, M. Boisclair ne pourra empêcher Jean Charest d'obtenir un deuxième mandat à la tête de l'État québécois, celui que René Lévesque disait « être le plus grand parmi nous ». Et nous devrions alors mettre encore sur la glace notre projet de faire du Québec un pays. Cela ne doit pas arriver!
De l'extérieur du parti, quelques consciences comme Denise Bombardier ou Victor-Lévy Beaulieu ont bien tenté d'alerter la direction actuelle du Parti Québécois, mais ils se sont fait rentrer dans la bande. En tant que fiers membres du Parti Québécois et indépendantistes aux convictions inébranlables, nous espérons qu'un meilleur sort sera réservé à nos recommandations. Nos seules motivations sont de contribuer aux succès du Parti Québécois, notre parti qui ne peut qu'être indépendantiste, et de faire pleinement partie de cette catégorie de Québécois qui ont décidé de prendre enfin leur destin en mains.
Vive l'indépendance!
Pierre-Luc Bégin

René Boulanger

Patrick Bourgeois


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